Est-il de l'essence de la vérité d'être impuissante ?
Publié le 20/10/2012
Extrait du document
«
Qu’en est-il alors de la fondation du vrai ?
Descartes peut nous étonner quant il affirme, d'un côté, que le vrai ne
peut être le fruit du hasard et, d'un autre côté, nous rappeler, dans le
Discours de la Méthode, qu'il a trouvé sa méthode par hasard.
D'où la
nécessité de fonder le vrai par les trois modalités du doute : doute
sceptique, savant et hyperbolique .
Il distingue l' indubité relevant de l'ordre de la persuasion (persuasio) de
l'indubitable appartenant à la science (scientia) .
Dans la lettre à Régus du
24 m ai 1640, il déclare que la « science est la persuasion qui vient d'une
raison si forte qu'aucune si forte ne puisse l'ébranler.
Mais ceux qui
ignoren t Dieu n'en ont jamais de telle ».
Qua nd l'é vidence est présente à
l'esprit sa force est telle que je ne pe ux refuser de lui accorder mon
assentiment.
Si je ne suis pas sous le joug de l'évidence, le doute réapparaît.
La persuasion est précaire q uand je ne sais pas que Dieu existe.
Il est donc
nécessaire de démontrer qu'il existe pour parvenir à la vérité.
« Un athée ne
peut être géomètre » dit-il dans les Secondes réponses .
Un athée peut avoir
des évidences mais il ne parvient pas à la science, car la persuasi on est sans
fondement, sans gara ntie.
La science ne s'obtient que dans le passage de
l' indubité à l'indubitable.
C’est là l a réponse de Descartes au problème spinoziste du « cercle
de Descartes » qui s’enfoncerait dans une régr ession à l’infini du doute.
Or
i l n'y a pas cercle, mais cohérence.
Descartes ne prétend pas fonder le vrai c ar sa méthode veut fonder une
démarche fondée sur elle -même.
Il doute de tout , y compris de douter, sauf de l'instrument du doute,
c ’est -à -dire de la raison sinon on n'a plus de faculté en qui avoir confiance.
On ne peut donc fonder le vrai pu isque doute r des instruments du doute
revient à ne plus pouvoir douter.
Le vrai est donc impuissant à rendre
raison de lui -même.
Mais alors l e vrai est-il impuissant à s'imposer lui -même ?
Dans la lettre du 15 avril 1630 à Mersenne, il dit avoir trouver une
m éthode plus évidente qu'en géomé trie : le vrai s'impose.
Par la suite, dans
la VIe R éponse aux Méditations métaphysiques , il distingue l’assentiment
de la persuasion ( assentio/persuasio) : l'ordre des raisons propose un
enchaînement des évidences qui impose à mon esprit de donner son
assentiment.
Mais celui -ci n'est pas l'adhésion car l'habitude de croire n'a
pas été détruite.
L'habitude de croire inscrit dans l'esprit des préjugés qui
interdisent une vraie persuasion.
Il y a donc une impuissance du vr ai pour
un esprit occupé par des opinions.
C'est pourquoi l’hypothèse du « malin
génie » ne répond à aucune raison théorique , mais il tient à la nature de
l'esprit d'avoir dè s la naissance des mauvaises habitudes.
Il ne s'agit donc
plus ici de douter mais de nier.
On doute des vérités mais on nie les
préjugés.
Le vrai ne s'impose que s'il y a un traitement de négation des
préjugés..
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