Etre morale, est-ce être animé de bonnes intentions ?
Publié le 24/05/2012
Extrait du document

Il est aussi une certaine conception de la morale religieuse, qui se rapproche sensiblement de la théorie kantienne : celle qui voit l'unique fondement de la moralité dans l'obéissance fidèle à la volonté de Dieu...

«
L'ACTE MORAL 155
pie, n'est-il pas plus coupable que l'intention de tuer; le don
généreux, plus
méritoire que l'intention de donner?
La question ainsi posée comporte une réponse différente,
du moins plus nuancée.
Dans ce contexte, en effet, le mot
" intention " désigne une décision révocable ou même un projet
plus ou moins vague, quand ce n'est pas un simple rêve; vel
léités et non volitions véritables.
Nous avons ainsi des milliers
d'intentions qui n'auront jamais un commencement d'exécution.
De bonnes intentions de ce genre on dit que l'enfer est pavé.
Inutile de le dire, ce ne sont pas des intentions de cet ordre
qui suffisent à faire la valeur morale de l'acte: ne vaut que
l'intention comportant une décision véritable, et le seul moyen
de
s'assurer qu'une décision a été prise c'est de vérifier s'il
y a eu un commencement d'exécution.
Mais, dans ce cas, 1 'in
tention suffit à assurer la valeur morale de l'acte qui n'a pas
abouti.
Ainsi, en majeure partie, les dons américains apportés,
après
la Libération, par le "train de l'amitié, ne furent pas dis
tribués à leurs destinataires par suite de l'incendie des entrepôts
de Charenton ; le service projeté ne fut pas rendu ; et cepen
dant le mérite des donateurs est le même que si leur généreux
envoi
était parvenu aux enfants qu'ils voulaient secourir; la
réussite de
leur projet n'aurait rien ajouté à sa valeur morale,
qui
était tout entière dans l'intention.
Mais, on le voit, l'intention ainsi comprise implique une
véritable action qui, pour être parfois plus intérieure qu'exté
rieure, n'en est pas moins réelle.
Aussi bien n'est-ce pas sur
la valeur morale de l'intention pure que nous avons à nous
prononcer.
Nous ne considérons que
l'intention qui s'est réa
lisée en acte, et nous nous demandons si c'est d'elle seule que
cet acte tire sa valeur morale, ou bien si cette valeur est affec
tée par les accidents qui peuvent, indépendamment de l'inten:
tion, survenir dans la réalisation de l'acte.
En d'autres termes,
la valeur morale de nos actes dépend-elle uniquement de ce
que nous
voulions faire ou faut-il tenir compte de ce que nous
avons
fait sans le vouloir ?
Ayant ainsi précisé la question, nous ne pouvons pas hési
ter à faire une réponse différente: c'est l'intention qui fait
toute la valeur morale de nos actes.
Peu importe que, m'étant
proposé comme garde-malade bénévole d'un malade sans famille,
je lui aie par erreur administré un narcotique mortel, mon action
n'en est pas moins charitable.
Peu importe que mon arme n'ait
pas fonctionné : si j'ai tiré sur mon ennemi avec l'intention de.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Suffit-il d'avoir de bonnes intentions pour bien faire ?
- l'enfer est-il pavé de bonnes intentions ?
- Est-il vrai que l'enfer est pavé de bonnes intentions ?
- Le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions ?
- La morale et l'amour, un mariage impossible avec le roman le diable au corps de raymond radiguet