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Est-il légitime de faire prévaloir les exigences de la conscience morale sur celles de l'Etat ?

Publié le 05/09/2005

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conscience

CONSCIENCE

Gén. On distingue : Conscience première ou spontanée : impression immédiate (plus ou moins claire) qu'a l'esprit de ses états. Conscience seconde ou réfléchie : capacité proprement humaine de faire retour sur cette première impression. La conscience réfléchie permet l'analyse et le jugement . Par elle, l'homme se constitue comme sujet distinct de ses états psychologiques. La conscience, par cette possibilité de se réfléchir, est donc toujours conscience de soi en même temps que conscience de quelque Mor. La conscience morale est la conscience du Bien et du Mal ; capacité de porter des jugements normatifs (de comparer ce qui est et ce qui doit être). La conscience me dicte mes devoirs et me fait éprouver remords ou satisfaction quant à mes actes passés. « La conscience est la raison pratique représentant à l'homme son devoir. « (Kant)

ÉTAT

Gén. L'État (É majuscule) doit d'abord être distingué de la société, puisqu'il existe des sociétés sans État. Il désigne une société organisée ayant une administration politique et juridique autonome, mais également, au sens strict, l'ensemble de ces administrations. Il est ainsi un pouvoir distinct, qui s'incarne dans des institutions et s'exerce sur l'ensemble de la société. Monopole de la législation et occupation permanente d'un territoire caractérisent par ailleurs l'État, qu'on peut définir avec Max Weber comme la communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déterminé, revendique avec succès, pour son propre compte, le monopole de la violence physique légitime. Phi. pol. C'est dans la raison d'être de l'État que réside son essence : l'homme a inventé l'État pour ne pas obéir à l'homme. L'État est l'artifice qui permet de détacher les rapports d'autorité des relations personnelles de chef à sujet. Ceux qui exercent le pouvoir n'en sont pas propriétaires mais dépositaires. L'État est le bien de tous (res publica) et les institutions qui l'incarnent l'expression de la volonté générale.

LOI (lat lex, loi)

Épist. Les lois scientifiques établissent entre les faits des rapports mesurables, universels, nécessaires, qui autorisent la prévision. Voir déterminisme. Mor. La loi morale est la règle normative dictée à l'homme par sa raison pratique. Elle énonce le principe d'action universel et obligatoire auquel tout être raisonnable doit conformer ses actes pour réaliser son autonomie. devoir, impératif. Phi. pol. La loi civile est la règle ou l'ensemble des règles coercitives établies par l'autorité souveraine d'une société. droit positif. La loi naturelle droit naturel.

MORALE

Gén. Une morale est constituée par l'ensemble des règles admises dans une société donnée à une époque donnée. La morale, en revanche, se définit comme l'ensemble des règles de conduite qui prétendent être universellement et inconditionnellement valables. ? bien, intérêt, devoir. Phi. Théorie normative de l'action humaine. Syn. d'éthique.

PLAN

Introduction : au nom de quelle légitimité la conscience peut-

elle s'opposer à l'État ?

I — Le droit de résistance

a) Tyran d'usurpation et tyran d'exercice

b) Légitime défense et tyrannie

c) Les conditions du droit de résistance

Transition : y a-t-il une légitimité propre à la conscience ?

II — Les droits de la conscience

a) La conscience comme juge

b) Justification du tyrannicide

c) Le Droit à la révolte

Transition : la conscience ne peut-elle pas errer ?

III — Droit et conscience morale

a) On ne peut se faire justice soi-même

b) Droit de remontrance et droit à la révolte

c) Droit à la révolte et droit de résistance

Conclusion : la conscience ne peut répondre à l'injustice par une injustice

conscience

« Dissertations 61 du réflexe de défendre légitimement sa vie contre l'oppression.

Si ces cas existent, il en est d'autres ou ce sont des gouvernements parfaitement légitimes qui peuvent heurter les sentiments ; et c'est précisément parce qu'ils sont légitimes qu'ils posent un cas de conscience ; car en effet au nom de quoi la conscience pourrait elle se prévaloir d'une légitimité supérieure à celle qui lui a fait consentir au pouvoir ? I - Le droit de résistance a) Au Moyen Age, la théorie politique distinguait entre tyran d'usurpa­ tion et tyran d'exercice.

Au premier qui a pris le pouvoir par la force, il est légitime de s'opposer puisque les ordres qu'il donne n'engagent qu'à raison de la crainte qu'il inspire.

Comme le suggérera Rousseau dans le Contrat social (1,3), on ne doit avoir aucun scrupule à tromper celui qui nous menace.

b) En revanche l'opposition à un pouvoir légitime qui trahit ses propres principes pose problème ; s'il exige de commettre une injustice, est-on en droit de désobéir ou de s'y opposer ? c) Locke le pense effectivement (Traité du gouvernement civil,§ 230 et s.), mais ce n'est pas aux particuliers d'en prendre l'initiative ; seuls les magistrats parce qu'ils représentent le droit sont habilités à s'opposer à des exigences qui en contredisent l'esprit.

Car comment l'individu pourrait-il trouver en lui la légitimité nécessaire pour s'en faire l'interprète ? li -Les droits de la conscience a) Sans doute le pourra-t-il si la conscience est ce juge infaillible qui comme le dit Rousseau « ne nous dit pas la vérité des choses mais la règle de nos devoirs (Nouvelle Héloïse, VI, 8, T.

II, Pléiade, p.

698).

De ce point de vue la loi du cœur a une légitimité qui transcende la légitimité toute temporelle de l'État.

b) En elle, la sincérité a valeur de vérité car elle ne se réclame pas simplement de l'autorité du sentiment intérieur, elle l'enracine dans une vocation supérieure au Droit qui fait de l'individu qui la porte, l'instrument d'une justice transcendante ou immanente.

c) Ainsi est-ce parce qu'il était persuadé que l'édit de Nantes était désagréable à Dieu que Ravaillac s'est cru autorisé à assassiner Henri IV.

De même est-ce parce qu'il se croit appelé à régénérer le monde que le héros des Brigands de Schiller s'emploie à faire le mal en vue d'un plus. »

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