Est-il juste d'affirmer que l'art détourne du réel ?
Publié le 05/02/2004
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• L'art, que le sens commun définit comme une activité oisive –par opposition au travail, activité contraignante, pénible– aurait comme fonction de nous éloigner de ce réel du travailleur, du quotidien « métro-boulot-dodo «. • Mais la réalité correspond-elle à cela ? Ce que l'on voit, sent, touche, est-il toute la réalité ? L'art ne permet-il pas d'aller au-delà des apparences pour révéler ce qu'est la réalité ?
«
quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.
et créditent lemensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artisteest donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion duvrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence enutilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple lebon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deuxdimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.
Plus l'imageproduite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'ilest.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les règles dela perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation .
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifesteà nous par l'intermédiaire de nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète nes'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente les Dieux à l'imagedes hommes.
L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est cequi apparaît.
L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de lareprésentation subjective.
3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .
Dans La « République » (X 597b-598c - cf.
texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».
En effet, il y a trois degrés de réalité.
· La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.
Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées au contact del'expérience (empirisme).
Elles existent indépendamment de notre pensée.
L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.
Cette thèse rend compte et de la connaissance, laréalité est intelligible, objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.
C'est parceque le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons le connaître.
· La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.
Les êtresnaturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonné la matière encontemplant le monde des Idées (« Timée » ).
De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.
Ces êtres ont moins de réalité que les Idéespuisqu'ils se contentent de les imiter.
· La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celleproduite par le peintre puisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.
Elle est donc unpresque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans le miroir.
Elle est le refletd'une apparence.
En fait, il n'y a rien à voir.
Au nom de la vérité Platon critique l'art.
Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à ladéfinition de la réalité sensible comme apparence, apparence trompeuse, apparencedu vrai.
Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue lapuissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences enproduisant des apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.
L'art,effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.
L'homme raisonnablen'y a pas sa place.
L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.
On trouve icila première condamnation morale de l'art et par suite la première justificationthéorique de la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.
Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.
L'art n'élève pasl'âme, bien au contraire.
Apparence, il joue le jeu des apparences.
Tout d'abordparce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scènesociale.
On va au théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs derichesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...
Ensuite parce qu'il nousplonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.
Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant anspectacle des malheurs d'autrui et nous restons froids et impassibles lorsque nousavons l'occasion de lui porter secours.
Mais cependant nous avons pu croire à notrebonté naturelle.
Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui.
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