Existe-t-il des violences légitimes ?
Publié le 10/03/2004
Extrait du document
- I Le droit a-t-il pour fin d'expulser la violence ?
«
1) Tout pouvoir tient sur lui-même le discours de la légitimité : il s'exerce au nom de la volonté divine (pouvoir dedroit divin), de la tradition (trône héréditaire), de la volonté populaire (démocratie), des lois de la race (nazisme) oude celles de l'histoire (marxisme).
2) La loi, qui est censée arbitrer les conflits à la place de la violence, ne peut-elle pas être l'instrument de ladomination de la classe au pouvoir sur les autres classes ? (Marx)• La loi, garantissant à chacun la jouissance de son bien, donc arbitrant en faveur des possédants, pourrait être unmoyen d'oppression d'autant plus efficace qu'il prétend se substituer à la violence.
« Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.
60-61].
La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin1848.
Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotismeabsolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.
« Il est bien plutôtun produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il estl'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante àconjurer.
Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêtséconomiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en unelutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites del'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elleet lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.
156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons,l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classesur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.
208 sq.] — l'ordre social.
D'oùl'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur lesmoyens d'y parvenir.
3) La légitimation de la violence serait sa « disparition » non pas en tant que la violence légitimée n'existe plus maisen tant qu'elle devient invisible.
C) Cette dissimulation de la violence d'État ne légitime-t-elle pas le recours à la violence - terroriste ourévolutionnaire - comme seul moyen de débusquer la violence comme fond de l'État ?
1) Si la justification idéologique de la violence avait pour but de nous dissuader d'y opposer une résistance, la seulefaçon de ne pas être dupe de cette idéologie, c'est d'opposer sa violence à celle de l'État.
2) La déconstruction du discours de « légitimation » de la violence d'État ne peut mener qu'à légitimer la violencerévolutionnaire ou insurrectionnelle.
(Sartre)
3) Si la violence révolutionnaire est célébrée comme « avènement de l'humanité », alors toute résistance à cetteviolence est criminelle.
(Sartre)• Ex.
: « Puisque les autres se font hommes contre nous, nous sommes les ennemis du genre humain.
» (Sartre).
»
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