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Est-il juste d'affirmer que pour bien comprendre autrui il faut tenter de se mettre à sa place ?

Publié le 11/01/2004

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. Sachant par expérience personnelle que le rire est le signe de la joie, je conclus en voyant mon voisin rire qu'il est joyeux. Cela s'appuie sur une conceptualisation donnée inconsciemment, fondée sur le principe de causalité qui veut que les mêmes causes produisent les mêmes effets, et c'est par une induction que j'arrive à cette conclusion que mon voisin est joyeux :j'ai établi là une caractéristique de la nature humaine.Du point de vue logique le raisonnement est tout a fait correct. On peut cependant se demander si les prémisses sont vraies, ce qui revient à faire la critique de l'induction préalable. Connaissons-nous nos propres réactions? Y a-t-il un principe universel qui veut que le rire soit signe de la joie? Tels sont les points sur lesquels se porteront les critiques des adversaires de cette doctrine.Nous ne connaissons pas nos expressions extérieures, notre mimique nous est donnée par l'intervention d'autrui, sans lequel on n'aurait pas conscience de notre attitude. De plus, pour un état de conscience (ici la joie), il existe différents états de comportement : par exemple le rire, mais aussi les pleurs qui témoignent paradoxalement d'une joie infiniment plus grande chez certaines personnes. En outre, le raisonnement analogique ne permet de comprendre que les actes d'autrui qui à l'occasion sont aussi les nôtres.

•    Se mettre à la place = se mettre « mentalement « dans la « situation « de tel ou tel autre ? •    Une « situation « peut-elle être perçue et vécue de la même façon par deux personnes différentes ? •    Penser pouvoir se mettre à la place des autres, ne serait-ce pas admettre implicitement pouvoir « être « l'autre, les autres ? •    Comment cela pourrait-il être possible ?

« Nous avons cependant constaté la complexité du problème, en ce sens que l'homme est à la fois unité multiple etmultiplicité une, disait Bergson, qu'il possède un Moi et qu'il doit concilier les exigences de son Moi avec cellesd'autrui.

Nous allons essayer de savoir en quoi consiste cette « mise en place », comment elle est possible, etquelles sont les valeurs que l'on peut lui attribuer.Cette sorte de « transplantation du Moi » résiderait en un profond pouvoir de sympathie qui nous permettrait departiciper, de façon immédiate au moins, à la vie psychologique d'autrui.

Cette sympathie serait représentée par uneespèce d'unisson, lors de circonstances pénibles - lors d'un décès par exemple, lors d'une catastrophe - qui feraitque nous compatirions au chagrin d'autrui et par là même que nous aurions une compréhension totale du psychismed'autrui.

Mais ce pouvoir de sympathie peut être considéré comme une « Einfühlung » - tiré du verbe allemand «einfuhlen » qui signifie se mettre dans la peau de quelqu'un.Cette « Einfühlung » a une portée forte car elle implique un certain nombre de directives, de la part du Moi, qui sontloin d'être faciles, qui demandent de sa part une volonté très puissante.Tout d'abord, la première exigence est la reconnaissance d'autrui en tant que personne, une certaine tolérance quifasse accepter le fait qu'autrui possède des réactions, des idées, un comportement personnel, différents souvent deceux de notre Moi.

Ensuite il semble qu'il faille affaiblir son Moi, l'écarter de ses préjugés égocentriques, afin qu'ils'accommode au Moi d'autrui.

Il doit avoir le pouvoir de taxer la situation qu'il ressent d'illusoire, ou du moins lapossibilité de concevoir une même situation sous plusieurs angles, plusieurs points de vue.

On constate donc quecette « mise en place » du Moi sur le Moi d'autrui exige des capacités qui sont bien loin d'être naturelles etuniverselles.

De plus elle n'est pas sans comporter certains dangers : un Moi trop affaibli peut se laisser tropfacilement emporter dans des considérations autres qui ne sont pas obligatoirement justes.

Enfin la principaleobjection est que le Moi peut difficilement écarter ses préjugés : « le Moi se pose en s'opposant au non-Moi », disaitFichte.

Il aura toujours en effet un frein qui le ramènera, inconsciemment ou non, à sa fonction première : s'affirmerparmi les autres Moi.

Le Moi projettera toujours sa caractéristique, ses qualités, ou ce qu'il croit être ses qualités,sur autrui.

Ce thème se retrouve dans la philosophie sartrienne, pour qui l'homme est avant tout un regard, et ceregard fige autrui, en ce sens qu'il lui donne des caractères, des qualités, tes défauts, une beauté...

Il y auratoujours une opposition entre le Moi qui est pour lui-même liberté et le Moi qui est pour autrui figé, catalogué.

D'oùla fameuse pensée : .

L'essence des rapports entre les hommes n'est pas la communauté, c'est le conflit ».

On peutcependant objecter à Sartre le fait qu'il ne tienne pas compte des réalités humaines : jamais un homme n'a connuquelque chose de semblable sous le regard d'autrui.

De plus la philosophie te Sartre n'est pas la communication,c'est la négation.

Finalement il semble que, pour bien comprendre autrui, il ne faille pas tenter te « se mettre à sa place », mais quecette compréhension résulte et se retrouve tans tes circonstances extérieures à la conscience de l'homme.

PourSartre le regard est élément de conflit, mais, justement, n'est-il plus juste de tire que le regard représente un deséléments essentiels de la compréhension mutuelle? L'enfant ne comprend-il pas sa mère grâce au sourire affectueuxqu'elle lui offre? Au sein d'un couple il semble que le regard soit fondamental en ce qu'il exprime une quantité tenuances que le raisonnement ne pourrait même pas atteindre.

Un regard tendre, affectueux se distingueradicalement d'un regard interrogateur, admiratif, traduisant la méchanceté, l'agression...

Ces fameux signes qui netrompent pas ne nous sont-ils pas donnés justement par le regard? Par son intensité, son expression extérieure,notamment la position tes sourcils, en un mot par son langage? Il existe en effet un langage tu regard comme unlangage affectif qui peut aussi être le second mode te compréhension d'autrui.

Ce langage affectif se distingue dulangage d'ordre intellectuel dans lequel l'artifice du raisonnement masque au contraire les vues de la personne.

Parcontre, des mots simples, une simplicité dans les phrases apportent parfois des révélations, là aussi, qui netrompent pas.

Ce langage, d'ordre familial surtout, permet de voir le degré te compréhension d'un être pour un autreêtre.

D'un ordre différent, le langage gestuel, les actes que nous accomplissons nous enseignent parfaitement lepsychisme d'autrui.

Tels sont les principaux actes qui nous permettent de bien comprendre autrui, ou du moins t'enavoir une approche assez sérieuse et juste.

Pour le sens commun il donc juste d'affirmer que pour bien comprendre autrui il faut tenter de « se mettre à sa place», et cette affirmation résulte d'une compréhension intuitive d'autrui, mais en profondeur, en abandonnant le côtésuperficiel, sujet à tes erreurs te jugement.

Mais il est souvent difficile, voire impossible te se « mettre à la placed'autrui » en ce sens que « le Moi se pose en s'opposant au non-Moi », si bien que la compréhension d'autrui seretrouve finalement tans le langage tu regard, le langage affectif, en un mot tans un langage simple, et non pas àl'aide d'un raisonnement souvent trompeur.

Le plus difficile réside bien tans le fait d'atteindre cette simplicitéaffective, signe te l'enfance, et qui s'estompe au fur et à mesure de la vie car elle est marquée par un souci tefinalité qui empêche cette compréhension mutuelle si souhaitable.. »

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