Devoir de Philosophie

Est-il facile de connaître son devoir ?

Publié le 15/04/2009

Extrait du document

 

  Si l’homme ne sait pas toujours ce qu’il a le devoir de faire, nous constatons que même les philosophes semblent aussi parfois perdus. Il ne sera jamais facile de savoir ce que nous devons faire précisément parce qu’il n’existe aucune norme, et quand bien même cette dernière apparaît, elle est souvent extrêmement dangereuse. Le libre arbitre, l’autonomie de choisir nous donnent justement le pouvoir de distinguer plusieurs devoirs entre eux, afin d’en sélectionner quelques-uns et souvent d’en exclure beaucoup d’autres. En cela réside notre diversité.

   Néanmoins, une chose est sûre : nous devons faire preuve d’une honnêteté sans borne quant à notre volonté puisqu’elle est maîtresse de nos devoirs. Nous n’avons pas le droit de nous mentir, ni de duper les autres hommes.

Et si le plus beau devoir et finalement le plus évident serait d’être à la fois spectateur et acteur de notre vie et du monde dans lequel nous évoluons, tout en le respectant et en essayant sans relâche de le bonifier ? Car les devoirs les plus enviables restent après tout l’estime des autres et la franchise envers soi même. Ils sont aussi, peut-être, les plus faciles à connaître et à reconnaître, mais les moins aisés à appliquer.

   Finalement, les devoirs les plus évidents demeurent les plus ardus à mettre en œuvre puisqu‘ils représentent surtout l‘absolu et la volonté d‘une société entièrement juste. Jamais nous ne saurons certains de nos choix avant d’en connaître les conséquences… mais l’expérience nous aide très souvent à évoluer positivement et à ne plus commettre les mêmes erreurs…

 

  • Analyse du sujet

-          Le sujet met en relation la notion de connaissance et celle de devoir. Il nous demande si le devoir est accessible aisément. Il présuppose qu’une connaissance du devoir est possible.

-          Le devoir : l’obligation qui relève de ma situation (les devoirs d’état), la loi morale inconditionnelle (ce que je dois faire quelle que soit ma situation). Le devoir est toujours en ce sens fondé sur une liberté qui choisit de faire, ou non son devoir. Le devoir se distingue alors de la contrainte, qui ne laisse pas de choix. La connaissance du devoir est alors la connaissance de ce que je dois faire ou vouloir dans une situation donnée ou dans toute situation.

-          Connaissance : se distingue de la croyance car doit être vraie et justifiée. La question de savoir s’il est facile de connaître son devoir recoupe donc celle de savoir s’il est facile de justifier nos choix d’un point de vue moral. Cela suppose alors de trouver un fondement à nos obligations, et il s’agit alors de rapporter l’acte ou l’intention à ce fondement. La difficulté de la connaissance du devoir peut alors porter soit sur le principe de justification (qu’est-ce qui fait qu’un devoir est un devoir) soit sur l’acte particulier (qu’est-ce qui fait que ce choix est conforme au principe général du devoir).

  • Problématique

            Il est facile de connaître son devoir, c’est-à-dire ce qu’il convient de faire, car il suffit de connaître sa fonction et sa nature. Or cette connaissance s’enracinant dans nos premiers instincts qui nous conduisent à nous conserver, chaque devoir peut être connu dans le fait que l’action qu’il prescrit peut être justifiée du point de vue de la raison. Mais cette connaissance générale du devoir paraît facile (est mon devoir ce qui est cohérent avec ma nature) il paraît difficile de reconnaître dans l’acte particulier, la formule générale du devoir. De ce point de vue, connaître l’obligation particulière suppose une certaine prudence, une sagesse ou une connaissance pratique qui n’est pas si facile. En outre, le devoir ainsi défini n’est que conditionnel, puisqu’il se fonde sur mes impulsions au bonheur, plutôt que sur une loi morale qui vaudrait quels que soient mes penchants. Or, si le devoir est un impératif catégorique qui regarde le bien plutôt que le bonheur, alors sa connaissance doit être fondée sur la reconnaissance de sa rationalité pratique, c’est-à-dire la reconnaissance de sa liberté. De ce point de vue il est à nouveau facile de connaître le devoir en général, cela consistant à se reconnaître comme sujet, mais toujours difficile, voire impossible, de connaître l’action particulière à effectuer. Le problème fondamental est donc que s’il paraît facile de connaître le devoir en général, celui qui s’impose à tout homme, il paraît extraordinairement difficile de connaître son devoir, au sens de l’acte que je dois faire ici et maintenant en tant qu’individu particulier.

« que l'acte qu'il prescrit est cohérent avec ma nature et avec l'ordre du monde et n'est pas fait au hasard.

Dèslors, il se distingue d'une action indifférentes, qui ne peut être l'objet d'aucune évaluation ni justification.

Ilsuppose alors une certaine connaissance possible. – Il faut alors conclure que les devoirs étant fondamentalement fondés sur ma nature, et étant évalués enrelation avec celle-ci et l'odre du monde (les évènements), il suffit, pour connaître son devoir, de connaître sanature et son rapport avec la totalité.

De ce point de vue, une science du bien est possible.

Si en effet, j'ai enmoi déjà les tendances naturelles qui me poussent à me conserver, donc à accomplir des actes appropriés avecma nature, mes devoirs me sont toujours déjà dictés par mes premières impulsions. – Mais il s'agit aussi d'évaluer dans le moment l'action à faire, et non plus seulement en général.

Or, de ce pointde vue, la connaissance de mon devoir particulier peut être difficile.

C'est en ce sens que la vertu de prudencedoit jouer un rôle : cette sagesse pratique, fondée sur l'expérience et la science, est sans doute difficile àacquérir, mais pas impossible.

Ainsi, comme le soulignait déjà Aristote dans l' Ethique à Nicomaque , l'action droiteest celle que ferait l'homme prudent.

Pour connaître mon devoir, il s'agirait alors de m'en remettre aujugement de l'homme prudent.

Et s'il est difficile d'être prudent, il ne l'est peut être pas d'écouter l'hommeprudent. – On peut donc dire qu'il est facile de connaître mon devoir en général, et difficile en particulier.

Mais cetteseconde difficulté peut être levée si l'on considère que je peux m'en remettre au jugement de l'homme prudent. II) Cependant, le devoir, s'il est inconditionnel, ne peut être connu à partir d'une évaluation prenanten compte ma nature ou d'une vision prudentielle.

Cette inconditionnalité pose problème pour uneconnaissance possible du devoir. – Si les devoirs sont finalement identifiable à des actes de prudence (en ce sens qu'il ne peut y avoir, danscette perspective stoïcienne, d'opposition entre le bien et l'utile, la différence n'étant pas dans le type d'actionmais dans la manière dont l'action est accomplie, avec vertu ou non), alors celui qui est autorisé à me dire « tudois » est l'homme prudent.

Cependant, un acte de prudence n'est pas un acte de moralité.

En effet, il repose,comme l'affirment bien les stoïciens, sur des tendances initiales qui procèdent de ma nature.

Or, peut-onidentifier ma nature ou mes impulsions au bien ? En effet, le devoir vise la bonne action, avant de viser l'actionheureuse.

Il peut se faire que, dans les faits, si ma nature est bonne, l'action heureuse, conforme à ma nature,soit l'action bonne.

Mais en droit, ce qui me fait plaisir peut ne pas être bon.

C'est ici la question du vice qui sepose.

En ce sens, les conseils de prudence visent le bonheur, non le bien.

Mais alors, ce ne sont pas desdevoirs, mais bien des conseils.

« Si tu veux ceci, fais cela », et non « fais cela ».

Ce sont, selon la formule deKant, des impératif non pas catégoriques (absolus) mais hypothétiques (qui supposent des conditions).

Lasagesse entendue comme science du bonheur est donc peut être facile puisqu'elle se rapporte au plaisir(conformité à mes impulsions), mais elle ne fournit pas une connaissance du devoir, qui doit se rapporter au bien(conformité à une norme). – Pour parler d'un devoir, au sens absolu de ce terme, il faut donc reconnaître en l'homme une loi morale,donnée dans une expérience morale irréductible à un quelconque calcul ou expérience particulière.

La consciencemorale est ainsi un « instinct divin », le bien et le mal se donnant directement dans le sentiment moral, comme lemontre Rousseau.

Il est en ce sens facile de connaître son devoir : il convient d'écouter sa conscience ( Emile ). – Connaître le devoir revient donc à écouter en soi la loi de la moralité.

Le devoir, véritable mobile de la raisonpure pratique (c'est-à-dire une rationalité qui nous pousse à agir sans faire intervenir le plaisir, c'est pourquoi onla dit « pure », et qu'elle permet l'acte libre), « n'est autre que la pure loi morale elle-même » (Kant Critique de la raison pratique ), source d'un respect de l'individu à son égard.

Le « tu dois » est donc énoncé par le respect que j'éprouve à l'égard de la loi morale.

Or, ce respect n'est pas le fruit d'un calcul d'intérêt ou de plaisir, ni unacte de prudence, puisqu'il aboutit à accomplir l'action par devoir, qu'elles qu'en soient les conséquences, et nonpar conformité au devoir, pour éviter le châtiment. – Il n'y a donc que ma conscience morale qui peut reconnaître le devoir, et cette conscience fait que laconnaissance du devoir est facile.

La loi morale est présente en chacun de nous et ne repose pas sur un savoirou une sagesse pratique.

Il n'y a de bien qu'une bonne volonté. – Cependant, encore une fois, dans le cas particulier, il est difficile, voire impossible, de savoir si l'acte que jefais est un acte fait par devoir (par respect pour la loi morale) ou par intérêt.

Si mon devoir est d'agir par devoir,il est impossible de connaître dans le cas précis si mon action répond au devoir ou au plaisir.

Car en effet, l'actepeut être conforme au devoir mais non fait par devoir.

Dès lors, soit la conscience morale est transparente àelle-même, et il est facile, toujours, de connaître son devoir, soit elle peut s'illusionner, et il est alors impossiblede connaître son devoir au sens particulier. III) Dès lors, comment articuler une connaissance difficile, voire impossible, des devoirs, et une. »

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