Explication de texte : Les sens, quoique nécessaires pour toutes nos connaissances actuelles, ne sont point suffisants pour nous les donner toutes..." de Leibniz (préface aux Nouveaux essais sur l'entendement humain)

« “D’où il paraît que les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures et particulièrementdans l’arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point desexemples, ni par conséquence des témoignages des sens” nous dit Leibniz; les vérités nécessaires sont des vérités impossibles à révoquer sans se mettre en contradiction, qui ne peuvent pas ne pas être; elles doivent donc avoir uncaractère universel, être évidentes au regard de tout être humain.

Ce caractère universel de la connaissance nepouvant donc être apporté par les sens, puisqu’ils déduisent leurs idées d’une situation singulière et non collective,Leibniz affirme qu’il se trouve dans le raisonnement humain.

Or les mathématiques, dont l’arithmétique et lagéométrie, sont le fruit de la raison; elles sont en effet l’inverse de la connaissance empirique, elles puisent leursidées dans la logique et la forme abstraite.

Les mathématiques sont composées de propositions considéréesuniverselles, car elles ne s’appuient sur aucun exemple sensible, mais s’obtiennent par la seule opération de lapensée, présente dans chaque humain.

La vérité de ces propositions est établie par le fait que ne portant pas surle monde, elles ne sont pas susceptibles de changement et ne peuvent être erronées demain : par exemple, le carré de l'hypoténuse est égal au carré des deux autres côtés ; on ne peut contredire cette affirmation sans être incohérent, c’est une vérité nécessaire, et donc vraie.

Les principes de la raison dont parle Leibniz sont à la basedes mathématiques ; le premier est celui de l’identité, le discours rationnel énonce qu’une chose est ce qu’elle est(A = A); le second est celui de la non-contradiction, vis à vis de deux propositions, l’une est vraie et l’autre estfausse; il est impossible que soient vrais simultanément : “A est vrai” et “A n’est pas vrai”.

C’est l’intégralité destermes élémentaires abstraits, et des relations entre ces éléments qu’il est possible de concevoir; lesmathématiques portent donc sur des objets définis par convention, selon une décision de l’esprit et des lois de lalogique et de l’entendement.

Ainsi, le domaine rigoureux des mathématique se fondant sur la cohérence interne dudiscours et non sur l’expérience sensible, est aux yeux de Leibniz porteur d’une vérité universelle; en effet, lesmathématiques se montrent fiables et offrent un savoir qui ne peut être erronée car leur fondement est leraisonnement; la connaissance qui en découle est donc juste et vraie.

La théorie de Leibniz est celle desphilosophes rationalistes : seule la raison apporte toute connaissance.

Le rationalisme est le fait d’expliquer etintégrer un phénomène par le seul moyen de la raison et des informations contenues; c’est donc l’adversaire del’empirisme, qui a besoin de tester un phénomène et utilise l’observation expérimentale et les données qui enémanent pour le comprendre; raisonner est être logique.

Descartes est un fervent défenseur de cette pensée, toutcomme Leibniz, et pense qu’il peut recourir à la raison seule pour arriver sans incertitude à la vérité.

La raison estuniverselle puisqu’elle tous les hommes la possèdent. Cependant, Leibniz semble ouvrir le sujet sur un nouvel aspect en disant des principes de la raison que “sans les sens on ne se serait jamais avisé d’y penser” ; ce qu’il cherche à souligner est que toute seule, la raison ne nous fait rien connaître, car l’expérience sensible, même rabaissée au minimum, est indispensable; il cherche à définir lerôle que jouent les sens dans l’exercice de la raison et dans l’élaboration de nos connaissances; Après avoir reconnucomme deux facultés distinctes la raison et la sensibilité, il cherche à les articuler et les lier entre elles; et ce grâceà la possibilité de prévoir, par le raisonnement, des événements sensibles avant même leur expérience.

Il évoque parlà que les sciences, telles que les physiques mathématiques, offrent une réelle intelligibilité de la réalité sensible.

Ilappuie ainsi indirectement que les sens ne jouent aucun rôle dans l’élaboration de nos connaissances; par cetteconcession, il ne fait que mieux récuser la thèse des empiristes.

Cependant, des arguments solides sont opposés àla thèse de Leibniz, par ceux proposés par Kant; ce dernier cherche à concilier la raison et les sens au travers d’unephilosophie dite “transcendantale”.

Pour lui, le rationalisme ne permet d’atteindre aucune certitude en ce sens où laraison ne permet pas de répondre nettement et de trancher à certaines interrogations comme l’existence de Dieu, etla fait de savoir si nous somme libres; il leur reproche leur dogmatisme, leur manière de croire que les chosesexistent et se présentent telles qu’on les pensent rationnellement.

Il fait également la critique des empiristes encontestant le fait que toutes nos connaissances viennent des sens et surtout qu’elles puissent acquérir une valeurde vérité universelle et nécessaires selon les mêmes arguments que Leibniz, à savoir qu’observer quelque chose etavoir maintes exemples d’une expérience, ne suffit pas pour prétendre qu’il n’y a pas ou n’y aura jamais d’exemplespermettant d’affirmer le contraire.

Son point de vue est qu’il est tout aussi impossible de se passer de l’expérienceque de n’employer qu’elle pour accéder à la connaissance. Conclusion Ainsi, en exposant sa thèse sur l’acquisition des connaissances, Leibniz soulève un véritable problème : quelle estl’influence de l’expérience sensible dans notre manière de penser et de raisonner ? les sens sont ils indispensables àla raison ? Nous avons vu premièrement que les sens ne pouvaient suffirent à fournir toute nos connaissancespuisqu’ils nous donnent que des vérités particulières ou individuelles; dans un deuxième temps, nous avons appuyéle fait que la raison permettait d’offrir des connaissances fiables et solides au travers des sciences telles que lesmathématiques, où la cohérence interne du discours empêche toute erreur; enfin, nous avons montré que Leibniz neniait pas la nécessité de l’expérience dans la démarche du raisonnement humain, mais ne lui accorde un rôle qu’àposteriori, pour mieux récuser la théorie des empiristes, démontrant qu’une anticipation d’un phénomène était. »