Est-il vrai qu'il n'y a pas de bonheur intelligent ?
Publié le 07/09/2005
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Le bonheur est traité dans la tradition philosophique comme un état accessible à l'homme par des exercices intellectuels contraignants et parfaitement conscients. On ne peut accéder au bonheur que si notre esprit se met en accord avec notre corps et lorsqu'on est plus soumis à son état sensible. Ainsi, l'existence du terme « imbécile heureux « ne peut il pas paraître contradictoire? L'imbécile est celui qui n'est pas intelligent, celui qui ne privilégie pas l'exercice de l'intelligence, ne remet rien en question et vit presque instinctivement. Lorsque l'on dit de quelqu'un qu'il est « bête «, on le rabaisse au niveau inférieur, celui de l'animal car il ne fait pas preuve d'intelligence. Cependant, le bonheur n'est il pas une dépossession de toutes préoccupations qui troublent l'âme? Dans ce cas l'imbécile n'est il pas celui qui est en total béatitude?
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Ce sujet sous-entend une vision du bonheur, un bonheur béat des gens sans histoire, ou pire des gens simples,voire idiots qui ne se posent aucune question sur l'existence.
La réflexion et la philosophie serait un antidote aubonheur.
Le bonheur n'est-il que cela : simplicité, absence de questionnement, de problèmes ? Mais est-ce unedéfinition réellement positive, n'est-ce pas au contraire le degré zéro du bonheur ? Il semble dès lors difficile àl'homme, être de raison de récuser tout recours à l'intelligence pour diriger sa vie, reconnaître son bonheur, choisirses plaisirs, et éviter les douleurs.
1) Le bonheur, résultat d'un travail intellectuel ? Il serait faux d'imaginer que le bonheur puisse arriver dans l'existence sans un travail réflexif, sans une volonté dechanger sa conduite et sa morale, sans un calcul des peines et des plaisirs, sans penser la vie.
Selon Epicure, si lebonheur doit être un état de sécurité sereine, cette sécurité s'obtiendra d'abord par la connaissance, qui est lepréalable et le fondement de toutes les autres activités humaines en ce qu'elle rétablit un contact confiant avec laréalité dont tout un courant de la pensée grecque semblait avoir compromis pour toujours la possibilité.
Le premierintermédiaire de ce contact est la sensation, et c'est sur l'exactitude des informations qu'elle fournit qu' Épicure édifie son système.
Il admet la véracité des sensations, en se fondant surtoutsur l'impossibilité où nous sommes de démontrer qu'elles sont erronées ; il enjustifie la certitude par le fait qu'elles procèdent par mode de contact etprouve ainsi leur capacité de nous faire connaître la réalité telle qu'elle est.Sans plus développer la théorie de la connaissance épicurienne, la justeconnaissance des sensations permet d'appuyer sa philosophie éthique.L'éthique épicurienne est tout entière fondée sur le postulat suivant : leplaisir est le bien, la douleur est le mal ; ce sont là les deux affectionsfondamentales auxquelles toutes les autres se ramènent.
Aussi, il définira lebonheur comme ; constance d'un plaisir consistant essentiellement dansl'absence de douleur.
Loin d'être une recherche sans réflexion du plaisir,l'intelligence est mise à profit pour trier les plaisirs, et choisir ceux qui valentla peine d'être ressenti.
C'est en vérité l'essence de l'épicurisme que de savoirdistinguer les plaisirs.
Aussi, il ne pense pas qu'en toute circonstance le désirdu plaisir doive être satisfait ; il peut exister des plaisirs dont la conséquenceest une douleur et qu'il faudra donc repousser ; en revanche, il ne faudra pasfuir certaines douleurs qui, une fois surmontées, peuvent provoquer un plaisir.C'est alors la raison qui doit intervenir pour imposer son choix à l'impulsionanimale qui aurait tendance à accepter tous les plaisirs et à fuir toutes lesdouleurs.
Épicure classait les désirs en trois catégories : les désirs naturels etnécessaires, comme par exemple le fait de boire quand on a soif ; les désirsnaturels mais non nécessaires, comme ceux qui diversifient le plaisir, maissont impuissants à éliminer la douleur (par exemple, des mets recherchés) ; les désirs qui ne sont ni naturels ninécessaires, à savoir ceux qui naissent de jugements illusoires, comme le désir de richesses et d'honneurs.
Enconséquence, les seuls désirs qui doivent être obligatoirement satisfaits sont ceux du premier groupe puisque lacondition du véritable et parfait plaisir consiste d'abord à ne manquer d'aucune des choses qui sont nécessaires à laplénitude de l'être.
L'épicurisme, loin d'être une doctrine purement corporelle est une vérité les résultats d'un travailintellectuel et d'une réflexion morale sur les plaisirs.
2) Le bonheur se doit d'être digne d'un homme.
Aussi, les morales hédonistes ont été critiquées, notamment par la philosophie stoïcienne, et notamment parSénèque pour qui le plaisir, le souverain bien a été mis dans un lieu honteux.
Selon lui, le plaisir s'arrange del'existence le plus honteuse, et que la vertu au contraire ne consent pas à une vie mauvaise.
Voir dans la Vie heureuse du même auteur : « La vertu est chose élevée, sublime, royale, invincible, inépuisable ; le plaisir est chose basse, servile, faible, fragile qui s'établit et séjourne dans les mauvais lieux et les cabarets.
(…) Le souverain bienest immortel, il ne sait point s'en aller, il ne connaît ni satiété ni regret ; en effet une âme droite ne change jamais,elle n'éprouve point de haine pour elle-même, elle n'a rien à modifier à sa vie qui est la meilleure.
Mais le plaisir arrivéà son terme s'évanouit ; il ne tient pas une grande place, c'est pourquoi il l'a remplit vite ; puis vient l'ennui, etaprès un premier élan le plaisir se flétrit (…) Le plaisir en effet aboutit à un point où il cesse, et dès son début, il.
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