Est-il contraire à la raison de croire en Dieu
Publié le 25/03/2005
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Analyse. · Nous avons ici trois notions qui se présentent : la raison, la croyance, et le concept de Dieu. · Pour pouvoir aborder sereinement notre étude, nous devrons d’abord définir ces notions : o La raison d’abord. Le terme vient du latin, et signifie le calcul, la faculté de calculer. Dans notre sujet, la raison concerne la faculté de penser, de concevoir de l’homme. Est compris comme raisonnable ce qui est compris, reconnu. o La croyance, ensuite. Ce terme s’oppose ici à celui de raison. La croyance est assimilable à la foi, en tant qu’elle dépasse justement la raison, qu’elle consiste à valider ce qui n’est pas démontré rationnellement. o Dieu, enfin. Ce terme désigne une entité supérieure douée de puissance surhumaine. Mais dans notre sujet, ce Dieu porte une majuscule, il s’agit donc d’un souverain créateur, nécessaire éternel infini et parfait. Cependant, c’est par la religion et la croyance que nous y accédons. · Nous voyons donc ici où se situe le problème de notre sujet. Dieu est parfait, il est nécessaire. Cependant, la croyance est supérieure à la raison pour le connaître, où du moins le deviner. · Si la raison ne peut prouver Dieu, alors nous sommes face à deux possibilités : o Soit la raison est inutile à l’homme et seule la foi compte. Mais alors, aucune connaissance n’est obtenue, et la vie de l’homme risque de s’avérée quelque peu misérable ; o Soit la raison est utile à l’homme, et c’est la religion (et non pas Dieu) qui devient inutile. Mais comment justifier alors la persévérance, sous quelque forme que ce soit, de la religion ? · Aussi devrons-nous poser sérieusement la question de la relation entre la raison, la croyance et Dieu. Le rejet catégorique de la raison ou de la croyance ne peut permettre d’approcher l’idée de Dieu. Problématisation. La religion permet à l’homme d’accéder au mystère du divin. Par la foi, la croyance, nous pouvons approcher Dieu. Mais comment comprendre que la foi réussisse là où la raison semble échouer ? Croire en Dieu, est-ce définitivement tout sauf raisonnable ? Tout d’abord, en quoi la croyance parvient-elle à produire ce que la raison ne parvient pas à faire ? Ensuite, ne peut envisager une religion raisonnable, débarrassée de la croyance et fondée sur la raison ? Enfin, ne peut-on pas concilier croyance et raison dans l’homme et sa compréhension du divin ?
«
« Dans la hiérarchie des moyens servant à exprimer l'absolu, lareligion et la culture issue de la raison occupent le degré le plusélevé, bien supérieur à celui de l'art.
» Hegel, Esthétique
· Pour Hegel, la religion peut, voir doit, provenir de la raison. C'est d'ailleurs en cela qu'elle exprime le mieux, l'absolu, Dieu. · Nous avons donc ici à faire çà une religion dite naturelle, religion des philosophes qui refusent de passer par le seulfondement de la foi pour accéder au divin. · Aussi, la religion naturelle est-elle opposée à la croyance. Encore une fois, nous avons à faire à une opposition mettant enévidence la contradiction entre foi et raison. · Cependant, la religion naturelle ne parvient pour autant à supprimer la croyance.
Pire, elle ne peut contrer les arguments dela foi.
3.
La raison est-elle absolument contraire à la croyance en Dieu ?
Kant, critique de la théologie rationnelle
Des preuves à propos de Dieu ?
Dieu existe-t-il ? N'est-il qu'une illusion destinée à se rassurer ? La discussion philosophique est âpre au sujetde Dieu.
Les partisans de l'existence de Dieu ne manquent pas d'arguments.
La tradition en a retenu trois.
Lesdeux premiers sont extérieurs et concernent le monde.
Le troisième est intérieur et concerne les idées*.S'agissant du monde, il y a deux façons de prouver que Dieu existe.
La première consiste à partir del'imperfection du monde.
La seconde consiste à partir au contraire de la perfection décelable dans le monde.S'agissant de l'imperfection du monde, celle-ci est bien un signe de l'existence de Dieu.
Considérons un instant,en effet, l'argument couramment employé par ceux qui ne croient pas en Dieu.
Dieu n'existe pas, disent-ils, carc'est la nature* qui est Dieu.
Il s'agit là d'une position « panthéiste », qui se heurte à une contradiction.
Si lanature, en effet, était Dieu, ne devrait-elle pas être parfaite ? À l'évidence, il y a en elle des imperfections.C'est donc qu'elle n'est pas parfaite et divine et que Dieu se trouve ailleurs.
De même, considérons, cette fois-ci, la perfection de la nature.
À l'évidence, un accident n'a pas pu créer un monde aussi organisé et aussiintelligent que le nôtre.
À l'évidence, le monde ne fait rien en vain et ne va pas nulle part.
N'est-ce pas là lesigne manifeste qu'il existe une cause intelligente organisant tout ce qui existe dans le monde ? Enfin,considérons nos pensées.
Nous avons en nous l'idée de perfection.
La perfection ne possède-t-elle pas pardéfinition toutes les qualités ? Ne possède-t-elle pas, par là même, celle d'exister ?
Les réticences de Kant
Kant n'a pas été convaincu par ces preuves de l'existence de Dieu.
Certes, dira-t-il dans les antinomies de la «Raison pure », chapitre de la Critique de la raison pure , il n'est pas rationnel de considérer que la nature estDieu.
Mais dire que Dieu existe est-il pour autant possible ? Ne dit-on pas que Dieu existe pour se représenterla nature et son commencement, et non parce que l'on a effectivement rencontré un Dieu existant et vivant ?De même, il n'est pas faux de considérer que la nature n'a pas pu surgir par hasard, tant il y a de perfection enelle.
Devons-nous pour autant conclure que l'idée de Dieu, qui nous permet de penser la nature, n'est autreque Dieu lui-même ? Voyons-nous Dieu parce que nous voyons la perfection qui réside dans la nature ? Enfin, iln'est pas faux de dire que, si Dieu existe, celui-ci doit avoir toutes les qualités, dont l'existence.
Mais, quandj'ai l'idée d'une existence, est-ce là l'existence elle-même ? Et, quand j'ai affaire à l'existence, est-ce à uneidée que j'ai affaire ?
Un idéal régulateur
Kant s'est parfaitement rendu compte d'une erreur majeure que nous faisons quand nous parlons de Dieu.
Nousconfondons sans cesse le discours que nous pouvons tenir sur Dieu avec Dieu lui-même.
Ainsi, ce n'est pasparce que nous avons l'idée que la nature n'est pas Dieu–parce qu'il existe une perfection à l'origine de lanature ou parce que l'idée de Dieu implique nécessairement que Dieu existe– que Dieu existe effectivement.Est-ce à dire que Dieu n'a aucun rôle à jouer en philosophie ? Nullement.
Nous ferions moins d'erreurs si nousenvisagions Dieu comme un idéal régulateur, écrira Kant, et ce pour deux raisons.
Imaginons en effet que Dieusoit simplement celui dont on a l'« idée » à propos du spectacle de la nature ou d'une méditation personnelle;Dieu redeviendrait une réalité «extraordinaire» que nos expériences ou nos méditations nous permettraientd'aborder comme tel.
Tout serait alors « régulé », autrement dit à sa place : l'homme avec ses expériences etses méditations, Dieu avec son visage extraordinaire..
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