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EXPLICATION DE TEXTE Jean-Jacques Rousseau, Lettre sur vertu 1757

Publié le 02/12/2023

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« À quelques très rares exceptions près, et qui confirment la règle, tous les hommes vivent en société politique, c’est-à-dire un regroupement d’individus dans un territoire donné, obéissant à des règles et des lois qu’ils se sont donnés et partageant une culture commune.

Les obligations qu’ils se donnent pourraient, en apparence, leur coûter, être un obstacle à leur liberté ou leur bonheur.

Cependant, il n’en est rien, tout au contraire. Pourquoi serions-nous tenus d’obéir aux lois et de respecter les droits d’autrui ? Dans le texte ici proposé à l’explication, Rousseau soutient justement la thèse selon laquelle c’est par le respect de la loi et le devoir qu’il implique vis à vis d’autrui en société que seuls les individus peuvent connaître, paix, bonheur et liberté.

À cet égard, l’homme civil a donc contracté une « dette immense » vis à vis de ses congénères avec lesquels il fait société.

Les étapes du raisonnement de Rousseau et de sa démonstration tiennent en trois moments.

Dans un premier temps (l.1-8), il va montrer comment la renonciation à la liberté naturelle et à l’intérêt personnel par l’entrée en société est une nécessité pour qui souhaite un bonheur stable et assuré.

Ensuite (l.8-10), il est montré que le respect des lois relève d’un devoir sacré et universel.

Pour finir, Rousseau rend hommage à ceux qui l’ont précédé et fait une fois encore l’apologie de la .réciprocité morale, des lois et de la société qui les rend possible Je crois donc qu’en devenant homme civil j’ai contracté une dette « immense avec le genre humain… ».

D’emblée, Rousseau souligne une reconnaissance envers le genre humain et la société qui peut, au premier abord, étonner.

Autant, chacun d’entre nous, nous sommes susceptibles d’éprouver de lareconnaissance pour quelques individus en particulier, autant, il ne nous apparaît pas nettement que nous devrions quoique ce soit au genre humain tout entier ! Pour comprendre ce que veut signifier Rousseau, il faut se demander dans un premier temps ce que signifie devenir « homme civil ».

D’abord, si on le devient, cela implique qu’on ne l’a pas toujours été.

Si l’enfant devient homme, il est une enfance de l’humanité qui a précédé l’entrée en société civile : l’état de nature.

Cette hypothèse largement répandue chez les philosophes politiques des XVIIème et XVIIIème siècle, et partagée par Rousseau, implique qu’avant de « devenir homme civil », c’est-à-dire d’entrer en société, les hommes ont d’abord vécu dans la nature, en n’étant soumis qu’aux lois naturelles et y jouissant d’une liberté naturelle et totale.

Le passage à l’état civil est devenu nécessaire au fil du temps et des événements, et il apparaît dans ce texte qu’il a sans doute été un fait heureux pour l’homme.

En devenant citoyen, c’est-à-dire en s’associant avec les autres (le « genre humain »), l’homme s’est engagé (pacte/contrat social) en même temps que tous à respecter les règles de la cité.

À cet égard, cet engagement vaut « dette », une « dette immense » même mais que Rousseau ne semble pas ? regretter d’avoir à acquitter, tout au contraire.

Qu’est-ce qui le justifie Il est d’abord question des « commodités » que la société procure à l’homme, lesquelles étaient sans doute absentes de l’état de nature. Quelles seraient-elles ? C’est ce que la suite du texte s’efforce de montrer en établissant la distinction entre une vie hors de la société civile et de ses règles et une vie de citoyen.

Ainsi, « je vois (…) que si je puis me procurer une sorte de bien-être exclusif et quelques plaisirs douteux en sacrifiant tout à moi seul, je ne pourrais m’assurer un état de paix et une félicité durable que dans une société bien ordonnée » écrit l’auteur.

Cela signifie ici qu’un homme qui n’écouterait que son instinct égoïste de recherche de plaisir et de satisfaction, en somme un être qui ne laisserait parler que ses pulsions naturelles et.... »

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