Explication de texte : extrait de "l'enracinement", Simone Weil
Publié le 27/02/2022
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Explication de texte
Extrait de “L’enracinement”, Simone Weil, 1949
Découpage du texte :
“Le besoin de vérité est plus sacré qu’aucun autre […]
À plus forte raison est-il honteux de tolérer l’existence de journaux dont tout le monde sait
qu’aucun collaborateur ne pourrait y demeurer s’il ne consentait parfois à altérer
sciemment la vérité.
(l.4)
Le public se défie des journaux, mais sa défiance ne le protège pas.
Sachant en gros qu’un
journal contient des vérités et des mensonges, il répartit les nouvelles annoncées entre ces
deux rubriques, mais au hasard, au gré de ses préférences [...] (l.7)
Tout le monde sait que, lorsque le journalisme se confond avec l’organisation du
mensonge, il constitue un crime.
Mais on croit que c’est un crime impunissable.
Qu’est-ce qui peut bien empêcher de punir une activité une fois qu’elle a été reconnue comme criminelle ? D’où peut bien venir cette étrange conception de crimes non punissables ? C’est une des plus monstrueuses déformations de l’esprit juridique.” (l.12) Explication du texte : Avec l’avènement des réseaux sociaux, n’importe qui est en capacité de s’exprimer en public, grands médias comme personnes lambda, l’accès à l’information est donc très simple, mais celui à la désinformation aussi. Qui que soit l’auteur d’une falsification d’informations, c’est un acte grave qui altère la vérité et peut avoir des conséquences sur les jugements de ceux qui la lisent. C’est ce que dénonce Simone Weil, philosophe humaniste française, pour qui la vérité est le plus grand besoin de l’âme, dans cet extrait de son livre “L’enracinement” publié en 1949 à titre posthume. En quoi cette désinformation journalistique empêche l’accès à la vérité et peut s’avérer dangereuse pour les lecteurs ? Nous verrons dans une première partie en quoi la désinformation constitue une entrave à la déontologie du journalisme et un manque d’éthique flagrant (l.1-4), puis dans un second temps quel rôle joue l’appartenance politique ou le courant de pensée d’un journal dans sa ligne éditoriale (l.5-7), et pour finir nous analyserons les raisons pour lesquelles désinformer est un crime et le rôle que joue la justice dans celui-ci (l.8-12). Dans ce premier passage, Weil introduit avec la phrase suivante “Le besoin de vérité est plus sacré qu’aucun autre” (l.1), on comprend d’ores et déjà que parmi tous les “besoins de l’âme” qu’elle cite dans son livre, incluant l’honneur et la liberté par exemple, la vérité est celui qu’il auquel il faut apporter le plus de respect. C’est pour cette raison d’après elle, qu’il n’est pas normal que des journalistes dont la vocation est d’informer sur la réalité, se permettent de détourner l’information de manière volontaire. En “altérant sciemment la vérité” (l.3-4), les journalistes ne respectent pas les devoirs qu’imposent leur vocation, énumérés dans la Charte de déontologie de Munich, qui présente les devoirs et droits des journalistes, dont le premier est “Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité.” De ce fait, en déformant la réalité ou en créant leur vérité, les journalistes manquent de respect au devoir primordial de leur métier, qui est d’informer de manière impartiale.. »
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