Expliquez et appréciez cette « Pensée » de Pascal : Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.
Publié le 09/02/2012
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L'auteur de l'Apologie de la Religion chrétienne, afin de gagner à la foi les libertins - qu'il avait hien connus durant la période mondaine de sa vie - aurait d'abord écarté tout argument théologique; il serait parti d'une étude purement philosophique de la nature humame. Il eût entrepris cette analyse psychologique en s'aidant continuellement des Essais de Montaigne, livre de chevet, « bréviaire « des incrédules de ce temps-là. Or, Montaigne lui offrait un illustre exemple de cette vie retirée et méditative. Seulement, en s'enfermant dans sa « librairie «, ce demi-païen ne songeait guère qu'à se procurer d'égoïstes jouissances, à se « rouler en lui-même «.
«
jusqu'à l'isolement total dans un tonnea:u, beaucoup ~e sages ont de~~ndé à la solitude le bonheur qu'ils ne trou;v~Ient pas l?armi le tumulte du siecle; Descartes n'entra-t-il pas dans un veritable ravissement lorsque, enferme dans son cpoêle ~.
au fond de la Bavière, il découvrit, à la faveur de cette:; · retraite, les principes de sa « Méthode » 'l Voltaire, si mondain pourtant, SI avide de « divertissements ~, a cherché parfois le bonheur d!ins la fuite ~~ ce monde qui l'enchantait sans le contenter ...
Dans le quatram souvent cite il atténue toutefois singulièrement la pensée de Pascal :
Du repos, des riens, de l'étude,
Peu de livres, point d'ennuyeux,
Un ami dans la solitude, Voilà mon sort il est heureux.
Et Rousseau, son adversaire, n'a-t-il pas prêché la haine et la fuite de la société.
corrompue et corruptrice 'l Tel poète, tel peintre, tel musicien vivent dans leur « tour d'ivoire ~, seuls avec le rêve qu'ils travaillent à
fixer dans une forme immortelle.
Interrogeons-les; ils nous déclareront préférer à tous les divertissements mondains les jouissances supérieures que leur procurent ces heures, ces mois de réclusion volontaire.
Tel savant ne connalt que son laboratoire; il évite comme la peste les cercles mondains où l'on perd un temps précieux.
Dans une active quiétude, il s'efforce de ravir à la matière ses plus intimes secrets, il lui impose sa volonté et, ce faisant, il goûte des satisfactions inconnues des boulevardiers, des snobs de tout acabit, dont l'unique souci semble être de s'étourdir en une folle sara bande.
Ces exemples prouvent à l'évidence qu'une élite a reconnu de tout temps l'excellence du recueillement, de la retraite, où les facultés en repos s'appliquent à loisir à la recherche du Vrai, du Beau, du Bien.
Mais
descendons de ces hautes et sereines régions, et examinons si la vie commune et courante ne justifie pas trop fréquemment le mot de Pascal, et si beaucoup d'hommes, se trompant sur la nature et les sources du vrai bonheur, ne gagneraient pas à le méditer.
· En d'autres termes que Pascal, le « Grillon » de Florian ne nous dit-il pas à tous : .
« Pour vivre heureux vivons cachés 'l » Qui calculera la somme de malheur accumulée sur la terre par l'ambition immodérée, par le besoin de se montrer, de faire figure parmi les hommes, par les prétentions plus vastes que les capacités 'l , Pour n'avoir pas su rester en repos dans sa maison, où il vivait dans une honnête médiocrité; pour s'être lancé dans une entreprise aussi hasardeuse que séduisante, celm-ci s'est ruiné irrémédiablement, infligeant aux siens un malheur immérité.
.
Cet autre n'a pas compris ~e le plaisir tue la joie.
Il a sacrifié les joies tranquilles du foyer à des plaisirs coupables, mendiés ou chèrement achetés à l'extérieur; au lieu du bonheur simple qu'il trouvait chez lui, il n'a recueilli que la honte et le remords.
.
Ce troisième n'a jamais pris le temps de descendre en lui-même; il ignore qlie l'homme porte en sm sa P-ropre félicité.
Sans trêve et sans repos, il poursuit dans la frivolité et l ennui, l'ombre, la caricature d'un bonheur qu'il eût découvert « dans sa chambre ~, s'il eût su ·y « demeurer en repos ».
Plus il multiplie les distractions : jeux, sports, spectacles, conversations, voyages, fêtes mondaines, et plus il se blase, plus le dégoût l'envahit, juqu'au jour où, lassé de ces expériences décevantes, il murmurera tristement : ·
Au fond des vains plaisirs, j'ai rencontré la mort ...
Combien on apprécie mieux, quand on a Ùôlé ces désabusés, la résolu tion héroïque des solitaires, des saints de tous les temps 1 Comme le mot de saint Bernard : 0 beata solitudo, o sola beatitudo/ s'illumine d'une vive clarté! Pieux ermites, enivrés de solitude, vous aviez raison.
Votre pureté de vie, vos.
écrits, vos bienfaits plaident pour vous, dont le monde n'était pas.
digne_ et qui passez, aux yeux de l'ignorant, pour des illuminés des mutiles, des égoïstes.
Nous qui savons et qui croyons, encore q~'une vocation spéciale ne nous incline pas à vous imiter, nous rendons hommage à votre sagesse, à votre sainte énergie, Trappistes, Chartreux, Carmes, Béné-.
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