Est-il légitime qu'une oeuvre d'art fasse l'objet d'un échange marchand ?
Publié le 20/01/2004
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La valeur d'ancienneté a un rapport avec l'existence de chacun et offre la possibilité de fonder un rapport affectif au monde. Ce rapport existentiel se perd avec le cinéma et la photographie. Les dimensions du souvenir et de la durée se trouvent perdues par cette technique. L'homme doit donc retrouver cette dimension du passé et sa valeur cultuelle. Benjamin souhaite regagner ce rapport poétique au passé et redonner à la matière son aspect magique. Le passé ne peut se retrouver que dans l'objet vieilli, qui a subi les épreuves du temps. Ce passé à dimension existentielle doit se perpétuer d'une manière quasi-corporelle dans l'homme. C'est toute une époque que l'on peut rejoindre à travers l'objet. Par exemple, la fameuse madeleine de Proust porte en elle toute l'enfance de l'écrivain, c'est un souvenir involontaire qui vient présentifier le passé pour contrecarrer le temps du vieillissement. Il est impossible de chiffrer un tel sentiment.
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3) Ce qui fait que l'œuvre d'art n'est pas un objet d'échange comme les autres.
a) L'art à une signification spirituelle qui le démarque des objets ordinaires.
On reconnaîtra l'art du reste des objets par les procédés qui ont été mis en place pour réaliser cet objet.
Il y aaura une création à l'origine de cet objet, une intention artistique visant à créer une émotion.
L'objet artistique serabien souvent en dehors du circuit d'utilité des objets ordinaires.
On reconnaîtra une certaine facture, un savoir-faire, une certaine patine que ne possèdent pas les objets ordinaires.
L'art a une visée plus haute que la simplesatisfaction des désirs, il a un but qui intéresse l'esprit.
Pour Hegel dans son Esthétique , L'art dégage la vérité des apparences et la doté d'une réalité plus haute crée par l'esprit lui-même.L'objet existe pour lui-même.
La contemplation esthétique ne satisfait que desintérêts spirituels.
L'art est au milieu du sensible immédiat et de la penséepure.
Le sensible de l'art n'intéresse que nos sens intellectuels.
Nos sensintellectualisés sont la vue et l'ouïe, tandis que le goût, le toucher, l'odorats'occupent des choses plus matériels.
Donc dans l'art, le sensible estspiritualisé.
On reconnaîtra un objet d'art à ce qu'il ne sert pas à satisfaire lesbesoins humains.
L'objet artistique, culturel se démarque des autres objetsdans la mesure où il a une signification qui dépasse le milieu parfois étroit quil'a vu naître.
b) l'œuvre d'art a un caractère sacré qui la distingue des autres objets.
On ne peut ramener tout le sacré à l'être en tant que tel.
L'expression del'intelligible dans le sensible ne peut suffire à faire de l'œuvre d'art quelquechose de sacré.
Heidegger pense que l'œuvre d'art est dévoilement de lavérité de la chose.
L'œuvre installe un monde, ce n'est pas elle qui estinstallée.
L'œuvre rayonne, elle a une aura.
Ce qui enlève le sacré de l'œuvred'art, c'est « l'ici et le maintenant » de la véritable présence de l'œuvre d'art.Il se fait souvent un silence quasi religieux face à une œuvre d'art digne dece nom.
A l'exemple du romantisme qui a voulu rénover le sentiment religieux,la peinture de Caspar David Friedrich, Le retable de Tetschen , peinture de paysage représentant un Christ sur une montagne éclairée par le soleil Une œuvre d'art ne mérite pas un discoursmais une prière car la contemplation d'une peinture élève notre âme vers Dieu.
La contemplation esthétique est uneexpérience intime d'union avec l'esprit du Créateur.
Cette pensée qu'on pourrait appliquée au Retable exprime ce désir d'union de la nature, de l'art et de la religion en vue d'une certaine totalité Tout homme devant la natureéprouve un certain sentiment du divin.
c) l'art a une valeur de remémoration, de souvenir qui n'a pas de prix.
En reprenant les catégories d'Aloïs Riegl dans Le culte moderne des monuments, il existe trois valeur que l'on peut accordé à l'œuvre d'art : la valeur de remémoration qui est intentionnelle, la valeur historique qui témoigne d'une époque passée, et enfin la valeur d'ancienneté qui se traduit par une certaine patine et usure qui parle à l'hommed'une manière universelle.
La valeur d'ancienneté a un rapport avec l'existence de chacun et offre la possibilité defonder un rapport affectif au monde.
Ce rapport existentiel se perd avec le cinéma et la photographie.
Lesdimensions du souvenir et de la durée se trouvent perdues par cette technique.
L'homme doit donc retrouver cettedimension du passé et sa valeur cultuelle.
Benjamin souhaite regagner ce rapport poétique au passé et redonner à lamatière son aspect magique.
Le passé ne peut se retrouver que dans l'objet vieilli, qui a subi les épreuves dutemps.
Ce passé à dimension existentielle doit se perpétuer d'une manière quasi-corporelle dans l'homme.
C'esttoute une époque que l'on peut rejoindre à travers l'objet.
Par exemple, la fameuse madeleine de Proust porte enelle toute l'enfance de l'écrivain, c'est un souvenir involontaire qui vient présentifier le passé pour contrecarrer letemps du vieillissement.
Il est impossible de chiffrer un tel sentiment.
d) l'art n'a pas de valeur.
On dit souvent des œuvres d'art qu'elles sont d'une valeur inestimable.
La politique de la protection des monumentshistoriques par le biais du ministère de la culture avec l'inventaire des monuments historiques et par la politique del'UNESCO, on tente de soustraire l'art au circuit habituel du capitalisme.
La protection assure qu'une personne privéen'ira pas revendre pour son compte personnel une œuvre d'art ou un bâtiment.
Aussi, bien que l'emprise système ducapitalisme soit grande, il existe des garde-fous qui permettent de donner du sens à une pensée qui donne à l'œuvred'art une dimension différente des objets ordinaires.
Conclusion.
Entre la constatation d'un fait qui est la vente d'œuvre d'art, l'existence d'un marché de l'art et les politiques deprotection de l'art, il faut trouver une réponse à cette question.
Il doit y avoir un marché régulé qui empêche unetrop grande marchandisation des œuvres, le pillage des ressources artistiques d'un pays, le respect pour des œuvresqui sont au cœur de la culture d'un pays et de ses paysages.
Le domaine de la culture n'est pas un domaine commeles autres qui réclame plus de réglementation économique..
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