esthétique de la production, esthétique de la réception
Publié le 04/11/2022
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Dans la Critique de la faculte de juger (texte 8, manuel Delagrave, p.
23).
Emmanuel Kant marque une analogie entre les produits de la nature et ceux des
Beaux-Arts.
Dans le cadre de l'esthétique de la production, les produits de la
nature le sont librement, sans aucune intention, de manière pure, désintéressée
(Prêter des intentions a la nature, au sujet de ce qu'elle produit, c'est céder à
l’illusion naliste comme si elle procédait délibérément dans ce qu'elle fait, a
l'image de l'homme.
C'est céder à l'anthropomorphisme nait, denonçable comme
tel, sans concession.) La rose est sans pourquoi.
Son existence ne répond à
aucune Intention particulière : elle est simplement, contrairement à ce qui est
produit généralement avec art, donc avec un certain talent, ou par art, c’est-a-dire
de manière délibérée pour répondre à un besoin particulier, pour remplir une
fonction.
En revanche, tout se passe comme si la nature poursuivait des intentions
et que celles-ci s'exprimaient de manière sensible sous forme de beautés
naturelles.
comme si elle visait le beau, mais un beau qui ne poursuit aucune
intention particulière : un beau sans pourquoi.
Le paradoxe des Beaux-Arts est de
fournir intentionnellement des produits, sur le modèle de l'art en général, mais les
beautés qu'is produisent ne poursuivent aucune intention particulière : 1 encore.
le
beau est sans pourquoi - ou plutot, le beau ne remplit aucune fonction particulière,
de manière essentielle.
il est au service du beau: il est à lui-même sa propre n.
II
s'agit donc d'une beauté libre.
dépendant uniquement d'elle-même dans sa visée
Certes, il est toujours possible de donner une fonction au beaux arts.
séduire.
impressionner, émouvoir...
mais toutes ces fonctions sont comme extérieures à
l'art, lorsqu'il est considéré sous l'angle exclusif des Beaux-Arts : loin d'en
exprimer l'essence, elles relèvent pour ainsi dire de la récupération ou du
détournement de ce au ils visent en propre a savoir le beau
Toutefois, ce qui plait seulement dans la a sensation » ne saurait être considéré
comme beau car ce qui plait uniquement au niveau des sens releve de l'agrément
et non du jugement.
Quand je dis : « Cest beau / », je forme un jugement et ce
jugement je le revendique comme valable pour tous, et pas uniquement pour moi
comme s'il m'était propre mais surtout comme s'il n'avait de valeur que pour moi,
d'un point de vue strictement personnel.
Ce serait confondre l'agréable et le beau
l: une distinction essentielle établie par Kant dans le cadre de l'esthétique de la
réception.
Voir infro.) L'agréable est purement subjectif, d'ordre personnel, quand
le beau vise l'universalité du jugement : quand c'est beau, c'est beau.
Avec les
Beaux-Arts, il ne s'agit pas seulement de plaire aux sens, mais bien de produire
une œuvre, un objet détermine générateur de plaisir esthétique attache au
sentiment de beau.
Toutefois, la manière dont procedent les Beaux-Arts est bien
di érente de celle dont orocedent les arts mécaniques.
Dans le domaine des arts
mécaniques.
tout procède du jugement et en particulier du concept auquel se
réfère le jugement, autrement dit, de l'idée préalable au produit qui lui a servi de
mêtre-étalon au niveau de ses caractéristiques à remplir idéalement pour être
parfait, c'est-à-dire pour être conforme à ce qu'il doit être pour remplir
complètement son o ce en termes d'usage.
Prenons un exemple : pour produire
une table en menuiserie, il s'agit de partir du concept de table, d'en décliner toutes
les caractéristiques essentielles sous forme de cahier des charges à remplir (par
exemple, être d'une certaine taille, respecter l'équilibre des plans, être d'une
certaine qualité en termes de revêtement de plan ou de pieds...), puis, le cahier
des charges dé ni, détailler les étapes de sa construction.
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Rien de tel dans le domaine des Beaux-Arts: il n'existe pas de recette pour
produire du beau.
Si une telle recette existait, il n'y aurait plus de di érence entre
les Beaux-Arts et les arts mécaniques, soit entre le domaine artistique et le
domaine technique, industriel ou artisanal.
Si cette di érence disparaissait, l'art luimême au sens des Beaux-Arts disparaitrait : le plaisir esthetique n'existerait plus;
fart ne plairait plus pour lui-même.
mais uniquement en rapport avec ce à quoi il
sert : sa nalité visee, délibérée, voulue par l'artiste ou les commanditaires de son
œuvre (comme ce fut cependant longtemps le cas dans l'histoire jusqua l’epoque
moderne où la subjectivité de l'artiste se révèle plus essentielle que l'objet
représenté et les idees exprimées à travers lui.) Mais il ne faut pas aller non plus
trop loin en ce sens : l'œuvre doit exprimer une idee pour faire sens.
Si l'œuvre
livrait un pur plaisir des sens, il n'y aurait rien à comprendre et si l'artiste suivait Se
pure inspiration du moment, ce qu'il ferait, serait le fruit du hasard car l'inspiration
est erratique, elle ne se produit pas tout le temps et ses expressions peuvent être
contradictoires.
Dans ces conditions, elle amènerait immanquablement l'artiste à
faire n'importe quol.
Le débat s'est historiquement produit au moment de la
Renaissance : la peinture doit-elle s'appliquer à reproduire un modèle idéal.
selon
des règles xes, établies a
Favance ? Dans ce cas, elle serait un art « mécanique » diene d'être accompli par
un « esclave ».
Doit-elle au contraire faire preuve d'originalité et s'émanciper des
règles trop strictes, perçues à tort comme intangibles ?
Dans ce cas, elle se range dans la catégorie des « arts libéraux ».
des arts
accomplis par des hommes « libres » et qui revendiquent leur liberté de création
comme condition d'exoression de leur génie artistique.
Mais c est courir le risque,
au nom de l'originalité, d'une excentricité sans règle et sans lendemain.
Pour Kant,
le genie se reconnait à son caractère irréductible au talent, à l'apolication stricte
des réeles de l'art, en tous cas à leur bonne maitrise, mais aussi a ce qu'il sert de
modèle aux autres.
En réinventant les règles de l'art, il fait ecole Pour Kant,
Partiste doit faire preuve de discipline dans l'exercice de son art: il delt s'atteler au
travail avec rigueur, méthode et constance.
Il doit partir de l'idée de ce qu'il veut
faire.
puis s'appliquer à le faire avec talent.
L'originalité vient en prime, lorsque le
génie se manifeste concrètement, mais elle est in anticipable donc non
programmable.
Le génie lui-même est bien incapable, pour Kant, de dire comment
il s'y est pris : i est un mystere pour lui-méme.
Mais, dans tous les cas.
que l'artiste
soit simplement talentueux ou Intteralement genial, le public doit sentir que des
rèeles précises ont été suivies pour produire l'œuvre, bret que l'artiste n'a pas fait
n'importe quoi -ce qui serait contradictoire avec l'idée d'art, l'idée de création
délibérée, en suivant des règles précises, idéalement formulables pour étre suivies
ensuite par d'autres dans une optique de transmission.
Soyons clairs : l'artiste est
un travailleur comme les autres.
Tout travail bien fait suppose la maitrise du métier
qui xe les règles de l'art.
Celles-ci sont, dans une certaine mesure, codi ables :
exprimées en principes, pour faire école.
pour servir de modèle aux autres.
Tout
artiste génial est avant tout talentueux : l'inverse n'est pas vrai.
Le génie dépasse
le talent tout en le conservant ce qui est le propre de la transcendance.
Meme si le
public amateur n'est pas forcément capable de reconnaitre lou d'identi er
clairement les reeles suivies par l'artiste.
il doit en reconnaitre la présence (sous
forme de sentiment ou d'intuition.
Cest pourquoi le plaisir esthétique n'est pas un
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plaisir de pure sensation.
C'est aussi un olaisir d'ordre intellectuel, sons exces d
abstraction.
En dé nitive, la nalité d'une production artistique est paradoxale dans la mesure
où les œuvres d'art bien que résultant d'une intention déliberée: produire du beau,
ne doivent pas paraitre elles-mêmes
Intentionnelles sinon elles ne vaudraient pas pour elles-memes, de manière
désintéressée, mais uniquement en vertu des usages qui en sont faits, des
fonctions qu'elles remplissent.
Sa nalité doit être libre : l'œuvre d'art doit étre à
elle-même sa propre n, exactement sur le modèle de la nalité sans n de la
nature qui ne poursuit aucune intention particulière, délibérée alors même qu'il y a
bien clairement en art une intention, lorsqu'il s'agit des Beaux-Arts, celle justement
de produire du beau.
Cette production doit toutefois avoir l'air naturelle comme si
elle coulait de source.
Elle doit exprimer le respect des règles, avec une exactitude
parfaite - à l'image des règles naturelles établies sous forme de lois dans la nature
et que chaque être naturel resoecte scrupuleusement, juste en poursuivant sa
propre n, c est-a-dire en accomplissant son entéléchie i comme le disait Aristote:
en étant tout ce qu'il peut etre conformément à son essence, en actualisant
spontanément toute sa puissance, en suivant à la lettre son plan de
développement sans en dévier un seul instant.) =, mais sans que ce respect des
règles paraisse laborieux et « sente l'école » : alors que le talent artistique relève
de l'apprentissage, il doit s'exprimer librement pour que l'œuvre produite paraisse
libre.
elle aUSSi, conçue à la poursuite uniquement du beau, sans autre nalité
qu'être belle simplement.
De la parfaite maîtrise du talent, intégré par
intériorisation, dépend, pour l'artiste, sa capacité à produire une œuvre originale, à
la nalité libre - ne cherchant oas A suivre fevemole d'une autre qui lui servirait de
modele a respecter scrupuleusement, à la fois méthodiquement et impérativement
voire servilement, -une ceuvre waiment exemplaire, l'artiste faisant lui-méme école
aords avoir redé ni les règles de son art, pour repondre
a une nécessité intérieure donc borement.
puisque non soumise a des contraintes
extérieures.
a des
obligations formelles ou en termes de (choix de) contenu (de représentation.)
Qu'en est-il maintenant de l'esthétique la réception ? (Texte 7, manuel Delagrave,
p.
22)
Autrement dit, comment la beauté d'une....
»
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