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Examinez cette définition de l'intelligence, proposée par Claparède : « La capacité de résoudre par la pensée des problèmes nouveaux ». ?

Publié le 10/02/2004

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D'où les deux faces alternativement éclairées de l'intelligence :- l'aptitude à répondre correctement à une situation donnée,- la conscience qui peut préparer cette réponse ou, en la réfléchissant, la dépasser pour en préparer de nouvelles.Pourtant, d'une part, l'intelligence n'est pas seule à créer de l'adaptation : des conduites automatiques peuvent réaliser des équilibres nécessaires et suffisants entre l'être et le milieu où il doit évoluer; d'autre part la conscience n'est pas toujours -- à beaucoup près - un facteur d'adaptation ou de réussite. Ferment d'inquiétude ou d'angoisse, elle peut, au contraire, apparaître comme la forme même d'une incapacité à réaliser l'équilibre, voire la survie. Aussi serait-il imprudent de définir l'intelligence de façon exclusive par un caractère qui peut lui être commun avec d'autres expressions de la vie. C'est pourquoi, sans doute, rassemblant les deux aspects de l'activité intelligente : l'adaptation réussie et l'effort mental, Claparède, en les limitant l'un par l'autre, propose cette définition : « la capacité de résoudre par la pensée des problèmes nouveaux ». Suffit-elle cependant à représenter clairement tout ce qu'on nomme intelligence ?La formule en cause se laisse décomposer en trois éléments : « capacité-de-résoudre », « des-problèmes-nouveaux », « par-la-pensée ». Le premier terme évoque comme une réserve d'efficacité susceptible de se manifester par une sorte de passage de la puissance à l'acte; le second précise que ce passage a lieu en des situations originales où l'emploi des mécanismes habituels ne suffit pas : dès lors, l'activité efficace procède d'une sorte d'invention, d'adaptation inaugurale; enfin la touche essentielle semble être donnée par le fait que l'acteur, si l'on peut dire, de la solution est désigné : il s'agit de la pensée. Pourtant alors que cette désignation est destinée à écarter toute confusion, à éliminer peut-être d'autres formes d'activité capables, elles aussi, de répondre correctement à des situations, l'emploi de l'expression « par la pensée » ne semble guère a priori tout à fait satisfaisant. Burloud, à propos de cette définition, remarque qu'elle ressemble fort à un cercle vicieux, parce qu'elle contient le mot pensée qui est à peu près synonyme d'intelligence ».

« Sujet 4056 Examinez cette définition de l'intelligence, proposée par Claparède : « La capacité de résoudre par la pensée des problèmes nouveaux ».

? Certes dans toute relation effective, entre un vivant et son milieu par exemple, il y a, pourrait-on dire, del'intelligence pour autant que cette relation se traduit par la création d'un équilibre; et c'est en cela qu'il estloisible d'affirmer que I'univers est pétri de pensée ou de finalité, alors synonyme d'intelligence.

Mais Claparèdese place, plus étroitement, au niveau de l'étude psychologique et se propose de distinguer sur le fond habituelde la pensée, au sens large du terme, des conduites inédites au cours desquelles la conscience d'une situationtrouve les instruments de la solution, au-delà bien entendu des comportements automatiques.

Ainsi la réactiondevient action, lorsque l'intuition de la difficulté structure, en quelque sorte, une activité dont ledéveloppement apparaît comme le fait d'une volonté.

Cette volonté tente un choix et le soutient par uneattention aux aguets, un jugement qui ne cesse de s'exercer sur les modalités du faire, en une sorted'invention.

La pensée dont parle Claparède est donc bien une attitude originale; non pas une penséequelconque, mais une pensée caractérisée par la conscience et la volonté, l'affirmation de tous les élémentssusceptibles d'être hiérarchisés par cette pensée elle-même.

Elle seule serait intelligence.Que l'on insiste sur la forme pratique ou l'aspect spéculatif de l'intelligence, toujours celle-ci se trouvedistinguée des autres mouvements capables de résoudre des problèmes, en ce sens qu'elle inaugure dessolutions qui ne sont possibles tout à fait que par la conscience de ce qu'il y a à faire.

Elle se manifeste sous laresponsabilité du sujet qui résoud le problème en tant qu'être intelligent, soit en faisant appel à desacquisitions antérieures (mais non pas exclusivement destinées à faire face à la situation actuelle :connaissances, méthodes, outils), soit en inventant la solution qu'il sera capable de reconnaître commesolution, en relation avec les moyens employés.

En ce sens, l'intelligence est non seulement ce qui fait, maisce qui rend compte du faire.

Lorsque le vieil Anaxagore dit que « l'homme est intelligent parce qu'il a une main», il attire certes l'attention sur l'importance du faire, sur le rôle de la manipulation, de l'activité qui transforme.Mais le propre de cette activité et ce par quoi elle suscite l'intelligence, c'est qu'elle éveille la conscience, lechoix manifesté par l'effort d'adaptation, de rectification.

La main transforme véritablement parce que l'espritdont elle attire l'attention finit par la guider, par utiliser des initiatives hasardeuses, ou même des maladresses.C'est pourquoi, évoquant le savant expérimentateur, Claude Bernard juge inséparables la tête et la main.

Demême, Valéry, après avoir signalé que la pensée et la main sont rivales chez l'artiste, ajoute : « L'une n'est riensans l'autre ».

Or, en cela l'intelligence n'apparaît pas comme une aptitude distincte, mais comme une activitéactuellement organisatrice qui juge, décide, donne suite en subordonnant et coordonnant.

Enfin, l'intelligenceest capable de se détacher de l'objet, de faire intervenir des abstractions : aussi Bergson voit-il en elle unecréatrice d'outils et, mieux encore, d'outils à faire des outils.

L'entendement y joue un rôle capital, utilisant sonmatériel de catégories, d'idées, d'associations conceptualisables. Ni l'instinct, ni l'habitude, ni l'action manuelle hasardeuse quelque efficace qu'elle puisse être, ne sont capablesde se penser comme tels.

La pensée au contraire est, selon le mot d'Aristote, la pensée de la pensée.

Aussiprenons en ce sens le mot de Claparède et disons que l'intelligence résoud en les pensant, c'est-à-dire enconscience, des problèmes qu'une aveugle activité ne saurait ni poser ni résoudre dans leur nouveauté.

Elle lefait sous la responsabilité du sujet qui confronte les moyens et les fins, quelques épaisses que soient d'abordles nuées où s'esquissent les solutions.. »

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