Explication d'un texte de Sartre extrait de "l'être et le néant"
Publié le 25/04/2013
Extrait du document
«
Mais il faut en même temps que ce sentiment soit tout entier désir, c'est-à-dire qu'il s'adresse à son corps en
tant qu'objet.
Cette fois donc, elle refuse de saisir le désir pour ce qu'il est, elle ne lui donne même pas de nom,
elle ne le reconnaît que dans la mesure où il se transcende vers l'admiration, l'estime, le respect et où il
s'absorbe tout entier dans les formes plus élevées qu'il produit, au point de n'y figurer plus que comme une
sorte de chaleur et de densité.
Mais voici qu'on lui prend la main.
Cet acte de son interlocuteur risque de changer la situation en appelant une
décision immédiate: abandonner cette main, c'est consentir de soi-même au flirt, c'est s'engager.
La retirer,
c'est rompre cette harmonie trouble et instable qui fait le charme de l'heure.
Il s'agit de reculer le plus possible
l'instant de la décision.
On sait ce qui se produit alors: la jeune femme abandonne sa main, mais ne s'aperçoit
pas qu'elle l'abandonne.
Elle ne s'en aperçoit pas parce qu'il se trouve par hasard qu'elle est, à ce moment, tout
esprit.
Elle entraîne son interlocuteur jusqu'aux régions les plus élevées de la spéculation sentimentale, elle
parle de la vie, de sa vie, elle se montre sous son aspect essentiel: une personne, une conscience.
Et pendant
ce temps, le divorce du corps et de l'âme est accompli; la main repose inerte entre les mains chaudes de son
partenaire: ni consentante ni résistante — une chose.»
SARTRE, L'être et le néant, pp.
94-95
La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise.
Il faut et il suffit que l'explication rende compte,
par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Corrigé:
• Ce texte semble décrire la psychologie du rapport amoureux: un homme a donné rendez-vous à une
femme et cherche le moment propice pour se déclarer pendant que celle-ci, complice de la situation, cherche à
différer le moment où elle devra répondre clairement de ses sentiments.
Scène de marivaudage, à cette
différence près que chez Marivaux, les deux consciences s'épient parce qu'elles se soupçonnent d'insincérité.
»
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