Est-il nécessaire que l'histoire de l'humanité ait un sens pour que la vie d'un homme en ait un ?
Publié le 12/06/2014
Extrait du document
Plan
I. Pour que la vie du sujet individuel ait un sens, il est nécessaire que l'histoire du genre humain en ait une (thèse théologique, hégélienne, etc....)
II. Critique et antithèse : le thème de la thèse forme, au contraire, obstacle à la liberté et au sens individuels.
III. Synthèse : passage de l'idée dogmatique à l'idée régulatrice, c'est-à-dire orientant la recherche : l'ensemble collectif orienté forme l'horizon du destin individuel.
IV. Conclusion
- l'existant subjectif n'est pas un chapitre du collectif ;
- néanmoins, on ne peut répudier une certaine rationalité
historique.
Introduction
Quelle signification possède, dans cet intitulé de sujet, le terme d'histoire ? Ce mot rassemble plusieurs sens et désigne soit une étude s'efforçant de connaître le passé de l'homme, soit l'ensemble des états par lesquels passe une réalité. Il est clair que le terme d'histoire renvoie, ici, à la réalité historique objective. Nous n'avons point à traiter de la science du passé de l'homme, mais du devenir réel des sociétés. Que signifie, maintenant, le mot humanité, dans sa liaison, bien entendu, avec celui d'histoire ? L'humanité désigne ici le genre humain, considéré dans sa totalité et son unité, l'ensemble des êtres humains. Il y a, dans cette notion, une connotation morale et aussi religieuse (ne dit-on pas : se dévouer pour le bien de l'humanité ?). Aussi ne faut-il pas confondre l'homme, dont il est possible de tenter de donner une définition scientifique, et l'idée du genre humain, ou de l'humanité, en tant que telle. Parler d'une histoire de l'humanité, c'est évoquer le devenir (global) d'un genre humain conçu également dans sa globalité. Il y a, dans ces deux termes, une idée synthétique : ils rassemblent et unifient.
«
n'est-elle que le mince et frêle chapitre d'une histoire universelle ou est -elle
rigoureusement irréductible à toute insertion dans un ensemble historique global qui
lui apporterait sens et transparence ? L
'individu peut -il se définir hors du genre
humain, tel est, finalement le problème posé par le sujet.
I.
Pour que la vie d u sujet individuel ait un sens, il faut que le
devenir de l
'humanité en ait un
Que le salut individuel ne puisse se réaliser qu'au sein d'un rachat collectif, que
l
'existence de la personne ne puisse acquérir un sens et une signification que par la
médiati on du genre humain, ce thème s
'insère d 'abord, historiquement, dans une
vision théologico -historique et apparaît, dans ce contexte, évident : l
'homme, en effet,
dans cette perspective, n'est pas sur la Terre pour lui- même, mais pour le Sacré ou
pour Dieu.
Ce sont le Sacré et le Divin, engagés dans le devenir historique dont ils sont
la clef, qui arrachent au non -sens l
'existence individuelle.
La vie d 'un homme,
l
'existence de l 'individu, acquièrent transparence si nous les intégrons dans le devenir
du genre humain, lequel n'est pas une espèce animale, mais le constructeur de la Cité
de Dieu, seul séjour définitif où l
'homme vivra le repos éternel.
Le salut individuel est
donc inséparable et de la destinée du genre humain et de la théologie de l
'histoire qui
nous permet de saisir et comprendre cette destinée.
La vie de l
'homme n 'a, en elle- même, aucun sens: Voué à la mort, à
l
'insignifiance, être caractérisé par l 'appartenance à un milieu de contingence et de
facticité, l
'existant humain en tant que tel s 'appa rente, fondamentalement, au non-
sens et à l
'absurde.
Destinée à la mort, son existence ne possède ni signification ni
orientation.
Pour que la vie d'un homme puisse acquérir sens et transparence, il faut qu'elle
s'insère et s'intègre dans l'histoire de l'h umanité, dans le devenir orienté du genre
humain vers la Cité de Dieu .
C
'est ce devenir finalisé par le séjour divin qui apporte à
l'existence humaine une justification d'exister, qui l'arrache à l'inessentialité et à la
contingence.
Seul l'itinéraire vers la Cité de Dieu peut produire le salut.
Songeons aux analyses de Saint Augustin, particulièrement éclairantes pour
notre sujet : il y a une Cité de Dieu.
Cette bienheureuse Cité, pure présence d'êtres
immatériels, est celle à laquelle appartiennent toutes les réalités de lumière.
Il existe
également une Cité terrestre.
Or toute une série d'existants humains, intégrés dans ce
courant salvateur, conduit à la Cité de Dieu.
C
'est donc en tant qu'il s'enracine dans
cette marche que l'homme se sauve : c'est en t ant qu'elle fait partie d
'une suite
d'hommes prédestinés par la grâce que la singularité (subjective) s'accomplit, au sein
d
'un salut global (et collectif).
Nul salut possible, nul sens, nulle orientation vraie sans
cette osmose fondamentale du sujet et de la suite des existants.
« Tous les êtres qui
participent (au) Bien ont entre eux et avec celui qu'ils aiment, une société sainte,
unique Cité de Dieu, et son vivant sacrifice et son temple vivant » (Saint Augustin) .
On ne saurait mieux dire : c'est la Soc iété Sainte qui arrache l'homme à sa pesanteur et
à sa facticité.
C'est l'intégration dans le courant des Élus qui est la condition absolue et
nécessaire du salut.
Pour se sauver, l'homme doit entrer dans le courant des Élus en
route vers la Cité de dieu.
Nul ne s'effondrera, nul ne glissera dans le non -sens, s'il a la
Foi et l'Espérance permettant la montée vers la Cité sainte.
Cette notion d'un sens de la destinée individuelle inséparable d
'un salut
collectif, nous la retrouvons, bien entendu, dans les téléologies chrétiennes ( cf.
Bossuet : L'homme s'agite et Dieu le mène), mais aussi dans les grandes philosophies
de l'histoire du XIX
e siècle : ici encore le salut individuel ne peut s'accomplir qu'au
sein d
'un itinéraire global, le non -sens ne peut être dépassé que par la marche.
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