Explication du texte d'Alain, (sur l'inconscient): L'obscurité de l'homme à lui-même
Publié le 28/02/2012
Extrait du document
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de manifestations de l’inconscient.
Plus encore, nos choix, nos comportements sont en partie déterminés par
cette puissance invisible.
Or, Alain renvoie tout cela au « mécanisme ».
Que signifie ce terme ? Il renvoie au
fonctionnement de la machine.
Prenons un exemple : Le corps de l’homme est soumis à des mécanismes : la
digestion, la respiration sont des mécanismes du corps ; ils sont inconscients, au sens donné par Bergson par
exemple aux actions habituelles : la conscience n’est pas ou plus présente car il n’y a pas ou plus de choix à
faire.
Les rêves sont du même ordre : Pour Alain, les rêves ne sont pas porteurs de sens, car seule la
conscience peut permettre de produire du sens.
Ils sont un pur mécanisme du cerveau, qui, parce que ni la
conscience, ni la raison ne sont vigilantes, a une activité désordonnée, insensée.
Il est donc possible
d’utiliser le terme inconscient si on le renvoie à tout ce que fait le corps en dehors de la connaissance de la
conscience.
Or le corps en lui-même n’a pas de pensée, il subit des séries d’informations qui organisent des
processus de digestion de défense, de vieillissement, etc.
Les rêves sont donc des fantômes : Ils ne sont rien
de plus qu’une peur enfantine, parce qu’ils dévoileraient ce que nous ne voulons pas savoir, mais Alain n’y
croit pas : La signification secrète des rêves n’est pas plus réelle qu’un fantôme, elle n’existe pas.
Le rêve ne
dit rien, il est juste une production mécanique du corps.
Rappelons que les rêves ont longtemps intrigué les
hommes, et qu’ils lui ont souvent donné des vertus prophétiques, religieuses ; en tout cas, ils en ont souvent
fait un signe d’une autre réalité.
Alain nie cela.
Le rêve n’est pas une pensée, car il n’y a que la conscience
qui pense, et dans le sommeil, la conscience est à son plus bas degré, la pensée n’est plus dirigée par la
volonté
Ainsi, pour Alain, affirmer que l’inconscient existe comme une entité à part, c’est une manière
d’affirmer qu’il y a en quelque sorte une autre pensée, à côté de la conscience, pensée subtile intentionnelle
et disposant d’une grande capacité de jugement.
C’est pour Alain juste un moyen de donner une dignité au
corps, mais c’est erroné.
Le corps est un mécanisme aveugle, seul l’esprit, la conscience nous rend des êtres
dignes, des sujets.
(On retrouve cette idée chez Sartre qui revendique un subjectivisme fondateur de la
morale).
Le corps serait au départ un esclave, par les pulsions qui le tyrannisent.
Affirmer, comme le fait
Freud, qu’il y a un inconscient, c’est lui rendre (artificiellement) une dignité, puisque la pensée le
traverserait aussi.
Les mots d’Alain sont sévères : L’hypothèse freudienne grossit et divinise ce qui n’est que mouvements
corporels, insensés.
On se met à idolâtrer ce qui n’est en fait que fonctionnement du corps ; la théorie
freudienne implique qu’il faille commencer à connaître ce qui nous possède et qui nous connaît, dont on doit
se méfier.
Donc ce que dit Alain est clair : On peut utiliser le terme d’inconscient, mais il ne renvoie pas à
une entité qui aurait ses propres pensées, entité secrète et qui nous manipulerait.
Il renvoie aux phénomènes
corporels.
Une douleur est une douleur, elle n’a pas de sens, elle est un dérèglement du corps.
Il y a certes du
plus et du moins dans la conscience.
Nos mouvements peuvent parfois être inconscients, parce que le corps
les a mémorisés.
Ils ne sont plus vraiment conscients ; mais il n’y a pas d’inconscient, tel que le décrit
Freud.
Ce texte est donc une virulente critique contre le système freudien.
Mais le texte ne se contente pas seulement d’une critique intellectuelle de la théorie freudienne.
Alain
indique en effet, qu’il ne s’agit pas simplement d’une erreur (Freud se serait simplement « trompé »), mais
il s’agit d’une faute.
Il y a là un enjeu moral qui doit retenir toute l’attention.
Le texte affirme en effet (l.
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que « cette remarque est d’ordre moral » ; ou bien encore «chose soumise à ma volonté, chose dont je
réponds.
Tel est le principe du scrupule… » (l.
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Alain envisage le rapport entre le corps et l’esprit.
Pour
lui, tout ce qui n’est pas conscient est du ressort du corps.
Or le corps, est soumis à ma volonté et j’en
réponds.
Il y a ici une difficulté qu’il faut éclaircir.
Le rêve est évidemment un mécanisme que je ne maîtrise
pas, et le rêve est un des fonctionnements du corps.
Or, Alain précise que le corps est « soumis » à la
volonté ; ce qu’il signifie ici, c’est que les gestes que nous faisons peuvent nous être imputés, il n’y a pas à
prétexter que c’est l’inconscient qui parle et que nous ne sommes pas responsables de nos agissements.
Affirmer qu’il existe un inconscient, tel que le décrit Freud, enlève toute idée de responsabilité morale de
nos actions.
C’est pour cela qu’Alain affirme qu’il y a là une « faute » : c’est de la mauvaise foi, c’est
refuser d’assumer ce qui nous caractérise.
Nous ne sommes pas responsables de nos rêves, mais nous
sommes responsables de ce que fait notre corps.
C’est bien ce que l’on observe dans les tribunaux : On peut
utiliser l’inconscient comme une excuse, une manière de ne plus être l’auteur de nos actes.
L’hypothèse
freudienne de l’inconscient empêche responsabilité et culpabilité, car elle nie le libre-arbitre..
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