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Est-il possible de vivre au présent ?

Publié le 17/01/2022

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  • DEFINITION DE TERMES:

- être : il s'agit ici de la copule, exprimant une relation. - possible : ici, qui est non contradictoire, qui n'implique pas de contradiction. Qui peut être, même s'il n'est pas. - vivre : ici, presque synonyme d'exister. - présent : (ici, employé comme substantif) Limite indivisible qui séparerait le passé de l'avenir. Simple passage de l'avenir au passé ; moment actuel ; instant punctlforme, ayant la forme d'un point.

Le plan dialectique, par thèse, antithèse et synthèse, nous paraît moins adapté à l'intitulé que le plan progressif, par approfondissement et clarification de notions. En effet, dans ce cas, il semble légitime de partir du sens le plus « insignifiant «, le plus immédiat, du terme « présent « et de monter, par degrés, jusqu'à des significations beaucoup plus élaborées, voici donc cette structure progressive :

Problématique générale : le présent, Instant infinitésimal ou durée grosse de l'avenir et du passé, voire de l'éternité ? A. Il est contradictoire de vivre au présent, puisqu'il n'est pas Transition : au-delà d'une notion étriquée du présent, ne peut-on envisager ce dernier sous une forme plus riche et plus synthétique ? B. Si le présent est durée, il est possible de vivre au présent. Exposé de cette nouvelle approche. Transition : ne peut-on aller au-delà de cette durée et appréhender l'éter-nité au sein même du présent ? C. Il est possible de vivre au présent compris comme éternité Quand le présent est éternité, c'est une expérience non contradictoire qui s'offre à nous. conclusion Nous répondrons au problème soulevé par l'intitulé que le présent peut revêtir un caractère de durée ou d'éternité et qu'il ne désigne pas seulement un point Infinitésimal. La réponse au problème conduit à une réponse affirmative à la question initialement posée.

« sens et l'intelligibilité ? A.

Il n'est pas possible de vivre au présent, conçu comme instant. Vivre au présent, demeurer attaché à lui, se donne, bien souvent, comme un impératif avant même que se pose laquestion de la possibilité d'un tel type d'exister.

Ainsi, l'Immoraliste (de Gide) nous dit-il « Je n'aime pas à regarderen arrière et j'abandonne au loin mon passé comme l'oiseau pour s'envoler quitte son ombre.

» De même, dans lesNourritures terrestres : « Nathanaël, ne cherche pas, dans l'avenir, à retrouver jamais le passé [...] Nathanaël, je teparlerai des instants.

As-tu compris de quelle force est leur présence ? » Si Gide parle ici de l'instant et non point deprésent, néanmoins le lecteur remarquera qu'il est une première signification du présent, où il s'identifie à l'instant.

Sinous définissons le présent comme cette portion du temps dont nous pouvons avoir une conscience immédiate, il serapproche à la fois de l'instant et du maintenant, ces points de la durée qui n'ont eux-mêmes aucune durée.

Certes,dans le présent, on se représente souvent une succession courte, alors que l'instant refoule toute idée desuccession.

Mais, néanmoins, ni l'instant, ni le maintenant ni le présent ne durent.

En eux, le futur se présentifie etse transforme rapidement en passé.

Ainsi se trouvent expulsées continuité et durée.Mais, dès lors, l'invitation gidienne n'est-elle pas quelque peu paradoxale ? Peut-on nous demander de rester au plusprès du présent, de refouler avenir et passé ? Il y a là une contradiction qui saute immédiatement à l'esprit et àlaquelle se réfère, au fond, notre intitulé.

Si le présent est simple intervalle, comment serait-il possible et noncontradictoire de vivre au présent ? Vivre, c'est expérimenter la durée, tenter d'atteindre ce qui est, saisirl'existence dans ce qu'elle a de plus concret.

Or, on ne saurait précisément vivre au présent, compris en cettepremière acception.

Car le présent ainsi défini n'existe pas ! C'est un néant, une poussière infinitésimale.

Loin d'êtrePrésence, comme nous le suggérait le texte de Gide, le présent est fuite, évanouissement.

Comment serait-ilpossible de vivre au présent ? Cette expression même est rigoureusement antinomique, comme le sous-entend, encertains passages, Jean-Paul Sartre : « Une analyse rigoureuse qui prétendrait débarrasser le présent de tout ce qui n'est pas lui, c'est-à-dire du passé et de l'avenir immédiat, ne trouverait plusen fait qu'un instant infinitésimal, c'est-à-dire, comme le remarque Husserldans ses Leçons sur la conscience intérieure du Temps, le terme idéal d'unedivision poussée à l'infini du néant.

» (l'Être et le Néant, Tel-Gallimard, p.165).

Il en résulte qu'il est contradictoire et non pensable de vivre auprésent, puisque le présent n est pas.

Conçu comme instant infinitésimal, ilnous échappe et ne fournit pas la matière d'un exister.

Il n'a pas de réalitépropre.

Si le présent nous fuit entre les doigts, si nous n'avons pas deprésent, alors il n'est pas possible de vivre au présent.D'ailleurs, vivre, c'est se projeter dans l'avenir, s'identifier à tous cespossibles qui donnent sens et forme à notre existence.

Je ne suis passeulement plongé et immergé dans un jour automnal ou englué dans laquotidienneté immédiate de mon aujourd'hui.

Sans cesse je me jette en avantde moi-même vers l'avenir.

L'étudiant se projette vers les possibles de safuture existence.

Chacun d'entre nous forme des projets, se donne des buts,a le dessein de faire quelque chose.

N'est-ce point ce que nous disait Pascal? « Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées aupassé et à l'avenir.

[...] Le présent n'est jamais notre fin.

[...] Ainsi nous nevivons jamais, mais nous espérons de vivre.

» (Pensée 171, éditionBrunschwig).

L'exister humain est si fortement et essentiellement nourri defutur, la vie est tellement orientée vers l'avenir qui donne sens à notre actionqu'il semble quasi impossible de vivre au présent ! Quel sot projet que de vouloir vivre en ce présent, puisque ceci représente une tâche impossible.

Sondons notre conscience : elle n'est pasfaite de présent, mais d'avenir et de passé.Mais, précisément, ne peut-on imaginer un présent pétri de passé et d'avenir, un présent gros de cet ensemble dedimensions ? Au-delà d'une notion courte du présent, ne peut-on dégager une autre définition, heuristiquement plusriche, plus fertile en perspectives ?. »

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