Était-on dans une connaissance non scientifique aussi longtemps que l’on ne considérait pas l’organisme comme une machine ?
Publié le 21/01/2020
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monstrueux : une machine ne peut être ni monstrueuse, ni malade (la panne n’est pas la maladie).
- Le modèle mécaniste a une justification philosophique (contre Aristote) et historique. Il est limité par rapport à la totalité du vivant : on ne peut comparer à une machine qu’un corps lui-même complexe — l’animal ou l’homme (l’anatomie commence à être connue au XVIIe siècle). Mais les organismes simples remplissent toutes les fonctions vitales de façon plus souple que la machine. Il y aurait ainsi dans le modèle mécaniste une tendance à l’anthropocentrisme : dans le vivant on privilégie l’homme.
«
CORRIGÉ21
[I.
Le vitalisme aristotélicien]
- Aristote (Des parties des animaux) assimile la vie à l'âme, parce que
c'est l'_âme qui rend la vie possible.
Ce vitalisme s'accompagne d'un fina
lisme selon lequel c'est la fonction (le but à obtenir) qui crée l'organe et
détermine l'articulation des différents organes dans le vivant.
- On doit alors s'interroger sur l'origine de l'âme.
Si elle importe la
vie dans la matière, il faut considérer la série des « moteurs » successifs
assurant la transmission du mouvement d'un corps au suivant.
Cela mène
à l'affirmation d'un principe divin, comme premier moteur immobile.
Ainsi, l'analyse de l'organisme s'effectue en complicité avec une
réflexion métaphysique.
- Ce point de vue, non scientifique, fait pourtant émerger les questions
radicales de toute étude du vivant : comment penser lorganisme sans pré
sence sp·irituelle l'animant? comment considérer l'ensemble de ce qui vit
sans s'interro"ger sur la finalité ?
[Il.
Situation historique du mécanisme]
- Prenant ses distances à l'égard d'Aristote, Descartes affirme l'hétéro
généité de l'âme et du corps : il n'y a d'âme que dans l'homme (et non,
comme l'affirmait Aristote, dans tout vivant).
En son absence, le corps
humain est comparable à tout autre, et réductible à un modèle mécanique.
- Voulant initier une étude géométrique de la matière, Descartes ne
cherche plus les principes du vivant au-delà de la physique.
La métaphy
sique intervient pour l'analyse de l'âme, non pour celle du corps, qui
relève de la mécanique : pression, traction, gonflement,etc.
- Il est de surcroît possible de décomposer la machine organique sans
référence à une intention qu'elle réaliserait.
- Cependant Descartes veut ignorer que la machine implique un
concepteur, et il est obligé de considérer que les corps-machines dépen
dent de l'action initiale de Dieu; il ne parvient donc pas à séparer totale
ment l'étude du corps de la métaphysique (qui fonde toute science).
[Ill.
Le corps-machine et ses limites]
- Le modèle mécaniste a été contesté par Kant, qui souligne que le
vivant est capable d'auto-organisation et possède des qualités spécifiques
(conservation et reproduction, autoréparation et autorégulation).
- La finalité, d~ plus, concerne plus efficacement la machine que l'or
ganisme, où l'organe est plurifonctionnel, alors qu'un élément mécanique
a un programme limité.
L'organisme a ainsi« plus de potentialités» (Can
guilhem) : il réagit de façon diversifiée à son environnement ou à ses
propres accidents.
Il peut être malade (changeant ses propres normes) ou
105.
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