Explication de texte - Platon, Phédon 66e
Publié le 04/06/2023
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«
Explication de texte
Platon, Phédon - 66e
«Tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre
âme sera contaminée par un tel mal, nous n’atteindrons jamais complètement ce que
nous désirons et nous disons que l’objet de nos désirs c’est la vérité.
Car le corps nous
cause mille difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir ; qu’avec cela des
maladies surviennent, nous voilà entravés dans notre chasse au réel.
Il nous remplit
d’amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute sorte, d’innombrables sottises si
bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser.
Guerres, dissensions, batailles, c’est le corps seul et ses appétits qui en sont cause ; car
on ne fait la guerre que pour amasser des richesses et nous sommes forcés d’en
amasser à cause du corps, dont le service nous tient en esclavage.
La conséquence de
tout cela, c’est que nous n’avons pas de loisir à consacrer à la philosophie.
Mais le
pire de tout, c’est que, même s’il nous laisse quelque loisir et que nous nous mettions
à examiner quelque chose, il intervient sans cesse dans nos recherches, y jette le
trouble et la confusion et nous paralyse au point qu’il nous rend incapables de
discerner la vérité.
Il nous est donc effectivement démontré que, si nous voulons
jamais avoir une pure connaissance de quelque chose, il nous faut nous séparer de lui
et regarder avec l’âme seule les choses en elles-mêmes.
Nous n’aurons, semble-t-il, ce
que nous désirons et prétendons aimer, la sagesse, qu’après notre mort, ainsi que notre
raisonnement le prouve, mais pendant notre vie, non pas ».
Platon, Phédon, 66e
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Le texte présenté à l’explication est un extrait du Phédon.
Cet ouvrage est un
dialogue de Platon qui relate les derniers instants de la vie de son mentor Socrate.
Platon était un philosophe Athénien de le Grèce antique, ayant vécu aux IVes et Ves
siècles avant notre ère.
Ce texte a pour thème l’association du corps et de l’âme et la
recherche de la vérité.
Le problème posé ici est de savoir si les entraves produites par
notre corps nous empêchent elles réellement d’assouvir notre soif de vérité.
Quels sont
donc ces obstacles à la pensée pour Platon et comment les écarter, et quelle est la
vocation de l’homme en tant qu’Esprit ? Pour répondre au problème principal et aux
questions annexes, l’auteur va développer sa thèse qui s’articule autour de la nécessité
de dissocier notre corps et notre âme pour atteindre ce que nous désirons le plus, la
vérité.
La réponse apportée par Platon est divisée dans ce texte en trois moments.
Le
premier, s’étend de la ligne 1 à la ligne 3, et Platon nous y expose ici le problème
principal.
Le second mouvement, s’étend de la ligne 3 à la ligne 10 et traite des
différents obstacles que notre corps produits pour empêcher notre réflexion.
Le
troisième et dernier mouvement, s’étend de ligne 10 à la ligne 18 explique comment
ces obstacles agissent sur notre réflexion, ici l’entrave qu’est notre corps à notre
raisonnement est totale.
Après avoir énoncé sa thèse dans la première phrase du texte,
le philosophe va ensuite s’efforcer de produire une justification.
Le premier moment du texte est donc une exposition de la thèse de Platon.
Bien
que courte, cette première phrase sert au philosophe à introduire les notions qu’il va
discuter au travers du texte et à nous partager son point de vue sur le problème.
Cette
première phrase introduit donc les quatre notions principales du texte, notions que l’on
retrouve dans la plupart des ouvrages du philosophe, et que nous devons avant toute
chose définir.
La première notion introduite est la notion de corps qu’il va associer à la
notion de raison et la notion d’âme.
Le corps en philosophie est ce qui constitue la
matérialité d’un être vivant, sa dimension physique.
C’est une substance matérielle
déterminée.
À l’intérieur de ce corps, se trouve l’âme.
Le mot âme provient du latin
‘anima’ (souffle, respiration).
L’âme est à la fois un principe vital et spirituel, qui
animerait le corps d’un être vivant.
Par métonymie le mot « âme » désigne
couramment l'être vivant lui-même, animé par ce principe.
Platon dans sa philosophie,
dissocie le corps de l’âme.
Pour lui, dans l’idéal l’âme tend à son unité initiale, elle ne
se trouve dans un corps que par défaut et son but et de sortir de son corps pour
dépasser les limites imposés par ce dernier.
C’est pour cela que l’être humain est
disposé de raison.
Pour atteindre ce but qui est de se dissocier du corps.
La raison est
ce qui va distinguer l’homme des autres animaux.
En effet, Aristote définit l’homme
comme un ‘zoon logikon’, un animal raisonnable.
Le mot raison provient du latin
‘ratio’ (calcul).
Elle est définie comme étant un mode de pensée permettant à notre
esprit humain d’organiser ses relations avec le monde réel.
La raison pousse selon
Platon, l’homme à aller chercher l’objet de ses désirs, la vérité.
Il existe plusieurs
définitions de la vérité en philosophie et le terme a toujours suscité beaucoup de
controverses.
Les philosophes ne sont pas d’accord sur la nature même du concept et
comment il convient de l’utiliser.
Son usage est néanmoins capitale, c’est pour cela
que l’on se doit de le définir.
La vérité à attrait a tout ce qui est conforme à la réalité.
Pour Kant, la vérité est “ce qui est nécessairement absolu et absolument nécessaire”.
En soit, la vérité est dont quelque chose d’absolu, difficilement atteignable et dont les
contours sont flous.
La présentation de ces notions est réalisée sous une forme qu’on
pourrait qualifier de syllogisme.
Platon introduit d’abord la notion de corps, puis
d’âme et de raison contenues à l’intérieur de ce corps, qui ont pour buts finaux
d’atteindre la vérité.
Comme dans la théorie idéaliste platonicienne, l’âme doit se
séparer du corps, atteindre la vérité serait synonyme donc de dissociation.
Cependant,
pour éviter la fuite de son âme, le corps va mettre en place des obstacles que Platon
qualifiera plus tard dans le Phédon de “sornettes mortelles, espèce mortelle”.
Dans la
première phrase du texte, les obstacles ne sont toutefois pas insurmontables.
La raison
est assez forte pour nous permettre d’avancer dans notre quête de la vérité.
Cependant,
cette quête ne sera jamais abouti, du moins pas tout à fait : “nous n’atteindrons jamais
complètement ce que nous désirons”.
Même si l’être humain dédie sa vie à la
recherche de la vérité qui est donc son désir le plus profond, il sera toujours entravé
par son corps et par ses demandes incessantes.
Mais quelles sont donc ces ‘sornettes’,
si importantes quels sont capables de détourner l’esprit humain de son but principal ?
Dans le second moment, Platon va donc présenter ces obstacles posés par le corps
pour empêcher la réalisation de notre désir premier.
D’abord, ces obstacles sont
produits en nombre par le corps : “Car le corps nous cause mille difficultés”.
En fait, il
y a des besoins plus urgents que des besoins spirituels et moraux.
La faim, la soif, le
besoin de sécurité sont inévitables et, en dehors d'une situation privilégiée, chacun
doit résoudre des problèmes liés aux nécessités de la vie.
Le travail est un ensemble
d'activités auxquelles une personne se consacre afin de subvenir aux besoins de
l'existence.
Essentiellement, la compulsion au travail monopolise l'esprit et l'occupe
avec des tâches sans rapport avec le souci de la vérité ou de la bonne vie.
Dans
certaines situations, la majeure partie du temps de l'activité de la vie et de la pensée est
consacrée à des activités utilitaires.
Cependant, les Grecs associent l'utilitarisme à la
servitude, car, tant que les gens n'ont pas le temps de pratiquer ce qu'ils appellent des
activités libérales, l'esprit n'a pas encore conquis sa liberté.
Il est aliéné, dépouillé de
lui-même, asservi par des impératifs extérieurs à ses propres exigences.
Il n'est pas
disponible pour poursuivre ses propres objectifs.
En ce sens, le loisir de philosopher
est un luxe.
Elle suppose du temps libre, un confort matériel minimal, sans lequel on
ne peut penser à rien d'autre qu'à se nourrir ou à se....
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