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Existe-t-il des plaisirs contre nature ?

Publié le 22/06/2009

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Le plaisir constitue une des choses qui donne sens et valeur à notre vie. S’il diffère du bonheur, traditionnellement, son existence semble plus avéré dans la vie quotidienne que celle du bonheur. Nous entendons en effet souvent que le bonheur n’existe pas alors même que le plaisir est omniprésent dans nos existences. Cela me fait plaisir d’avoir reçu des fleurs, de manger ce plat ou de lire ce livre. Le plaisir se définit comme un état affectif agréable. On situe son origine dans la satisfaction d’un besoin, d’un désir ou dans l’accomplissement d’une activité. Son opposé est la douleur, qui se définit par son effet désagréable. Plaisir et douleur sont tous deux rattachés à la sensibilité de l’être humain et donc au sens. A ce titre, ils trouvent leur origine dans un objet extérieur et il semble bien que ces deux ressentis s’imposent à nous avec nécessité. Nous ne pouvons pas vraiment les contrer quand on les ressens. Par contre, nous pouvons rechercher des objets que l’on sait créateurs de plaisir. Pour certains, nous ne pouvons connaître le plaisir sans avoir déjà ressenti la douleur. D’ailleurs, pour Schopenhauer, dans Le monde comme volonté et comme représentation, le plaisir ne serait que la cessation de la douleur et n’aurait pas comme tel d’existence effective. Mais, il ne nous semble pas possible de nier la positivité du plaisir. Nous le ressentons souvent pour lui-même. Il s’agit ici de savoir si les plaisirs sont de manière général conforme à la nature. Le verbe « exister « renvoie ici à une possibilité réalisée, concrète de plaisir qui sont opposés à la nature. C’est ce dernier terme qui pose problème ici. La nature renvoie dans son sens général à tout ce qui existe en tant que réalité, sens restreint généralement à tout ce qui existe sans l’intervention de l’homme. On oppose alors ce qui est naturel, la graine qui pousse par le seul effet de la nature, de ce qui est artificiel et qui présuppose une activité humaine. De fait, la nature est aussi l’opposé de la culture, comme produit spécifiquement humain. Une des premières façons de poser la question ici est de savoir s’il y a des plaisirs qui viennent de la culture et donc des produits humains. Mais le terme de « contre nature « semble aussi une condamnation morale. La nature peut-elle nous donner l’idée de norme pour juger les plaisirs condamnables et ceux qui ne le sont pas ? On peut enfin entendre dans un dernier sens la nature comme l’ensemble des caractères innés d’une espèce ou d’un individu. On peut alors se demander s’il existe des plaisirs qui ne sont pas inscrits dans la définition d’un être. Existe-t-il une norme pour définir ce qui est dans la nature d’un être ou ne l’est pas ? Comment distinguer ce qui tient à la nature et ce qui n’en vient pas ?

« pouvons pas atteindre mais dès que je ressens du plaisir, c'est que j'ai la possibilité de le faire et cela est permis parla nature donc naturel. 3.

Le plaisir n'est qu'une ruse de la nature pour nous faire rechercher ce qui est bon Enfin, si on considère que le plaisir naît du désir alors on peut dire que le plaisir n'est qu'une ruse de la nature pournous faire accomplir ce qui vise la conservation de l'espèce.

Hegel reconnaît dans le chapitre IV de laPhénoménologie de l'esprit , que le désir est issu de la nature et découle de la vie même.

Il est commun pour lui avec les animaux.

De même, pour Schopenhauer, les désirs humains ne sont que la traduction à un niveau supérieur desvolontés de la nature.

La plante, par sa simplicité, peut trouver facilement ce qu'il faut pour survivre.

Avecl'évolution et la complexification de son organisme, l'homme ne pouvait se contenter d'attendre les élémentsnécessaires à sa vie.

Le désir alors fonctionne par motif mais il a l'unique but de diriger l'homme à exciter sa volontéet à conserver son espèce.

L'exemple le plus probant pour Schopenhauer est bien le désir sexuel et l'illusion del'amour.

Selon lui, le désir sexuel que nous considérons comme le fruit d'un amour avec une personne choisie n'estque la ruse de la nature pour perpétuer l'espèce.

Le plaisir ne serait alors que la sensation qui naît d'une satisfactionnécessaire à notre propre conservation.

II Les plaisirs sont modelés par la culture 1.

Désir et plaisir naturel et non-naturel .

Epicure, lui, a l'inverse ne condamne pas tous les désirs.

Il remarque que le plaisir est bien le but des actionshumaines et l a faculté de ressentir du désir constitue pour nous le bien suprême, et il nous faut la préserver à tout prix.

Mais il ne s'agit pas pour autant, au contraire de l'idée courante sur l'épicurisme, de satisfaire tous les désirs.Epicure réalise alors une nomenclature des désirs dans la Lettre à Ménécée : les désirs naturels et les désirs vains. Mais comment reconnaître les premiers : pour Epicure, il suffit simplement de remarquer ceux qui se rattachent ànotre corps et à sa santé.

Par exemple, le désir de nourriture (la faim) est un désir naturel ; il n'en va pas ainsi avecle désir du pouvoir politique ou de la gloire militaire, car notre corps peut se porter correctement même si noussommes de simples citoyens.

Epicure effectue cependant une autre distinction entre les désirs naturels etnécessaires et ceux qui sont simplement naturels.

Ainsi, les désirs naturels portent sur des objets dont l'absencemènerait rapidement l'individu à sa perte et au déclin.

Cependant, les désirs simplement naturels peuvent ne pasêtre assouvis sans danger pour l'individu.

Le désir de boire est nécessaire, celui de boire ce type de vin particulierne l'est pas.

Les autres désirs pour Epicure viennent de la peur de la mort.

Miné par la terreur du néant, l'homme nepeut connaître le contentement.

Cette crainte se convertit ici-bas par la peur de manquer : celle-ci suscite desdésirs multiples portant sur des biens palpables ou immédiats.

Ces désirs en créent à leur tour d'autres et l'hommeconstamment à la recherche d'un plaisir supérieur, gâche sa vie.

La distinction des désirs naturels ou non est alorsnécessaire pour se contenter de satisfaire les premiers et pouvoir connaître le repos de l'âme.

Cependant, enassociant désir et corps, Epicure ne nie-t-il pas tout spécificité du désir ? Il n'y aurait alors que le besoin naturel etle désir se constituerait de la catégorie de tout ce qui est vain.

2.

Le plaisir qui naît du désir est forcément culturelPourtant, une vision purement naturaliste du désir, telle que la développe Epicure tendrait à le réduire aux besoins, àune tendance consciente orientée vers les objets nécessaires de notre nature.

Désirer ne serait alors rien d'autreque chercher à accomplir ce que le besoin exige.

Gaston Bachelard s'oppose à cette conception en mettant enavant une distinction très nette entre le besoin et le désir.

Il affirme dans la Psychanalyse du feu que « la conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire.

L'homme est une création dudésir, non pas une création du besoin.

» Il réaffirme l'opposition du désir au besoin.

Ce dernier est naturel etobjectif : il répond à des nécessités vitales.

Le désir lui ne se rattache ni au biologique ni au vital.

Il arrache ainsil'homme à sa condition : il lui fait envisager ce qui n'est pas, un objet absent et imaginaire et nier ce qui est.

Ledésir vise donc autre chose que la simple survie : il arrache l'homme à l'emprise du besoin et vise le superflu : c'est-à-dire non pas manger, mais bien manger, accompagné par des amis,… Il précise ainsi « aussi haut qu'on puisseremonter la valeur gastronomique prime la valeur alimentaire.

» Pour l'auteur, si l'homme éprouve un plaisir à désirerc'est parce qu'il invente sa propre humanité et qu'il forme son existence.

Le superflu que vise le désir est donc lié àla naissance de l'esprit sous toutes ses formes culturelles : l'art, les sciences, les techniques,… Il n'y aurait pasalors à proprement parler de désirs et de plaisirs naturels.D'ailleurs, si le besoin se rattache au naturel, on peut se demander s'il y a vraiment plaisir à assouvir un besoin.

Est-ce le fait de manger quand j'ai faim qui me fait plaisir ou est-ce plutôt le fait de bien manger ? Le besoinn'engendrait qu'une cessation de souffrance mais le désir engendrerait véritablement un plaisir positif. 3.Le plaisir est mimétique et donc social - de plus, il faut considérer l'aspect mimétique du désir.

Il ne faut pas croire que mon désir naît à partir du néant.L'homme est un être qui est mû par un besoin d'imitation.

Cela lui est naturel comme le remarque Aristote.

RenéGirard a mis en exergue le fait que le désir portait généralement sur la chose désirée par autrui.

C'est ainsi, en autre,que naissent les modes.

Mais, pourquoi ce désir mimétique serait-il violent ? C'est que cette imitation va faire desindividus des rivaux.

C'est parce que l'autre possède quelque chose que ça me donne envie de l'obtenir : il suffitd'observer deux enfants devant plusieurs objets pour s'en convaincre : ils vont très vite se disputer le même.

Cetteimitation devient immédiatement conflictuelle : le modèle devient rival et le rival à son tour modèle.

Il y a alors uneescalade du désir et de la violence.

L'enfant fonctionne encore sous la loi du plus fort.

Il n'hésitera pas à s'emparerde l'objet de son désir par la force ou par la contrainte.

Le désir sans la raison est alors violence.

René Girard écritainsi “En imitant le désir de mon modèle, je l'encourage à imiter le mien et vice-versa.

L'imitateur devient le modèle de son propre modèle et l'imitateur de son propre imitateur.

[…] Ce que nous ignorons ou feignons d'ignorer, c'estque le conflit, c'est l'identité et non la différence.

Ce n'est pas vrai que les hommes se battent à propos d'idées, ils. »

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