Explication de texte: Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation
Publié le 09/09/2018
Extrait du document
Expliquer le texte suivant :
Il n’y a pas de satisfaction qui d’elle-même et comme de son propre mouvement vienne à nous ; il faut qu’elle soit la satisfaction d’un désir. Le désir, en effet, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir et par conséquent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement ne sauraient être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur, d’un besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l’existence un fardeau. Or c’est une entreprise difficile d’obtenir, de conquérir un bien quelconque ; pas d’objet qui ne soit séparé de nous par des difficultés, des travaux sans fin ; sur la route, à chaque pas, surgissent des obstacles. Et la conquête une fois faite, l’objet atteint, qu’a-t-on gagné ? Rien assurément, que de s’être délivré de quelque souffrance, de quelque désir, d’être revenu à l’état où l’on se trouvait avant l’apparition de ce désir. Le fait immédiat pour nous, c’est le besoin tout seul, c’est-à-dire la douleur. Pourla satisfaction et lajouissance, nous ne pouvons les connaître qu’indirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passée, qu’elles ont chassées tout d’abord. Voilà pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous n’en avons pas une vraie conscience, nous ne les apprécions pas ; il nous semble qu’il n’en pouvait être autrement : et, en effet, tout le bonheur qu’ils nous donnent, c’est d’écarter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s’offre à nous.
Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation
Centrage : Quelle est la situation ordinaire de l'homme ? En d'autres termes : est-il fait pour obtenir immédiatement des satisfactions ? Problématique : Pour Schopenhauer, il ne saurait en être question, car la satisfaction dépend d'un désir antérieur, très classiquement synonyme de manque et de douleur. De plus, elle ne fait - et à quel prix ! - que rétablir une absence de douleur, une sorte de neutralité qui ne parvient pas à savourer ce qu'elle possède, et n'en perçoit la valeur qu'en le perdant. Ce qui est ainsi « positif » et immédiat, ce sont seulement le manque et la douleur : ils déterminent notre activité et nous font sortir de l'ennui.
«
Les
clés pour réussir
Bien comprendre le texte
Plan du texte
• Il n'y a de satis faction que relativement au désir, qui est donc antér ieur
et premier.
• Le désir est douleur en soi (il trouble le repos) :pou r être comb lé, il a
nécessité des efforts don t le résultat n'est qu'un retour à l'é tat antérieu r.
• La sati sfacti on n'est donc connue qu'indirectement (elle est médiatisée
par le dé sir ) ; la preuve : ce que nous possédons ne nous donne pas de
sati sfac tion.
• La douleur est donc la chose positive et immédiate.
Analyse du texte
Thèse soutenue par l'auteur : Sc hopenhauer entend ici mon trer que la
situation imméd iate de l'hom me, c'est le manque (= privation = douleur ).
• La satis faction ne se man ifeste jamais d'elle-même, il lui faut la média
tion d'un désir (=manque = douleu r).
Elle n'est que délivrance d'une
douleur antérieur e.
• Mai s cette satisfaction (qui a nécessité de nombr eux efforts pour être
obt enue) n'est qu'un retour à un état neutre et ind ifférent (nous n'appr é
cions pas ce que nous avons l'habitude de posséder).
Utiliser ses conna issances
Notions concernées : le désir , le sujet, le bonheur .
• N'y a-t-il pas un plaisir dans l'appropriation, différent de la seule
satis faction d'un désir et de la crai nte de perdre (cf.
la quête du colle c
tionneur ) ?
• De Rousseau à Baudrillard, accumul er les biens (éventu ellement de
prestige) est synonyme d'aliénation de l'être :si ce dernier connaît priori
tair emen t le manque et la douleur , l'al iénation ne peut-e lle être positive ?
les pièges à éviter
• Inutile de réciter ce que vous pouvez connaître du « pes sim isme » de
Sch openhauer .
• Ne vous lancez pas dans la récitati on d'un cours sur les différentes
conceptions du bonheur (hors sujet).
• N'objectez pas que le désir peut être exaltation (Deleuze) ou pers évé
rance de l'être (Spin oza) avant d'avoir ana lysé avec précision le texte.
Élaborer un plan
1.
Le désir est antéri eur à la satisfaction
Il.
Les biens ordinair es ne peuvent -ils être sati sfaisants ?
Ill.
Le désir est-il seulemen t souf france ?.
»
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