Est-il vrai que l'ignorance de notre histoire nous condamne à la revivre ?
Publié le 07/09/2005
Extrait du document

Analyse du sujet
· Eléments de définition
→ Ignorance = Ignorer, c’est ne pas savoir. Mais l’ignorance n’est pas simplement absence de connaissance, elle est privation : le non savoir de ce qu’on devrait savoir, la pire ignorance étant celle qui s’ignore elle-même.
- Platon, Alcibiade.
- Platon, Ménon.
→ Histoire = Du grec historia, qui signifie recherche, chercher à savoir, rapporter ce qu’on sait.
1- Transformation dans le temps des sociétés humaines ; succession des états par lesquels passe une réalité (individu, pays, civilisation, théorie, champ culturel, etc.)
2- Discipline scientifique qui est l’étude de l’histoire en ce premier sens et qui a pour objet sa reconstitution et son explication.
· Angles d’analyse
→ L’ignorance est donc précisément cette forme de privation qui condamne l’accès au savoir : or, ce qu’il s’agit d’interroger ici, c’est le rapport qu’une telle définition de l’ignorance entretient avec l’histoire –a fortiori avec la « nécessité « de connaître son histoire, son passé, c’est-à-dire encore d’où l’on vient et comment on est arrivé à tel état.
→ Il faut prendre ici le terme d’histoire en en double sens : il s’agit avant tout de l’histoire comme discipline, c’est-à-dire comme ensemble des faits conservés du passé et qui forme l’histoire collective ; mais il s’agit aussi de l’histoire personnelle constitutive d’un sujet. En ce sens on peut se demander si un sujet qui ignore d’où il vient, et dans quelles circonstances il a grandi, peut se connaître lui-même.
→ Il s’agit donc, dans les deux cas, de savoir si la connaissance de l’histoire est constitutive de notre propre présent et future. C’est donc ici la question, au fond, du « devoir de mémoire « que l’on interroge : car si l’ignorance de notre histoire nous condamne effectivement à la revivre (comme un éternel retour), alors il est un devoir pour l’homme (en tant qu’homme et en tant qu’individu) non seulement de connaître son passé mais encore de le conserver.
→ C’est donc aussi, en creux, les rapports entre mémoire et histoire qui sont ici à la question. Puisque la connaissance du passé suppose nécessairement cette intervention de la mémoire.
→ Car, en effet, que l’on songe aux mille détails de notre existence qui meurent avec l’instant que nous venons de vivre : on verra que l’oubli dévore souvent la plus grande partie de notre passé. Seule la mémoire peut lutter contre cette disparition perpétuelle, mais elle est aussi limitée.
Problématique
En quel sens et dans quelle mesure peut-on affirmer que l’ignorance de notre histoire – tant personnelle que collective – nous condamne à la revivre éternellement ? Est-ce donc que la connaissance de notre histoire suffit pour en tirer des leçons ? Peut-on seulement tirer des leçons de notre histoire, de sorte qu’on ne commette pas deux fois les mêmes erreurs ? En sommes, la connaissance l’histoire est-elle capable, à elle seule, de nous apprendre quelque chose sur nous et sur les progrès que nous devons faire ? Et dans cette perspective, quel est donc le rôle de la mémoire ?

«
été conservés oralement grâce à des procédés mnémotechniques comme la versification.
Il semblaitalors que retenir le passé, le conserver et le connaître, c'était, en somme, se préserver de commettreles mêmes erreurs, sans jamais en tirer de leçons. · Mais dès qu'elle se multiplie, « la parole s'envole et les écrits restent » selon le proverbe.
Support dusouvenir, l'histoire est une enquête (cf.
étymologie) qui consigne le passé par écrit.
Elle devientmémoire durable sous la forme d'annales, par exemple.
On a donc estimé qu'il fallait conserverquelque chose de son passé, partant du principe qu'en nous préservant de l'ignorance de l'histoire, onéviterait ainsi de sombrer dans un éternel retour. · On comprend alors que la connaissance du passé, en tant qu'elle nous préserve contre le risque (dû àl'ignorance de l'histoire) de commettre toujours les mêmes erreurs sans jamais en tirer de leçon,apparaît comme ce qui rend possible tout progrès humain.
La connaissance de notre passé est doncla condition de possibilité pour toute mise en marche d'un progrès de l'humanité. · La mémoire dépend d'un point de vue particulier ; même la mémoire collective est une visionparcellaire du passé : les Français n'ont pas le même souvenir de la dernière guerre que lesAméricains.
L'histoire essaie, elle, de constituer un tableau global de l'événement.
Connaître le passé,c'est donc a fortiori se libérer d'un point de vue nombriliste et ethnocentré ; c'est donc la connaissancede l'histoire – par opposition à l'ignorance – qui rend possible le recul sur soi, recul nécessaire pourne pas réitérer ces erreurs.
L'histoire rend donc objectif les différents événements, arrachés auprésent subjectifs : elle permet donc à celui qui la connaît de réfléchir sur la responsabilité desdifférents acteurs, de prendre du recul. · En ce sens, il est clair que le devoir de mémoire est réel : c'est lui qui nous préserver de la réitérationinfinie des mêmes erreurs. II- Le problème des trahisons de la mémoire · Pourtant, cette connaissance de l'histoire ne suffit pas pour que l'on puisse tirer des leçons del'histoire.
Si elle est une condition nécessaire, elle n'est pas la condition exclusive.
Ainsi, il estnécessaire de remarquer que le rôle de la mémoire dans la rétention du passé – et qui rend possibletoute connaissance de l'histoire – est ambigu. · Il est vrai que l'histoire et la mémoire semble aller de pair : soit l'histoire est une mémoire solidifiée,soit la mémoire est l'instrument de l'histoire.
Mais cette solidarité n'est pas indéfectible.
L'oubli n'estpas une simple faiblesse de la mémoire.
Qui pourrait vivre en retenant tout son passé ? Pour certains,leur mémoire n'est qu'un « tas d'odures » : leur vision trop précise du passé ôte au présent sanouveauté.
L'oubli est plutôt, comme l'écrit Nietzsche , une « fonction vitale » de la mémoire. L'hypermnésie paralyse la vie autant que l'ignorance, l'amnésie.
( Considérations intempestives ). · Au contraire, l'histoire est l'ennemi de l'oubli.
Elle justifie ses hypothèses par leur confrontation avec leplus de faits avérés possibles.
L'historien ne peut, comme la mémoire, choisir de taire les événementsqui le gênent.
L'ignorance de notre passé, surtout volontaire d'ailleurs, peut donc être, dans un certainsens, salutaire, en cela qu'elle nous évite d'avoir à la conscience toutes les atrocités commises par nosancêtres. · L'historien qui interprète et l'homme qui tire des leçons de ses expériences passées font-ils la mêmechose ? La mémoire sélectionne les faits et les recompose pour les besoins du moment.
L'hommeblessé par un échec passé le justifiera en le transformant, pour se rassurer et pour pouvoir agir denouveau.
La mémoire oublie autant qu'elle se souvient, elle réélabore le passé parce qu'elle sepréoccupe surtout du présent. · Au contraire, l'historien étudie le passé pour lui-même.
Il ne cherche pas directement l'efficacité dansle présent.
Il déjoue les pièges de la mémoire, toujours trop prompte à donner au passé un sens utilemais faux : un mythe historique, ouvrage de la mémoire, comme celui de Bonaparte, utile au pouvoirde Napoléon III, est le pire ennemi de l'histoire. · On comprend alors que d'un point de vue personnel, l'ignorance de l'histoire peut être, en tant qu'elleest d'une certaine manière refoulement, salutaire pour la vie présente et future d'un homme déjàtourmenté par le simple fait d'exister.
Mais d'un point de vue collectif, cette ignorance est bien pluproblématique. · Cependant, si les individus cherchent à fuir la vérité parfois dérangeante de leur histoire, ne risque-t-elle pas de perdre le sens de son passé ? Si les désirs de ses membres abandonnent la scène.
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