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explication de texte Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, Première section, pp. 96-97

Publié le 13/12/2014

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Au XVIII, Kant propose un fondement à la conscience morale : la raison. Celle-ci permet une morale du devoir, dans laquelle l’obligation, c'est-à-dire la loi qu’on s’impose librement, doit porter vers l’universalité. Dans le texte présenté, Kant traite un aspect de la morale : la bienfaisance, en abordant les questions suivantes : doit-on être bienfaisant envers tout homme ? Quelle place laisser à nos sentiments envers les autres dans notre pratique du devoir ? Cette pratique conduit-elle à un changement favorable dans nos dispositions ? Si oui, à quelles conditions ? Kant estime que la pratique de la bienfaisance est un devoir et qu’à ce titre, elle doit se distancier et prendre le dessus sur toutes considérations sentimentales. Ainsi qu’importe le mérite de l’homme, qu’importe ses vices, on se doit de prendre pour fin son bien être. D’ailleurs, à force de pratiques vertueuses, quel que soit cet homme, on finit par l’aimer. Nous nous pencherons tout d’abord sur l’indépendance du devoir de bienfaisance vis-à-vis des sentiments que l’on peut éprouver envers l’humanité : Kant affirme qu’il faut vouloir et faire du bien, même à un homme qui n’est pas digne d’amour ou qui abhorre l’humanité, la haine du vice n’affecte pas non plus ce devoir. Puis nous étudierons les conséquences de cette pratique du bien envers l’humanité dans sa globalité sur nos propres sentiments à son encontre ; selon Kant, l’exercice régulier et « réussi » de la bienfaisance engendre une inclination à la bienfaisance en général : l’amour des hommes.  Kant assure qu’«Être bienfaisant envers d’autres hommes […] est un devoir». Le devoir dans la morale kantienne est une intention pure, dictée par la raison, il correspond à une loi que l’on s’impose à soi-même en toute liberté et qui doit pouvoir être appliquée universellement; faire le bien, être bienfaisant serait donc une obligation morale pour tout homme. Pour tout homme certes, mais chacun à son niveau: Kant ajoute en effet que cette bienfaisance doit être accomplie « selon notre pouvoir », c'est-à-dire selon nos capacités. Nous ne pouvons pas tous faire le bien dans la même mesure, alors quelles sont les limites ? On peut aisément imaginer des limites matérielles, physiques, financières qu...

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« pouvons pas tous faire le bien dans la même mesure, alors quelles sont les limites ? On peut aisément imaginer des limites matérielles, physiques, financières qui empêcheraient une vaste pratique du bien.

Enfin, il reste à remarquer que cette bienfaisance est : «envers d'autres hommes», elle est dirigée vers autrui, on ne s'intéressera donc pas ici à celle orientée sur soi, bien que celle-ci puisse être perçue comme un préalable à la bienfaisance à l'égard d'autrui. L'expression «envers d'autres hommes » laisse penser «envers tous les hommes» et en effet c'est ce qu'elle signifie, Kant le souligne un peu plus loin : « ce devoir ne perdrait rien de son importance quand bien même on devrait faire cette triste remarque que notre espèce, lorsqu'on la connaît de plus près, hélas ! n'est guère propre à être trouvée particulièrement digne d'amour ».

L'espèce humaine s'illustre effectivement régulièrement par sa violence (dans les guerres), par sa fausseté, par son avarice ou encore par son orgueil, cette accumulation de tares ne la rend guère digne d'amour, on peut penser qu'elle ne mérite ni bienveillance, ni bienfaisance, elle n'est pas à leur hauteur.

Kant estime pourtant que cet état de fait ne les entame en rien.

Le devoir de faire le bien ne doit aucunement prendre en compte ces observations quant à la nature humaine.

La volonté pure n'est pas conditionnée par quoi que ce soit.

Un autre exemple est donné, Kant écrit qu' « Etre bienfaisant envers d'autres hommes [...] est un devoir, qu'on les aime ou qu'on ne les aime pas », là encore on retrouve l'idée que les sentiments que l'on peut ressentir pour autrui ne doivent en rien constituer un frein au devoir de bienfaisance, ce n'est pas parce qu'on a en horreur quelqu'un qu'il faut ne pas lui vouloir de bien, voire lui vouloir du mal, cela serait en effet immoral ne serait-ce que parce qu'appliqué à l'échelle de l'humanité, cet acte provoquerait des massacres.

Il est donc de notre devoir de vouloir et de faire le bien, pour tout homme.

De la même façon, il faut adopter une attitude bienfaisante envers les misanthropes : « la bienveillance demeure toujours un devoir, même à l'égard du misanthrope qu'on ne saurait certes aimer, mais auquel on peut toutefois faire quelque bien ».

Le misanthrope déteste l'humanité, collectionne les vices tels que l'ingratitude, pour cela on ne peut l'aimer, cependant rien ne nous empêche de lui vouloir du bien.

On parle ici de « bienveillance » et non plus de « bienfaisance », la première étant le principe de la seconde.

Kant induit ici qu'il sera certainement plus difficile et délicat de faire du bien à un misanthrope -qui se moque a priori des attentions des autres-, il n'évoque d'ailleurs que « quelque » bien, mais on peut toujours le vouloir avec la même ardeur, d'où le terme. »

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