Explication de texte – Philosophie : Simone Weil, La Condition ouvrière, 1942
Publié le 16/04/2023
Extrait du document
«
Explication de texte – Philosophie
Simone Weil, La Condition ouvrière, 1942
La Condition ouvrière est un ouvrage constitué de différentes lettres rédigées entre
1934 et 1941, du Journal d'usine de Simone Weil.
Cet extrait aborde les conditions de travail
dans lesquelles se retrouvent les ouvriers des « usines modernes ».
Le travail moderne, c’est
à dire le travail du XXème siècle, est-il une activité épanouissante et vertueuse qui aide l’Homme
à s’émanciper, ou bien est-ce une contrainte qui déshumanise l’Homme ? Simone Weil défend
l'idée que ce travail est corrompu, en ce qu'il détruit, dénature et déshumanise l'Homme.
L’usine ne forme pas des Hommes libres, mais des esclaves soumis à un ensemble de règles
brutales et arbitraires.
Il ne s’agit pas, pour Simone Weil, de refuser le travail manuel de l’usine,
mais de laisser retrouver la dignité des Hommes, pour qu’ils puissent quitter leur condition
d’esclave.
Pour démontrer cela, Weil analyse, dans un premier temps l’évolution des comportements
dans les relations humaines en ce qui concerne le milieu de l’industrie moderne ; les Hommes,
entre eux, ne se considèrent plus comme des êtres vivants (lignes 1 à 11).
Dans un second
temps, elle présente les changements même des actions et des tâches qu’implique le travail
moderne.
Elle oppose ainsi le travail organisé et répétitif, au travail multifonctionnel (ligne 11
à 22).
Simone Weil ouvre son argumentaire sur la profonde transformation des
comportements et relations entre Hommes.
Ces relations ont été modifiées par la division du
travail moderne, dont l’organisation désigne la répartition et la fragmentation du travail en
tâches distinctes, dans lesquelles les ouvriers sont spécialisés, pour augmenter la productivité.
L’auteure évoque, dès la première phrase, la dévalorisation de l’Homme et de son travail, par
la survalorisation des marchandises produites.
Ainsi, « les produits du travail entrent seuls en
ligne de compte » et le processus du travail lui-même perd sa valeur.
Cette dévalorisation
s’observe « dans les magasins, les marchés, les échanges », mais s’étend aussi, au détriment
du travail, à l’intérieur même des « usines modernes ».
Par conséquent, une opposition entre
le monde ouvrier et le monde des « sphères supérieurs » apparaît.
En effet, des rapports
construits et fondés sur « la coopération, la compréhension, l’appréciation mutuelle » permet
aux Hommes appartenant à la haute hiérarchie de se sentir épanoui, écouté et reconnu.
Là,
le monde supérieur permet au processus du travail de devenir respectueux et humanisant
envers l’Homme.
Tandis que les travailleurs des usines doivent faire face à des « rapports
entre les choses et non entre les hommes ».
Les ouvriers ne sont pas assimilés à des êtres
humains, mais à des choses et/ou à des objets occupants des fonctions particulières.
Ils sont
les simples exécuteurs des tâches affectées et attribuées par le haut de la hiérarchie.
En
d’autres termes, l’ouvrier n’est plus un être qui détient la capacité de parler, de penser et
d’échanger avec les autres ; il devient un être inerte et passif.
Simone Weil met en avant
l’étonnante inversion qui se produit alors : face à des Hommes chosifiés, on retrouve des
objets personnifiés.
Les pièces détiennent alors « un état civil » sur lequel divers informations
à leur sujet sont à savoir.
Les Hommes, quant à eux, doivent « montrer en entrant une carte
d’identité où [ils] se trouv[ent] photographié avec un numéro sur la poitrine ».
Ici, le contraste
est fort ; on ne s’intéresse pas aux ouvriers, à leur nom, leur âge.
L’ouvrier n’est qu’un simple
numéro qui voit perdre son identité, là où les pièces en gagnent une, s’accompagnant d’un tas
d’informations.
L’ouvrier devient un « forçat », condamné aux travaux forcés.
Ainsi, après avoir affirmé sa thèse sur la profonde transformation des
comportements et relations entre Hommes, dans la première partie du texte, l’auteure va
s’attacher à illustrer dans une seconde partie, que si les rapports humains ont évolué, c’est en
partie, aussi, parce que la modernisation des usines implique des changements tant dans la
nature du travail que dans l’exécution des tâches.
Après avoir analysé l’évolution des relations entre les travailleurs dans la société
moderne, Simone Weil va examiner la modification qui s'y opère sur le processus du travail
lui-même.
Le travail moderne inverse les rôles : « Les choses jouent le rôle des hommes, les
hommes jouent le rôle des....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Résumé La condition ouvrière de Simone Weil
- Explication de texte : extrait de "l'enracinement", Simone Weil
- explication de texte simone weil, l'enracinement
- CONDITION OUVRIÈRE (LA), 1951. Simone Weil (résumé)
- Explication de texte: La logique de philosophie - Eric Weil