Etre sans motif, est-ce être libre ?
Publié le 24/05/2012
Extrait du document
Nous répondons sans hésiter par la négative. La liberté
n'est pas le pouvoir de se décider sans motif. Cette réponse
se fonde d'abord sur l'expérience. Analysons les faits apportés
à l'appui de la conception populaire de la liberté ; nous trouverons
toujours une raison de l'acte qu'on dit accompli sans
raison, en particulier dans les cas apportés par les partisans...
«
58 NOTIONS DE PSYCHOLOGIE
librement, sans être gêné, non seulement par les contraintes
physiques qui peuvent s'exercer sur ses membres, mais aussi
par
l'impulsion d'une affectivité étrangère à la raison.
Ill
Il nous reste à écarter une objection : si la liberté consiste
à agir pour des motifs, ce sont les motifs qui nous déterminent
et nous ne faisons jamais de ces choix qui semblent constituer
l'essentiel de la liberté.
Nous le reconnaissons, si nous nous plaçons au niveau des
motifs, nous nous déterminons toujours pour le motif le plus
fort et, si l'on veut, c'est le motif qui nous détermine sans
qu'il y ait de possibilité de choix.
Mais nous ne sommes pas naturellement au niveau des
motifs : il faut nous y élever.
Quand nous nous laissons aller
à nous-mêmes, nous sommes menés par les mobiles, c'est-à-dire
par
l'attrait que les choses exercent sur nous.
Nous ne sommes
amenés à
tenir compte des motifs ou des raisons que par un
effort de volonté qui doit être renouvelé sans cesse.
L'acte
libre consiste précisément à choisir entre l'ordre des mobiles
et celui des motifs.
On ne peut pas dire que ces derniers sont
nécessairement plus forts : ils le sont pour celui qui s'est déjà
élevé
au niveau rationnel, pour celui qui a fait son option ;
pour celui
qui reste au niveau du sensible, aucune raison ne
prévaut contre le moindre des attraits qu'il éprouve.
Ainsi, quoique conçue comme déterminée, en un sens, par
les
motifs, la liberté implique un pouvoir de choisir qui passe
pour lui
être essentiel.
Conclusion.
- En définitive, la liberté est une conséquence
du
pouvoir de nous élever de l'individuel et du sensible à l'uni
versel et au rationnel.
Ainsi comprise, la liberté ne s'oppose
ni
au principe du déterminisme fondé sur le principe de raison
suffisante, ni à l'expérience que nous avons de
pouvoir choisir:
nous agissons librement lorsque nous substituons le détermi
nisme des motifs à celui des mobiles.
UN DISTINCTION TROP PEU SOULIGNÉE
Quelle différence voyez-vous entre une cause et un motif ?
(Nice, juin 1966, Sciences expér.).
»
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