Est-il toujours injuste de désobéir aux lois?
Publié le 21/06/2023
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Est-il toujours injuste de désobéir aux lois?
“Les lois de la justice sont vaines parmi les hommes; elles ne font que le bien du méchant et
le mal du juste” selon Rousseau dans Du Contrat Social parut en 1762.
Cependant, la question de
subjectivité ou d’objectivité se pose sur les notions de “bien” et de “mal”, une question qui mérite
d’être posée à propos de la justice et du droit.
On admet d’ordinaire que les lois sont écrites pour le bien de tous et de l’état, en effet la justice
(française) se base sur un principe d’égalité venant directement de la Déclaration des Droits de
l’Homme et du Citoyen (DDHC); “ Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.”,
donc aucune loi ne devrait être injuste envers un quelconque groupe de personnes physiques.
Néanmoins, il convient de remarquer que la justice évolue au fil du temps.
En effet, la justice repose
sur un système culturel donc des valeurs et normes qui changent au fur et à mesure.
Quoi qu’il en
soit certaines lois anciennes ou même actuelles semblent pouvoir être décrites comme “injustes”, ce
qui est complètement contradictoire avec ce que doit être la justice.
Nous sommes ainsi invités à réfléchir à une question assez simple; la loi peut-elle être injuste? Si
oui, serait-ce injuste d’y désobéir? Et à partir de quoi une loi peut-être vue comme “bien” ou “mal”.
En droit, on prend en compte “la hiérarchie des lois”, celle-ci comme son nom l’indique consiste à
établir un ordre hiérarchique parmi des différents types de lois.
Dans cette dernière, les lois écrites
sont inférieures à la Constitution.
Cependant, cette hiérarchie comprend uniquement ce qui est
conforme à la loi écrite, ce qui est légal et non pas les lois morales qui sont légitimes et supérieures
à tous les autres types de lois.
En effet, comme mentionné ci-dessus, la justice est une valeur qui
dépend d’un système culturel et donc de valeurs, règles, normes et pratiques propres à une société
mais aussi une institution qui se traduit par le droit.
Selon Rousseau, la justice est universelle et
correspond donc aux lois morales, alors que le droit est propre aux hommes.
Toutefois, on distingue
aussi le droit naturel qui est universel, abstrait et hypothétique, celui qui nous soumet en somme aux
lois de la nature contre lesquelles on ne peut agir, et le droit positif qui est défini dans un pays par
des institutions, il est donc concret et limité à une société donnée.
Ceci dit, malgré la supériorité des
lois morales et de la nature face aux lois écrites, il semblerait que les principes universels moraux ne
soient pas toujours respectés.
Il paraît évident que tout le monde sait si une loi est injuste ou pas, ceci correspond à
l’intuitionnisme selon lequel la connaissance du “bien” et du “mal” serait innée car nous
connaissons les lois morales.
Cependant l’opposition à une loi que l’on qualifierait comme injuste
dépend de l’individu, de sa réflexion et de sa conviction.
En effet, un individu peut être en
désaccord avec une loi et tout de même l’appliquer ce qui ferait de lui un légaliste, toutefois, tout le
monde n’a pas la réflexion nécessaire pour réaliser qu’une loi est injuste.
C’est bien le cas d’Eichmann qui s’occupait de la logistique des convois lors de l’Holocaust.
Selon Arendt, qui a assisté à son procès à Jérusalem en 1961, Eichmann est la définition même de
“la banalité du mal”.
En réalité, Eichmann ne pensait pas à mal, il faisait simplement son travail,
une simple intervention de sa part aurait pu considérablement perturber les déportements et peutêtre sauver la vie de centaines de personnes.
Mais son manque de réflexion et le fait qu’il ait fait le
mal par pur conformisme à l’état existant en suivant les ordres est lié à son égoïsme, son but étant
de faire une bonne carrière au détriment de centaines de milliers d'individus.
De son point de vue, il
faisait donc le “bien”, mais celui-ci contribue uniquement à son propre bonheur et pas à l’intérêt du
plus grand nombre, l’absence d’intelligence d’Eichmann montre la médiocrité de l’homme face aux
conventions de l'État dans lequel il vit.
De plus, pour Martin Luther King Jr.
« Celui qui accepte le
mal sans lutter contre lui coopère avec lui.
», c’est donc une ignorance naturelle correspondant à
une confiance aveugle en la justice en se disant que toutes les lois sont justes, sinon elles ne seraient
pas promulguées.
Pourtant, la présence d’intelligence et de réflexion n’empêche pas un individu de participer
au mal commis par l’Etat auquel il appartient, par exemple, selon Thoreau on devient
automatiquement les complices de l’Etat en obéissant à une loi injuste, il prends le cas des impôts
qui servent à financer des guerres, dans cette situation payer ses impôts revient à financer une
guerre.
Celui qui paie ses impôts en étant contre la guerre dont son état prend parti serait un
légaliste, un désaccord avec l’état qui est présent mais aussi une collaboration avec ce dernier.
L’état, au lieu de se concentrer sur des problèmes en son sein, à tendance à prendre parti dans des
conflits qu’il pourrait éviter “Ils ont l’argent pour des guerres, mais ne peuvent nourrir les pauvres”
disait 2pac à propos de l’état.
De même que les fonctionnaires travaillant pour un état en guerre
contribue à celle-ci et que leur démission serait, pour Thoreau, une forme de révolution.
Cependant
le refus de faire obstruction à l’état est compréhensible car pour beaucoup “le remède pourrait être
pire que le mal” (Thoreau), agir de manière légitime au nom de lois morales ou au nom du droit
représente une menace pour l’état, la sanction en découlant peut donc être pire que l’action menée
contre l’état.
Néanmoins, pour
Quoi qu’il en soit, il existe aussi de réelles oppositions face à une loi injuste.
Celles-ci
reposent sur la désobéissance civile, on distingue l’objection de conscience et l’objection au nom de
principes juridiques.
L’objection de conscience consiste à ne pas obéir à la loi écrite au nom des lois
morales qui sont supérieures.
C’est le cas de Desmond Doss, premier objecteur de conscience ayant
reçu la médaille d’honneur aux Etats-Unis, après s’être enrôlé volontairement dans l’armée il refuse
de prendre une arme en main ou de tuer pour des convictions religieuses qui sont donc au-dessus du
droit humain.
En situation de guerre, il n’a pas trahi ses convictions et ses valeurs, en refusant de
tuer il fait obstruction à l'état, qui lui, souhaite éliminer le plus d’ennemis possible par n’importe
quel moyen afin de gagner sa guerre.
Desmond Doss a donc fait preuve de relativisme en laissant sa
raison le guider et d’utilitarisme en faisant passer l’intérêt des autres avant le sien en ne prenant pas
réellement parti dans la guerre où il a même sauvé des vies ennemies à Okinawa en 1945.
L’objection au....
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