Est-il possible de concilier la force de l'Etat et la liberté humaine ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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notion de contrainte: celle-ci s'exerce sur tous les membres de l'Etat, sauf évidemment sur le maître lui-même.
C'est lui en effet quiréalise et institue les lois et par là même ces dernières sont d'emblée injustes puisqu'elles ne sont pas le reflet de tous, mais d'unseul qui écrase sous lui les hommes qu'il dirige en faisant ainsi croire que l'Etat existe bien.
Ne peut-on remettre en cause cettecertitude? Car les hommes sont alors réduits à des sujets anonymes: dans cet Etat (il porte toujours cette appellation puisque leshommes sont réunis et soumis à des lois) les hommes ne sont plus des hommes, ils ont perdu tout pouvoir de commencer pareux-mêmes, c'est-à-dire en fait toute liberté, aucun ne leur est désormais plus accordé touchant leur décision ou leurs actions.C'est l'exemple du régime nazi qui avait transformé les hommes qui le servaient en maillons impersonnels d'une chaîne d'exécution:c'est pourquoi un officier, s'étant rendu coupable de tortures sur un prisonnier avait été condamné par ses supérieurs: ce qu'il avaitréalisé comme torture n'avait pas été prescrit par le haut commandement: il en avait en quelque sorte fait trop.
On remarque doncqu'ici l'absence de liberté vient principalement de l'absence de lois justes, légitimes: c'est la force ou l'habitude d'être dominécomme le dit Grotius qui fonde désormais l'Etat.
La conséquence immédiate est alors la vénération du retour à l'état de nature, où chacun, idéalement se trouverait sur une îledéserte, isolée du monde.
Robinson Crusoë représente ainsi l'image idyllique d'une liberté infinie où n'existeraient aucunecontrainte extérieure, celles de la nature étant bien sûr acceptées, car naturelles!
On semble donc d'abord justifié à parler de l'Etat comme d'un ennemi de la liberté, et c'est surtout l'argument du totalitarisme quiappuie cette thèse.
Toutefois, cette dernière dans son ensemble est sujette à bien des critiques, tout à fait fondées.
En effet, l'avis de l'opinion commune est-il bien légitime? La thèse de Rousseau quant à la liberté dans l'Etat ne souffre-t-ellejusqu'ici pas une interprétation trop superficielle qui la rend condamnable? L'Etat nous apparaît ainsi permettre au contraire laréalisation pleine de la liberté humaine.
En premier lieu, la thèse Rousseauiste est à l'opposé de l'interprétation qui en a été souvent donnée à tort.
En effet, pourRousseau, les hommes, dans l'état de nature ne sont proprement pas des hommes et de ce fait n'ont pas de liberté.
Car il convientde différencier la liberté et l'indépendance, ou même l'isolement qui sont celles de l'homme dans l'état de nature.
Là, l'homme n'ani langage, ni histoire, ni technique; il est privé de tout ce qui est le propre de l'être humain: "l'homme naturel" n'est pas un homme,c'est davantage un animal.
En revanche, c'est dans l'Etat, la cité (le meilleur modèle pour Rousseau est la république) que l'êtrehumain devient homme.
Le "je" de la personne n'est en fait qu'autrui: un "je" ne peut être libre et exister qu'en relation avec unautre "je", c'est-à-dire un "tu", qui est mon égal et mon semblable tout en étant fondamentalement différent (c'est le paradoxe dela personne).
Ainsi lorsque Rousseau oppose la liberté de l'état de nature et les fers de la société, il oppose en fait un étatd'indépendance, d'isolement de l'homme à une situation beaucoup plus élevée, caractérisée par des gains dans l'Etat supérieuraux pertes de l'état de nature, qui sont en particulier la liberté, conquise par l'intermédiaire d'autrui.
De même, Platon explique la formation de la cité dans un souci d'améliorer la production et la productivité humaines, réaliséesseulement dans la cité sous la forme de la division du travail: cela permet alors à l'homme de s'affranchir plus vite de sa tâche etd'acquérir ainsi une plus grande liberté.
Certes, Marx critiquera cette division qui prive l'homme de sa liberté, mais il envisageaussi un homme réalisé dans un Etat dirigé par la classe prolétarienne qui travaille.
C'est donc également d'un point de vueéconomique que la liberté s'acquiert dans l'Etat.
Ainsi est clairement illustré le fait que la liberté n'existe et ne se réalise réellement que dans l'Etat.
Mais de quel Etat s'agit-il? C'est en fait une institution proprement humaine, établie par la communauté humaine dans son entier.Les lois sont désormais le reflet de tous et expriment toutes les voix particulières.
Elles sont de ce fait légitimes et c'est la raisonpour laquelle chacun s'y soumet librement.
Toutefois, une objection surgit à ce point: l'homme en cité est donc soumis aux lois,n'est-ce pas contraire à sa liberté? En fait non car il existe une différence entre la contrainte, appliquée de l'extérieur à soi etl'obligation qui est intérieure à sa propre personne.
Ainsi, dans la loi de l'Etat, la contrainte a disparu puisque chacun a établi cetteloi.
L'obligation subsiste mais c'est elle qui permet l'exercice de la liberté.
Cependant, comme le dit Sartre, la contrainte est trèssouvent présente mais étant donnée, elle est une condition antérieure à l'exercice du choix donc à celui de la liberté.
On peut doncdire ici que la loi oblige sans contraindre, elle est là pour rappeler à l'homme qu'autrui existe.
Enfin, c'est dans une perspective ontologique qu'il nous faut rejeter la première thèse.
C'est en effet dans l'Etat seulement que je trouve le moyen de m'exprimer, de faire passer une idée qui soit reçue.
Seul ici le.
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