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Etre et essence

Publié le 13/04/2024

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« DE ENTE ET ESSENTIA L’ÊTRE ET L’ESSENCE OPUSCULE 30 (1254-1256) DE SAINT THOMAS D'AQUIN Editions Louis Vivès, 1857 Édition numérique, http://docteurangelique.free.fr, Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin INTRODUCTION.................................................................................................................................................

1 CHAPITRE I: DIVERS SENS DE L'ESSENCE ...............................................................................................

1 CHAPITRE II: L’ESSENCE N’EST NI MATIÈRE NI FORME SEULES....................................................

2 CHAPITRE III: LE TERME « CORPS » ..........................................................................................................

4 CHAPITRE IV: LES DEUX SENS DE « NATURE» ........................................................................................

6 CHAPITRE V : L'ETRE ET L’ESSENCE ........................................................................................................

8 CHAPITRE VI: LES PERFECTIONS DE L’EXISTER PUR .......................................................................

11 CHAPITRE VII: L'ESSENCE ET EXISTENCE DANS LES ACCIDENTS................................................

13 INTRODUCTION Selon Aristote, une légère erreur dans les principes engendre une conclusion gravement erronée: or, l’être et l’essence étant ce que l’intelligence conçoit en premier lieu, tomme dit Avicenne 1 il faut éviter toute ignorance à leur sujet, et pour cela 1° Analyser le sens des mots essence et être, 2° déterminer de quelle façon les concepts ainsi obtenus se trouvent réalisés dans les choses diverses par ailleurs, 3° de quelle manière ces concepts se réfèrent aux notions logiques de genre, espèce, différence. Par ailleurs, nous devons atteindre une connaissance des choses simples en partant des choses composées, et parvenir à ce qui est antérieur par l’intermédiaire de ce qui est postérieur, afin que l’enseignement soit plus adapté en commençant par les éléments les plus faciles.

C’est pourquoi, il faut procéder de la signification de l’être à celle de l’essence. CHAPITRE I: DIVERS SENS DE L'ESSENCE II faut savoir que, comme le dit Aristote, l’être au sens strict se dit en deux acceptions: 1° l’être qui est divisé en dix catégories, 2° l’être qui signifie la vérité des jugements, Voici la différence entre ces deux significations à la seconde on appelle être tout ce au sujet de quoi on peut former une proposition affirmative, même si cela ne correspond à rien dans la réalité — c’est en ce sens que les privations et les négations sont appelées des êtres ; nous disons, en effet, que l’affirmation est l’opposé de la négation, que la cécité est dans l’oeil. Mais selon la première signification, on ne peut appeler être qu’une chose qui existe dans la réalité.

C’est pour quoi, en ce sens-là, la cécité et autres choses semblables ne sont pas des êtres.

Le terme essence n’est pas pris de lire au second sens en effet, ce qui est appelé être en ce sens n’a pas d’essence comme il apparaît dans les privations; mais essence est pris de être au premier sens.

C’est pourquoi, Averroès, en commentant le texte d’Aristote, dit que « l’être employé au premier sens est ce qui signifie la substance de la chose ». Mais, comme il a été dit, l’être en ce premier sens, désigne ce qui est divisé en dix catégories ; c’est pourquoi, il faut que l’essence signifie quelque chose de commun à toutes les natures par lesquelles les divers êtres sont classés en divers genres et espèces, comme l’humanité est l’essence de l’homme, et ainsi des autres.

Or, la définition indiquant ce qu’(quid) est la chose signifie ce par quoi les êtres sont constitués dans leur genre ou espèce propre ; c’est pour cela que le terme essence a été changé par les philosophes en celui de quiddité, et c’est là ce qu’Aristote appelle souvent le quod quid erat esse, c’est-à-dire le ce qui fait qu’une chose est ce qu’elle est. On l’appelle aussi forme, car c’est par la forme qu’est signifiée la détermination de chaque chose, comme le dit Avicenne On l’appelle encore d’un autre nom: nature, en prenant le mot nature dans le premier des quatre sens énumérés par Boèce : à savoir, en tant que par nature est exprimé tout ce que l’intelligence, peut saisir d’une manière quelconque.

En effet, une chose n’est intelligible que par sa définition et son essence.

Et c’est ainsi qu’Aristote dit : toute substance est nature.

Cependant, le terme nature pris en ce sens semble signifier l’essence de la chose selon qu’elle soutient une relation à son opération propre, puisqu’aucun être n’est dépourvu d’une opération propre.

Tandis que le terme quiddité est tiré de ce qui est signifié par la définition.

L’essence en énonce que, par elle et en elle, l’être possède l’existence. CHAPITRE II: L’ESSENCE N’EST NI MATIÈRE NI FORME SEULES C’est parce que l’être est dit de façon absolue et primordiale des substances, et d’une façon secondaire et comme relative des accidents que l’essence [aussi] se trouve proprement et vraiment dans les substances, relativement et d’une certaine manière dans les accidents. Or, certaines substances sont simples, et d’autres, composées ; dans les unes et les autres, il y a essence.

Mais les simples, ayant un exister plus élevé encore que les composées, l’essence s’y présente d’une manière plus vraie et plus élevée; elles sont en outre, causes des substances composées, au moins la substance première et simple qui est Dieu.

Mais, parce que les essences de ces substances nous sont plus cachées, il faut commencer par les essences des substances composées afin que l’étude soit plus aisée en partant du plus facile. Dans les substances composées, par conséquent, la forme et la matière se présentent à nous à la manière de l’âme et du corps dans l’homme.

Or, l’on ne peut dire que l’essence soit l’un ou l’autre de ces composants seulement.

En effet, que la matière seule ne soit pas l’essence c’est clair, parce que c’est par son essence que la chose est connaissable et qu’elle appartient à l’espèce ou au genre; mais la matière n’est pas principe de la connaissance et ce n’est pas elle qui détermine une chose à un genre ou une espèce — (cette détermination vient de ce par quoi la chose est en acte).

Et, de plus, la forme seule ne peut être l’essence de la substance composée, bien que certains s’efforcent de l’affirmer.

C’est là une vérité qui ressort avec évidence de ce qui précède: l’essence est ce qui est signifié par la définition de la chose; or la définition des substances naturelles contient non seulement la forme, niais aussi la matière — autrement, en effet, les définitions naturelles ne différeraient pas des définitions mathématiques.

On ne peut pas dire non plus que la matière soit introduite dans la définition de la substance naturelle comme ajoutée à son essence, ou comme un être extrinsèque à son essence.

Cette sorte de définition en effet est propre aux accidents, qui n’ayant pas une essence parfaite ont besoin d’inclure dans leurs définitions un sujet qui est en dehors de leur genre.

Il est donc évident que l’essence comprend et la matière et la forme. L’essence ne signifie pas davantage la relation entre la matière et la forme ou quelque chose qui leur soit surajouté; parce que cela serait nécessairement accidentel, étranger à la chose et inapte à la faire connaître — tous caractères propres à l’essence.

Par la forme en effet, qui est l’acte de la matière, la matière devient être en acte, elle devient ce quelque chose.

C’est pourquoi, ce qui est surajouté ne donne pas à la matière d’être en acte purement et simplement, mais d’être en acte à tel point de vue, comme font les accidents — ainsi la blancheur fait qu’une chose est blanche en acte.

C’est pourquoi, quand une telle forme est acquise, il n’y a pas génération absolue, mais génération relative. Il reste donc, que le terme d’essence dans les substances composées signifie ce qui est composé de la matière et de la forme.

Et avec cette position s’accorde la parole de Boèce dans le Commentaire des Catégories quand il dit que l’ oùsia signifie le composé : oùsia en effet, pour les Grecs, est l’équivalent de l’essence pour nous, comme lui-même le dit dans le livre Des Deux Natures.

De plus, Avicenne remarque que la quiddité des substances composées est le composé même de matière et de forme.

Averroès, à son tour, commentant le septième livre des Métaphysiques dit : « La nature qu’on appelle espèce dans les choses engendrables est une sorte d’intermédiaire, c’est-à-dire le composé de matière et de forme » La raison est aussi d’accord avec cela, parce que l’être de la substance composée n’est pas celui de la forme seule, ni celui de la matière seule, mais celui du composé lui-même.

C’est pourquoi il faut que l’essence par laquelle la chose est dénommée être ne soit ni la forme seule, ni la matière seule, mais l’une et l’autre, bien que d’un tel être la forme seule soit, à sa manière, la cause.

Nous remarquons en fait, le même phénomène dans les autres choses qui sont constituées de plusieurs principes : la chose n’est pas dénommée par un de ces principes seulement, mais par leur synthèse — ainsi qu’il apparaît dans les saveurs, parce que l’action du chaud sur l’humide produit le doux; et, bien que en ce sens la chaleur soit la cause de la saveur sucrée, cependant le corps doux ne tire pas son nom de la chaleur mais de la saveur qui est une.... »

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