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Etre moral, est-ce vouloir le bien d'autrui ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   -          Etre moral consiste moins en un état de fait que dans une action perpétuelle. La moralité n'est pas à proprement parler, elle s'exerce sans cesse, elle fait l'épreuve de la réalité. Et c'est pour cette raison que la question de la morale relativement au rapport qu'elle doit entretenir avec autrui est fondamentale. -          On peut en effet, parce que la morale est avant tout un exercice de soi en tant qu'on se rapporte au monde et à ceux qui le composent, s'interroger sur la question de la définition du rapport moral à autrui. Qu'est-ce encore qu'être moral envers autrui ? Ou plutôt, qu'est-ce qu'agir moralement envers autrui ? Ici, on nous demande de penser si l'équation être moral et vouloir le bien d'autrui est légitime et si elle est suffisamment inclusive pour prendre en compte tous les champs et toutes les exigences que requiert toute action pour être qualifiée de morale. -          Il semble qu'ici soit poser une équation entre d'un côté l'être moral et de l'autre le vouloir le bien d'autrui. Ce qu'on nous demande d'interroger ici, comprenons le, ce n'est pas tant de savoir si vouloir le bien d'autrui est une conséquence de toute action morale en tant qu'elle ne doit pas lui nuire (sinon justement elle est immorale), c'est bien plutôt - ce qu'on doit ici penser - de savoir si le vouloir le bien d'autrui est au principe de l'action morale, si donc pour agir moralement, encore faut-il délibérer sur le bien d'autrui et chercher à le réaliser ? C'est donc le vouloir le bien d'autrui en tant qu'il est définit comme le principe, le fondement de tout être moral qui est ici mis à la question. -          Autrement dit, c'est le rapport de la morale à l'intérêt qui est ici en jeu : la morale peut-elle viser, de manière principielle, le bien d'autrui ; ou pour le dire autrement, l'action morale doit-elle être motivée par le fait de prendre en compte le bien d'autrui et  de chercher à le réaliser ? -          En réalité c'est l'essence de la morale, en tant qu'universelle et nécessaire, qui est ici mise à la question. Car si telle action à pour principe le vouloir le bien d'autrui, peut-être que cette même action nuira à une autre personne. Il semble donc qu'il faille remettre en question la relation entre morale et prise en compte de l'intérêt si l'on veut pouvoir définir légitiment le rapport qu'entretienne le principe de la morale et le bien d'autrui, et a fortiori, si l'on veut fonder une morale proprement universelle.   Problématique               Peut-on poser une équation entre être moral et vouloir le bien d'autrui, équation telle qu'elle rende compte de l'essence même de toute action morale ? Une telle subordination du vouloir le bien d'autrui à l'être moral ne relève-t-elle pas plutôt d'une confusion entre ce qui est au principe de toute action morale - et qui par là la définit en tant que telle - et de ce qui en est le résultat, la conséquence - sans entrer dans le champ de la délibération morale elle-même ? C'est donc la nature de l'action morale en tant qu'elle se rapporte à autrui qui est donc ici mise à la question.

« immédiatement de percevoir les actions faites avec bienveillance. · La bienveillance est à l'origine de toutes les vertus, elle est une tendance à se soucier d'autrui et de son bien.

Elle est elle-même rendue possible par la sympathie.

Mais si elle l'asuppose elle ne s'y réduit pas.

La bienveillance est un instinct direct, une tendancenaturelle (cf.

Enquête sur les principes de la morale, Appendice III).

Il s'agit d'unetendance à approuver les qualités qui contribuent au bonheur et au bien d'autrui, elle nes'oppose pas à la prise en compte de l'utilité des actions.

Elle ne vise pas simplement nospropres intérêts mais celui aussi de ceux qui nous entourent, et c'est pour ça qu'elle est àl'origine de toutes les vertus, naturelles comme artificielles chez Hume.

Ainsi, il s'opposeaux morales de l'égoïsme, puisque la bienveillance semble directement liée au fait de seréjouir du bien d'autrui, et de s'attrister de leur malheur, elle a l'air d'être une certaineorientation de la sympathie.

L'estime ne varie pas en fonction de la proximité des personnesconsidérée. II.

Mais cette volonté de faire le bien n'épuise pas les caractéristiques de la morale, voire, dans un certain sens, la contredit · Le problème d'une telle définition de la morale est double : d'abord, on remarque que pour être moral, encore faut-il être capable d'identifier le bien d'autrui.

Ensuite, il fait quel'action morale à pour principe la prise en compte d'un intérêt – qui n'est certes passeulement privé puisqu'il s'agit du bien d'autrui, mais qui ne rejette pas toute prise encompte de son bien propre tant qu'il ne nuit pas à autrui. · Si l'on prend les problèmes dans l'ordre : comment en effet être sûr d'agir moralement si je vise le bien d'autrui.

Ma volonté peut être mal orientée en tant qu'elle identifie un bienpour autrui qui s'avère en définitive en mal.

Le problème que pose l'équation être moral etvouloir le bien d'autrui, c'est qu'il nie la relation fondamentalement ambiguë de la relation àautrui.

En effet, vouloir le bien d'autrui et ordonné sa conduite de telle manière, c'est enréalité croire que ma volonté propre peut se substituer à la volonté d'autrui ; c'est enquelque sorte – et ce de manière involontaire, ou du moins à titre de conséquence nondirectement voulue – nier à autrui son caractère d'être humain libre et autonome, c'est-à-dire capable d'obéir à sa propre loi.

Car, en effet, connaît-on vraiment en quoi consiste lebien d'autrui ? C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il faut comprendre la formuleplatonicienne « nul n'est méchant volontairement » : tout en croyant agir pour le bien, jefais le mal, ignorant que je suis du véritable bien.

Ainsi, une telle équation peut parvenir àson contraire, c'est-à-dire à l'immoralité même : on comprend alors qu'une telle équation,réduite à elle-même, ne saurait définir légitimement ce qu'être moral.

Parce qu'unedéfinition, à proprement parler, doit faire ressortir le caractère universel et nécessaire d'unconcept, ici celui de la morale.

Or, vouloir le bien d'autrui se confronte dans les faits à unetrop grande multiplicité de résultats, parfois contradictoires, qui ne fonde pas absolumentl'essence de l'être moral. · De la même manière, dire qu'être moral c'est vouloir le bien d'autrui, c'est en réalité admettre, eu sein même du champ moral, qu'on la subordonne à la prise en compte d'unintérêt – ici ce n'est certes pas la prise en compte d'un intérêt privé et égoïste, mais celareste l'intérêt d'autrui qui pourrait tout à fait être encore un moyen indirect de réaliser monpropre bien.

Autrement dit, établir l'équation entre être moral et vouloir le bien d'autruic'est oublier le caractère proprement désintéressé de la morale, au sens kantien.

En effet,pour Kant (Fondements de la métaphysique des mœurs), la morale doit avoir pour principele désintéressement, c'est-à-dire que l'action morale ne doit pas se fonder sur unequelconque prise en compte de l'intérêt propre ou d'autrui, sinon elle n'est pasauthentiquement moral.

En effet, le caractère proprement moral d'une action est de valoiruniversellement.

Or, qu'il s'agisse de son propre bien ou du bien d'autrui, cela reste toujoursattaché à la contingence.

L'être moral doit s'élever à l'universalité et au désintéressement.Une telle équation ne saurait donc être juste et légitime.

comprenons cependant que Kantne met pas hors champ le bien d'autrui – il est évident qu'une action morale ne doit pasêtre au principe du mal ou d'une nuisance envers autrui –, Kant affirmer simplement que levouloir le bien d'autrui ne peut pas entrer dans la définition de l'être moral, il ne peut pasen être au principe, ce qui n'est pas la même chose.

Cette nuance explique d'ailleurs laspécificité du seul sentiment moral réel, à savoir le respect.

Etre moral c'est donc avanttout respecter, au sens fort du terme, autrui comme une fin en soi.

III. Etre moral avec autrui c'est plus fondamentalement le respecter : un sentiment moral à part · La subordination de l'amour de soi au respect d'autrui ne signifie pas effacement de soi, dans un altruisme mal fondé.

Au contraire, respecter autrui, c'est respecter l'autre en moi-même, c'est-à-dire l'humanité en ma personne.

C'est pourquoi le précepte chrétien « tuaimeras ton prochain comme toi-même » doit être entendu comme essentiellementréversible. · En donnant à la loi morale sa formulation : « agis de telle sorte que la maxime de ta. »

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