Explication de texte Pascal (13/20)

« Expliquez le texte suivant : Nous ne nous tenons jamais au temps présent.

Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt1 : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient : et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons 2 sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent, d’ordinaire, nous blesse.

Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige3 ; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper.

Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver. Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir.

Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir.

Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin.

Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. Blaise Pascal, Pensées Explication linéaire du texte : 1 2 3 Rapide Laissons échapper Il nous accable, il nous attriste. Dans la lignée de l’analyse que Saint Augustin, durant la fin de l’antiquité, fait dans ses confessions du rapport de l’homme au temps, Pascal dans ses Pensées va étudier avec un discours moralisateur notre perception de cette dimension.

Il va émettre comme thèse que nous ne vivons jamais l’instant présent et que nous nous projetons délibérément dans des instants passés ou futurs dans l’espoir d’être heureux ou d’éviter le malheur.

Le texte se partage en trois parties.

Premièrement, dans le premier paragraphe, Pascal va déployer comme argument que nous agissons de manière délibérée pour éviter l’instant présent.

Puis, dans le second paragraphe, il introduit l’idée que vivre consciemment l’instant présent est une douleur que nous cherchons à éviter.

Enfin, dans le dernier paragraphe, Pascal rappelle que l’instant présent n’a pas d’existence puisque celui est toujours révolue avant de conclure sur sa thèse. Dans la partie du texte, Pascal argumente que nous nous inscrivons dans une forme d’évitement du présent.

Le texte s’ouvre sur l’argument que nous « ne tenons jamais au temps présent ».

C’est un choix délibéré, l’exercice spontané et non réfléchi de notre libre arbitre. Nous n’accordons pas de valeur au temps présent.

Il en tient pour preuve et illustre son propos, au temps présent, nous pensons à l’avenir, cet avenir qui nous ne semble pas venir suffisamment rapidement.

Dès lors, nous allons continuer de l’attendre et focaliser nos pensées sur cet évènement pour rester dans une forme d’évitement du temps présent.

Idem, la pensée du passé nous permet de revenir un instant révolu et pourtant. Le temps futur et le temps passé nous permettent d’arrêter le temps et la conscience que nous avons du temps présent.

Cette imprudence est volontaire, bien qu’inconsciente, c’est un songe.

Elle nous fait osciller aux deux extrémités du temps ce qui fait de nous des vagabonds. Ce rapport au temps est une échappatoire qui nous permet d’éviter la réflexion, car réfléchir est une action qui s’exerce au présent, mais qui nous ancre dans notre être de manière intemporelle. La seconde partie du texte tiré des Pensée s’ouvre sur un argument.

Pascal nous explique ici la raison pour laquelle nous allons systématiquement nous extraire du.... »