Faire le bonheur des autres ?

«Si on ne voulait qu'être heureux, cela serait bientôt fait.

Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu'ils ne sont.»

Montesquieu

La vie en société suppose que nous renoncions à la satisfaction de nos instincts, satisfaction qui relève d'ailleurs plus du plaisir animal que du bonheur humain. Par cet acte de la raison, nous contribuons déjà à rendre possible le bonheur d'autrui, puisque nous renonçons à un plaisir qui ne respecterait pas le droit d'autrui à accéder au bonheur. Mais notre contribution à ce bonheur, hors de certaines relations particulières telles que l'amour ou l'amitié, reste toujours limitée, car nous ne savons pas

ce qu'est le bonheur d'autrui. Peut-être chacun doit-il alors tenter d'assurer son propre bonheur en veillant à ne pas empêcher les autres d’en faire autant.

Reste à savoir si le bonheur est un bien à rechercher pour lui-même ou s'il n'est pas plutôt le résultat des efforts consentis par l'homme pour acquérir des biens tels que la liberté, la justice ou la vérité: «Si tu veux comprendre le mot bonheur, il faut l'entendre comme récompense et non comme but.» (Saint-Exupéry)