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Existe t-il une autorité légitime ?

Publié le 27/02/2008

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Avancer qu?un fondement possible de la légitimité du pouvoir est l?autotélisme, c?est dire que le pouvoir se légitime lui-même, qu?il est son propre fondement. C?est en effet une position énoncée par Max Weber dans son ouvrage intitulé « Economie et Société ». Le pouvoir peut être en effet dit « traditionnel » dans la terminologie Wébérienne : il repose alors sur un ensemble de coutumes dont l?autorité est renforcée par leur ancienneté et leur caractère immuable. Il s?agit bien d?autotélisme : le pouvoir se fonde lui-même, en rappelant sa propre ancienneté, en proclamant sa propre immuabilité pour obtenir le sentiment d?adhésion de ceux sur qui il s?exerce.     b.    Les limites de la légitimation autotélique du pouvoir   Cette première réponse à la question « qu?est-ce qu?un pouvoir légitime ? » ne peut que nous laisser un sentiment d?insatisfaction. Lorsque nous souhaitons trouver une raison justifiant la domination d?autrui sur nous-mêmes, la proclamation de l?ancienneté de son pouvoir sur nous ne nous convainc nullement. Il en va de même dans le domaine de la raison : l?autoréférentialité du discours pour se justifier (« j?ai raison parce que » ou bien « j?ai raison parce que c?est moi qui le dis ») n?emporte pas plus notre adhésion que l?autotélisme du pouvoir. Loin de consister en une référence du pouvoir à lui-même, le fondement d?un pouvoir légitime n?est peut-être pas intrinsèque, mais extrinsèque, il consiste sans doute en autre chose que lui-même : c?est ce que nous considèrerons à présent.

« par un être hors du commun.

b.

Les dangers d'un tel fondement de la légitimité du pouvoir Cependant, cette seconde définition, au même titre que la première, ne saurait nous convaincre pleinement.

En effet, si nous fondons lalégitimité du pouvoir sur le charisme du leader, nous risquons à terme de détruire la liberté des hommes sur qui s'exerce sa domination.C'est le risque dont l'ouvrage d'Hannah Arendt (« Le système totalitaire ») nous fait prendre conscience.

Pensons à Hitler, dont le pouvoirétait fondé sur la proclamation de ses qualités exceptionnelles (Jonathan Little, dans son roman «Les Bienveillantes » rappelle que lepeuple allemand le considérait comme un véritable génie).

Ce pouvoir, loin de garantir la liberté individuelle, tend à l'élimination de toutespontanéité humaine en général, et non simplement à une restriction.

Or, un tel pouvoir ne saurait être dit légitime.

III.

La légitimité du pouvoir fondée sur la rationalité a.

Solutions et apories de la démocratie Ultime fondement de la légitimité, la « raison » peut justifier la domination selon Max Weber dans l'ouvrage cité plus haut.

Dans ce cas, lepouvoir repose sur la croyance en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives de ceux qui exercent ladomination.

Cette croyance peut trouver son propre fondement dans l'expression de la volonté générale qu'est le vote.

Ainsi, nouspouvons dire qu'un pouvoir légitime est celui qui est fondé sur l'expression de la volonté générale.

Mais cette solution a ses limites.Schumpeter (dans « Socialisme, capitalisme et démocratie ») développe l'idée que la volonté générale finit par n'être la volonté depersonne, en raison de l'extrême complication des problèmes proposés à l'appréciation collective, que seuls les spécialistes maîtrisentvraiment, et non le plus grand nombre.

Si l'expression même de volonté générale est contestable, nous ne pouvons en faire defondement de la légitimité du pouvoir.

b.

La légitimité du pouvoir : l'adéquation entre son action et sa finalitépropre ? Nous proposerons une dernière solution à la question posée, en disant qu'un pouvoir légitime est un pouvoir dont l'action est conformeaux buts qui lui sont propres.

Dans le cas d'un pouvoir politique, sa légitimité consiste à permettre aux hommes à vivre en bonneharmonie (puisque d'après Aristote, dans « La politique », la cité à pour fonction essentielle de faire régner la justice, la paix et lasécurité).

La conformité de l'action du pouvoir avec les buts qui lui sont propre est donc la pierre de touche de la légitimité.

Conclusion : Nous ne pouvons dire qu'un pouvoir légitime se fonde sur lui-même : car la pérennité n'est pas une cause suffisante pour justifier sonétablissement.De même, nous ne pouvons dire qu'un pouvoir est légitime, parce qu'il est détenu par un être exceptionnel : ce pouvoir peut en effet êtreliberticide et foncièrement inacceptable.

A l'équivalence de la légitimité et de l'expression de la volonté générale, nous pouvons préférerdéfinir la légitimité du pouvoir comme une conformité entre son action et la finalité qui lui est propre.. »

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