Etude de texte : la Nouvelle Héloïse de Rousseau
Publié le 21/10/2014
Extrait du document
«
l’imaginer.
L’imagination est une faculté subjective, ma représentation de l’objet de mon désir
peut ne pas être la même que la représentation de quelqu’un d’autre du même objet.
Les
propriétés que je lui attribue sont propres à moi, et même s’il ne m’appartient pas, ce que je
m’imagine m’appartient.
Tout ce qui relève de l’imaginaire fait appel à mes émotions.
C’est
pourquoi l’objet du désir peut nous apparaitre plus ou moins beau, plus ou moins jouissif, dans
la représentation que nous nous faisons.
Le désir est alors une force, puisqu’il nous fait
imaginer, embellir, sentir, et se sensibiliser mais ce qui n’est pas à notre porter.
Nous pouvons
par exemple nous imaginer la sensation de voler, sans pour autant pouvoir voler, comme nous
pouvons nous imaginer une relation avec une célébrité, sans pour autant que ça arrive.
L’imagination, comme le désir, est illimité, puisqu’elle dépend d’un monde qui n’existe pas, qui
n’a donc aucune barrière.
C’est pourquoi dans la suite du texte, Rousseau dit « pour lui rendre
cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion ».
Le fait qu’il n’y ait pas
de limite, l’irréel peut intervenir dans notre perception du désir plus ou moins fortement, pour
nous procurer plus ou moins de plaisir rien que par le fait d’y penser et de se l’approprier dans
notre pensée.
Mais par une trop forte influence de l’imagination, un désir au départ plausible
peut devenir impossible, or selon Sénèque, les seuls désirs valables sont les désirs possibles,
pour ne pas que l’homme se crée un monde d’illusions.
L’imagination aurait donc un pouvoir de
rapprochement, par l’appropriation du désir, mais un pouvoir d’éloignement du désir de la
réalité.
A pres avoir montré les aspects positifs de l’attente du désir, notamment grâce à
l’imagination, Rousseau démontre les conséquences négatives de la réalisation du désir chez
l’homme.
D’après lui, le plaisir ressenti par l’attente s’évapore au moment même de
l’acquisition de l’objet du désir.
« Mais tout ce prestige disparait devant l’objet même » : c’est
ce moment de chute, ou toutes nos espérances et nos visions de l’objet se retrouvent confrontées
à la réalité.
En état de désir, l’imagination a la faculté d’effacer toutes les imperfections, pour ne
garder que les qualités et les grossir.
Or, lorsque nous cessons de désirer par la réalisation de
notre désir, ce monde artificiel n’existe plus, l’objet nous apparait tel qu’il est vraiment, pleins
de défaut.
L’idéalisation de l’attente ne nous fait pas souffrir sur le moment, mais plus tard,
lorsqu’on atteint notre but premier de réaliser nos désirs.
C’est ce qu’il dit « rien n’embellit plus
cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce que l’on voit ».
Le retour à la réalité
met fin à toutes nos illusions qui pourtant nous ont donné la force d’attendre l’objet du désir, car
l’imagination nous faisait croire à un tel plaisir futur qu’il valait la peine d’attendre.
Mais
lorsque l’objet se trouve face à nous, nous ne pouvons pas modifier la réalité, car notre
perception devient alors objective, et non pas subjective comme le proposait l’imagination.
Dans la phrase « l’illusion cesse ou commence la jouissance » et le reflet de cette situation.
A
l’obtention de l’objet ou la réalisation du désir, nous éprouvons un certain plaisir premièrement
(la jouissance) puisque tout ce que nous imaginions devient réel (l’illusion cesse).
Mais la
jouissance n’est que de courte durée puisque petit à petit, l’objet ne sera plus idéalisé.
L’expression française « tomber de haut » vient alors de cette situation : après toutes nos
expectatives, la réalité nous déçoit, au point de nous faire sentir une certaine trahison, un mal-
être.
A la suite, Rousseau réalise une synthèse ou il affirme que « Le pays des chimères est en ce
monde le seul digne d’être habité », a quoi il faut comprendre que les illusions de l’homme
rendent l’homme heureux, et non pas en constant désespoir.
La chimère est un mythe, et fait
donc preuves de croyances dans certaines civilisations.
En remplaçant le mot chimère par
illusion, on comprend bien qu’il est mieux, selon Rousseau, de vivre dans l’illusion, que dans la
réalité.
La dernière partie du paragraphe, « et tel est le néant des choses humaines, qu’hors
l’Être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas » met en garde sur la.
»
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