Explication Linéaire de l'Incipit de Un Balcon En Forêt de Gracq
Publié le 28/11/2011
Extrait du document
«
poussée.
Le train suit la rivière, nous avons un parallélisme qui légitime l'arrivée de Grange dans l'univers naturel.
Ona l'image d'un train, suivant une rivière et s'enfonçant entre des épaulements de colline.
Comme si Grange entraitdans ce milieu par la grande porte : on a un caractère solennel.
Grange semble attiré par une sorte d'appel.
Mais enmême temps on a l'adjectif « médiocre » qui dédramatise l'instant pour montrer la différence entre une visionindividuelle : celle de Grange (L'entrée dans le monde naturel dissipe la laideur du monde, appel, entrée solennelleetc..) et une vision collective (pas si extraordinaire que ca).
Donc deux points de vue bien distincts pour montrer àquel point Grange n'est pas intégré dans cette vision collective et n'est pas intégré parmi les autres dans 1 sensplus général.
« Feuilles pourries » négatif, « Pur » et «Gloire » : positifs, rejoignent cette série de termesambivalents alternants de grandeur ou de médiocrité, comme « médiocre ».Pour continuer sur le mouvement : « Collines couverts » : assonance en anaphore ; puis « couverts de fougères »une petite rime interne suffisante qui introduit une douceur.
Poétique mais surtout impression du mouvement : onpasse de « colline couverts » à « couverts de fougères », on a une sensation de mouvement.
On nous fait ressentirla scène.
Cet incipit nous montre ce qui est important: le ressentit, le rapport au monde sensible, à la perception.Pour poursuivre, dans cette citation : « A chaque coude de la rivière, la vallée s'était creusée » : on a la descriptionlittéraire d'un phénomène naturel appelé l'érosion.
L'érosion contribue à ce thème du mouvement, du transport carl'eau casse la roche et l'entraine, tout comme le train entraine Grange.
L'érosion peut aussi être liée au vent citéjuste après.
Il s'agît d'ailleurs d'un vent « cru », « déjà coupant ».
Il y a un parallèle avec les grains de rochesentrainés par la rivière et Grange entrainé par son train.
Du coup, l'adjectif « médiocre » peut aussi être présentpour contrer l'effet tragique (ou dramatique dans le sens où il est relatif à l'action): un personnage qui ne contrôlerien, qui est entrainé par son train à l'image des débris de cailloux entrainés par la rivière ou le vent.
Là, on montrebien qu'il n'y a rien de tragique ou de dramatique.
Au niveau du rythme : tout pour suggérer une progression, unmouvement.
Beaucoup de morceaux de phrases longues, entrecoupées de rythmes très brefs : « le train », « puis »,« et qu'un vent cru », « le train était vide » : on nous fait ressentir le mouvement et même (je vais peut être unpeu loin), je dirai qu'on nous fait ressentir les rails du chemin de fer : de longs rails et de temps en temps de courtesplanches de bois.
La dynamique du texte est donc aussi appuyée par le rythme.
L'érosion rappelée tout au long denotre extrait, une première fois avec le mot « méandre », mais aussi avec l'évolution du paysage, puisqu'on passede « colline » à « falaise ».
Pour continuer sur cette impression de progression : Rythme binaire : anaphore « chaquefois » au début des 2 propositions et répétition du »plus » : « plus lente, plus sombre » : renforce le caractèresolennel mais surtout la progression et le lien entre l'enfoncement et l'obscurité tout comme la vitesse deprogression et l'obscurité.
On a donc un fort contraste entre donc un monde lumineux formé par la forêt et le soleilet un couloir de plus en plus sombre.
Ici, on peut voir que l'incipit amorce à la fois le rapport au monde sensible,comme nous l'avons vu plus tôt, mais aussi l'alternance constante tout au long de l'œuvre d'évocations ou determes liés à la grandeur ainsi que de termes ou d'évocations détrônant et amoindrissant.
On remarquera laprésence du champ lexical du liquide accentué par des assonances liquides : « comme si elle eut coulé sur un lit ».Ce champ lexical, ici positif, a un lien avec l'univers naturel ainsi qu'avec l'idée d'une progression.Le bruit du train (lié à Grange qui est dedans) qui rebondit contre les falaises.
Ce bruit indiqué par « ferraillement »s'oppose à « solitude » pour évoquer le silence.
Le rapport au monde sensible se fait aussi dans l'œuvre à travers lessons, il faut se rendre compte que ce n'est donc pas un hasard si on nous place directement dans ce contexte derapport à la perception auditive dès le début du texte.
Il en est de même pour l'extrait suivant :« On eut dit…courirdans le soir frais » on voit que Grange, lui y prendrai plaisir, c'est sa vision qui est exposée, sa pensée.
On sent unejoie de vive, d'appartenir au monde de s'y abandonner.
« Dans le soir » encore une tonalité onirique.
La perceptiondu monde baigné par une tonalité de rêveries.
« On eut dit kil desservait ces solitudes pour le seul plaisir » :assonances sifflantes : on dirait que Grange se fait ensorceler par le décor et l'atmosphère onirique.
Importance dela vision, de la perception.
On a le verbe « sentir » qui rappelle la perception.« Qui mordaient de plus en plus haut » on voit bien qu'on est dans la vision de Grange puisqu'il parle des arbres quis'élèvent de plus en plus dans le ciel à mesure que le train s'enfonce dans la vallée.« Il renversa sa tête contre le capiton de serge » : La serge est une étoffe de laine croisée, étymologiquement, le «tissu » c'est « le texte ».
Placer un terme en rapport avec le tissu en début de roman est assez équivoque.
On peutpenser que la serge elle est donc la métaphore du texte, croisant les ambiances, les évocations par alternance.Tout d'un coup, on a une rupture, introduite par l'adverbe « pourtant ».Retour sur la laideur lorsque vision des constructions humaines : « lépreuses », « petites » : péjoratif.
On assiste àl'arrivée dans un lieu peuplé d'humains.
Toute la suite du paragraphe développera un sentiment de frustration ainsique l'évocation d'un décor disgracieux et déplaisant.
L'opposition commence grâce à la locution « En remblai » quimarque le contraste entre univers des hommes et univers naturel.
L'univers des hommes n'est pas naturel jusquedans ses fondations.
On passe en fait, d'une atmosphère irréelle à un réalisme matérialiste.
On a des détails subtils «le bleu des vitres déjà délavé », « à califourchon sur des chariots de la poste ».
On est dans un univers prosaïque.Cela présente tout à fait un des décors de l'œuvre.
Au niveau de l'énonciation, alors qu'on était depuis le débutavec un pronom personnel « il », on passe à une métonymie “l'œil désenchanté ”.
On a un sentiment d'éloignementqui contraste avec le caractère très proche du premier mouvement puisqu'on avait accès à la vision et aux penséesde Grange.
On sent la désillusion, la déception.
Surtout à la lecture de termes comme « Teigneuse », « lugubre », «abandon » : négatif.
Dans certains termes y'a même une évocation de dégradations.
S'oppose au « Pur » évoquéplus haut.
On nous explique enfin que tous ces détails « déshonorent ce canton qui était encore intact de la Gaulechevelue.
Le fait d'évoquer la Gaule : Gracq réactualise le terme, pour mieux montrer le décalage.
On a une visionde la nature dans le monde : plus globale.
On a vue tout à l'heure que « chevelue » ca pouvait être unepersonnification visant à montrer que la forêt vie et respire.
Cependant, ici l'expression « La Gaule chevelue »renvoie à l'expression latine « Gallia comata » employée par Jules César.
On a donc la grandeur exprimée ici par laréférence à César, ainsi que le côté antique de la Gaule non soumise.
Le roman est donc placé sur un terrainhistoriquement guerrier et illustre, ayant résisté à César.
Le terme de « déshonneur » expose que tout s'est inversé,que l'illustre Gaule Chevelue a perdu de sa grandeur..
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