Étudiant le grave problème de la main-d'oeuvre qualifiée, un sociologue contemporain distingue plusieurs conceptions de l'apprentissage. Voici comment il caractérise l'une d'elles : « L'esprit techniciste (c'est-à-dire celui qui envisage les problèmes de l'industrie sous l'angle exclusivement ou principalement technique) exclut comme superflu, et peu réaliste, l'apprentissage qui relie la culture générale aux connaissances professionnelles. » Discutez, après l'avoir expliquée, la conce
Publié le 14/06/2009
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introduction. — La remise en train de l'industrie, à la suite d'une guerre qui causa tant de bouleversements, tant de destructions et qui suspendit la formation d'un personnel qualifié, puis l'organisation du Marché Commun, posent de graves problèmes. Il faut produire, produire rapidement et abondamment. Or, les hommes compétents manquent autant que les machines et les matières premières. Comment préparer les ouvriers de demain ? Comment organiser l'apprentissage ? Il est de ce dernier une conception techniciste « que nous allons exposer ; ensuite, nous la discuterons. I. — EXPOSÉ A. Le technicisme. - Une technique consiste dans l'ensemble des procédés de production ou, d'une façon plus large, des procédés aptes à obtenir un but pratique déterminé. Ainsi, il y a une technique du fer et une technique du bois, une technique de la prospection des terrains pétrolifères, une technique de la publicité et de la propagande ; il y a aussi une technique de la dissertation, de l'art oratoire, du travail scientifique. Mais, lorsque le terme est employé absolument, il désigne la technique industrielle constituée par l'ensemble des méthodes destinées à obtenir le produit le meilleur possible et le plus économiquement possible. Ainsi, la technique diffère de la science : tandis que celle-ci ne vise qu'à faire comprendre et à faire connaître, la technique est orientée vers l'action et la production. La science consiste dans un savoir ; la technique dans un savoir faire. On entrevoit par là ce que peut être le « technicisme «. Le suffixe -isme, en effet, marque souvent le caractère exclusif d'une théorie qui ne voit qu'un côté des choses : c'est ainsi que s'opposent étatisme ou socialisme et individualisme, classicisme et romantisme, traditionalisme et modernisme... Par suite, le technicisme se caractérise par la tendance, dans l'organisation du travail industriel, à ne tenir compte que des procédés matériels d'exécution ou du moins à les mettre au premier plan de ses préoccupations. L'esprit « techniciste « se préoccupe de préciser rigoureusement comment l'ouvrier doit tenir son outil, quelle doit être l'allure de ses mouvements pour que le rendement atteigne le maximum et que l'ouvrage soit impeccable...; il fait abstraction des intérêts humains et moraux du travailleur, ne le considérant, en tant que technicien, que comme un instrument de production.
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