Exemple d'explication de texte ? DESCARTES : les animaux-machines
Publié le 06/12/2020
Extrait du document
«
selon déjà établi dans leur nature, tout comme la capacité de l’horloge à donner l’heure.
S’il y a un
ordre apparent dans le vol des oiseaux migrateurs, qui ont l’habitude de se déplacer en V, les
scientifiques pensent aujourd’hui que c’est une manière d’optimiser la dépense d’énergie par une
formation aérodynamique.
Les combats des singes suivent certaines règles hiérarchiques sans que
ces règles soient conscientes ni délibérées.
Si Descartes n’a pas toutes les explications qu’on a parfois
aujourd’hui sur les comportements des animaux, il est intéressant de souligner sa démarche : il
refuse de considérer ces comportements comme « étranges », de s’étonner 2 et d’y voir une
intelligence à l’œuvre.
L’explication par l’instinct suffit, elle est à la fois plus rationnelle et plus
économique.
Le dernier exemple met bien en lumière cette démarche qui veut complètement
démystifier l’observation des comportements animaux.
« [L]’instinct [qu’ils ont] d’ensevelir leurs
morts » est rapproché par Descartes de la manière dont les chats et les chiens ensevelissent leurs
excréments : la comparaison est bien destinée à enlever toute analogie possible entre cet instinct des
animaux et la pratique humaine de la sépulture.
Pour les humains, il y a autour de cette pratique un
ensemble de croyances autour de la vie future, alors que chez les animaux, nous dit Descartes, il n’y a
pas plus de réflexion à y trouver que lorsque les chats et les chiens ensevelissent leurs excréments, ce
qui arrive d’ailleurs « presque jamais », précise Descartes pour montrer que c’est une action qu’ils ont
l’habitude de faire, ils n’y pensent pas.
On pourrait donc être impressionné par les performances des
animaux, si l’on oubliait que celles-ci sont purement instinctives.
L’instinct est en un sens plus fiable
que la réflexion car l’animal n’hésite pas ; il ne tâtonne pas ; il ne pèse pas le pour et le contre, ne
remet pas en question ce qu’il a fait.
L’instinct désigne en effet l’ensemble des tendances innées
(présentes dès la naissance) et héréditaires qui déterminent certains comportements spécifiques et
immuables communs à tous les membres d’une même espèce.
Ces tendances sont considérées
comme contraignantes dans la mesure où l’animal ne peut pas s’y opposer.
Ce comportement
instinctif est néanmoins susceptible d’adaptation chez certains animaux (mammifères supérieurs
comme les singes, les dauphins…) qu’il est possible de dresser.
La deuxième partie du texte soulève cependant une objection à l’idée développée dans la
première partie selon laquelle les animaux agissent sans réflexion et ne pensent pas.
Descartes
admet que l’on pourrait répondre par l’affirmative à la question de savoir si les animaux pensent, en
se basant non plus sur les « actions » ou les comportements, mais sur la constitution physique
générale des animaux (« les organes de leur corps ») et sur le fait qu’elle est quasiment identique à la
nôtre (une tête, un cerveau, un corps, des membres… des organes semblables aux nôtres).
Il
commence par reprendre la conclusion de la première partie : « les bêtes ne [font] aucune action qui
nous assure qu’elles pensent ».
On pourrait néanmoins remarquer que les relations que nous avons
tissées aujourd’hui avec nos animaux domestiques tendent à nous persuader du contraire.
Le lien
affectif que nous avons avec eux nous conduit à leur prêter des sentiments et des pensées.
Mais ne
s’agit-il pas là d’une dérive anthropomorphique qui tend à réduire voire à effacer la frontière entre
l’homme et l’animal ? Descartes pense au contraire que l’observation des bêtes nous porte plutôt à
exclure qu’elles puissent penser.
Il note cependant qu’un argument pourrait faire pencher la balance
dans l’autre sens : beaucoup d’animaux, en effet, sont globalement constitués comme nous.
Cette
ressemblance est d’ordre anatomique, physiologique ; ainsi puisque « les organes de leurs corps ne
sont pas fort différents des nôtres », rien n’interdit a priori d’admettre une telle hypothèse.
Le verbe
« conjecturer » signifie : jugé en fonction de probabilités, jugé sur des hypothèses non confirmées ;
présumer, supposer.
On peut, explique-t-il, établir une analogie entre l’homme et l’animal en ce qui
concerne les différents organes du corps qui présentent beaucoup de similitudes : à partir de là on
peut faire l’hypothèse qu’il « fonctionne » globalement comme nous ; c’est pourquoi, même si le
comportement de l’animal n’apporte jamais la preuve qu’il résulte d’une réflexion, on pourrait.
»
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