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Est-il toujours déraisonnable de prendre des risques ?

Publié le 27/02/2008

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Est-il légitime d'affirmer que tout prise de risque est nécessairement et absolument contraire à une conduite raisonnée et donc raisonnable ? Ne peut-on pas, au contraire, penser une complémentarité des deux ? Est-il, en effet, toujours raisonnable de refuser le risque ? Ne faut-il pas, parfois, rationnellement préférer la prise de risque à une autre possibilité assurément ruineuse ? Ce qu'il faut donc ici s'efforcer de penser, c'est la nature du lien qui unit risque et conduite raisonnable : ce lien est-il nécessaire ou bien contingent ? Le risque, ou en tout cas sa prise en compte, n'est-il pas le signe d'un usage avisé de la raison et par là le signe d'une profonde humanité de l'homme ?

« vie des hommes triste et maussade, du fait même de l'absence de passions.

Si cet extrait n'est guère élogieux pour lasagesse, il montre du moins le fait que al prise de risque ne semble pas appartenir au domaine de la sagesse.

On comprendalors en ce sens que le risque semble nécessairement exclusif d'une conduite raisonnable.

Il est, en réalité, le symbole d'uneconduite emprunte de passions qui sont, pour le sage stoïcien, le signe d'une aliénation de soi.On peut ainsi reprendre la théorie du choix rationnel élaborée par Aristote dans Ethique à Nicomaque.

En effet, pour Aristote, le choix est toujours délibération des moyens en vue de la réalisation d'une fin.

On comprend alors que le choixrationnel est toujours de l'ordre du calcul, et en ce sens il ne peut contenir en lui, à titre d'étape, le risque (qui se définitjustement comme impossibilité de tout calcul préalable).

Le risque est par nature, en effet, indéterminable, on ne sauraitdéterminer à l'avance ses effets.

Il ne saurait donc être intégré à l'élaboration du choix en tant que celui-ci se veut rationnel.Ce qu'il est raisonnable de faire (conforme à la raison), c'est ce qui arrive quand la partie appétitive de l'âme estsubordonnée à la partie rationnelle.· Notons, par ailleurs, que l'éthique est chez Aristote en vue de la politique, il s'agit donc de produire un prudent, unvertueux qui participera à la vie publique, c'est-à-dire qui prend des décisions pour le bonheur de la cité.

Il ne s'agit doncpas seulement d'un modèle singulier ; l'intérêt c'est en fait la politique car la fin fondamentale c'est le bonheur, à savoir laréalisation de l'essence politique de l'homme.

En ce sens, il apparaît parfaitement déraisonnable de prendre des risques,dans la mesure où le risque est ce qui échappe à tout calcul. · Ainsi avons-nous besoin de la raison comme guide de nos actions en tant que l'on veut agir avec réflexion, peser le pouret le contre, apercevoir les conséquences de nos choix, bref agir de manière responsable.

La raison en ce sens est aussila faculté par laquelle un sujet peut distinguer la bien du mal, et choisir, en toute connaissance de cause, entre les deux(pour Descartes , d'ailleurs, l'on a beau distinguer parfaitement le bien du mal, la volonté peut tout à fait trancher, en dernière analyse, pour le mal ; mais c'est la raison qui lui a permis de distinguer entre les deux). · La raison est en ce sens la faculté qui nous rend capables d'être libres : prenons ainsi l'exemple de la passion.

Noussubissons la passion, quand nous croyons être libres de faire ce que l'on veut, nous sommes en réalité soumis à cettepassion à laquelle on ne sait résister.

Or, la raison est supposer non pas seulement réprimer la passion mais au moins larégler : tant comme faculté de connaissance pure et désintéressée que comme pouvoir de poser des valeurs en toutesérénité, la raison s'oppose en effet par nature, aux passions – en tant qu'elle est capable d'un retour réflexif sur elles etqu'elle les transforme en actes réfléchis dans lesquels le sujet se libère.

De là, la volonté récupère les pleins pouvoirs, entant qu'elle est accompagnée de raison : c'est ainsi qu'en intériorisant la volonté dans l'acte de jugement qui en produit lesreprésentations initiatrices, les stoïciens affirment la toute puissance de la volonté. · On comprend alors en ce sens l'importance de l'usage de la raison dans la dimension pratique comme condition depossibilité de toute liberté, et donc de toute responsabilité du sujet.

L'usage de la raison dans la distinction du bien et dumal rend donc possible, a fortiori, la morale elle-même, comme action conforme à la raison pure pratique, c'est-à-direaction si ce n'est authentiquement morale, du moins conforme à celle-ci. II- En quel sens le risque peut-il être conforme à une conduite raisonnable ? · Il apparaît clairement que le sentiment d'appartenance sinon à une autre espèce du moins à une autre nature que celle desautres êtres vivants est prégnant chez tous les hommes en tant qu'ils se considèrent comme humains.

Or, à bien yregarder, on s'aperçoit rapidement que ce sentiment de spécificité – au fondement même de toute notion de naturehumaine – naît du fait que l'homme doit savoir assumer sa liberté et prendre des risques, quand l'animal n'est d'autrepossibilité (puisqu'on ne peut pas parler de choix dans son cas) que de suivre son instinct. · Quand en effet l'animal est capable d'accomplir parfaitement l'unique tâche pour laquelle il est programmé, l'homme lui estcapable d'accomplir une infinité de chose sans jamais atteindre la perfection (en tant qu'elle reste un idéal).

Pour le direautrement, quand l'animal est dirigé par l'instinct, l'homme, quant à lui, est fondamentalement libre.

Assumer sa libertéc'est donc – parce que cela constitue un cran au-dessus de la simple possibilité de liberté – l'actualisation proprement ditede la nature humaine, c'est-à-dire de la spécificité de l'homme au regard de tous les autres êtres vivants sur la terre. · On comprend en ce sens que le propre de la liberté humaine ne réside pas simplement d'en le fait de posséder la libertéen puissance (c'est-à-dire la capacité d'être libre), mais encore d'en actualiser la potentialité, ce qui se fait au traversnotamment dans la prise de risque comme moteur de progrès.

Jamais l'animal ne s'aventurera dans un domaine qui n'estpas le sien, jamais il ne sera capable de survivre dans un milieu qui lui est hostile.

A l'inverse, l'homme dépasse, par cetteliberté assumée voire revendiquée dans la prise de risques, la nécessité naturelle et s'en affranchit. · On comprend alors que c'est le fait d'assumer sa liberté – plus encore que la liberté elle-même – qui constitue le proprede la nature humaine car c'est par là que l'homme actualise, accomplie de manière effective la spécificité de l'homme entant qu'homme. · Mais s'il peut y avoir une ivresse à se sentir libre et à l'assumer dans le risque pour faire l'épreuve vivante de son. »

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