Est-il absurde de désirer l'impossible?
Publié le 28/04/2015
Extrait du document
«
d'agir en conséquence.
Car d’après Platon, l’Homme doit avoir le courage de s’opposer au
désir car ce qui lui est propre c’est la raison : c’est la critique platonicienne du désir.
Une
existence entièrement dévolue à la poursuite d’un idéal utopique pourrait .
C’est pour cela
qu’il serait mieux de se fixer des objectifs suffisamment accessibles pour être un jour atteints.
Mais est-on toujours maître de ses désirs ? Le propre du désir n'est-il pas précisément de nous
porter toujours au-delà du simple possible ?
3 LIGNES
Ensuite peut-on ne pas désirer l’impossible ? Le désir est du domaine de la représentation il
appartient par essence au monde de l'esprit et donc à l'illimitation.
En effet, si nos besoins sont
naturellement limités, nos désirs sont par essence infinis, infiniment renouvelables.
Platon
avait d’ailleurs vu cela dans la République , où il nous montre qu'il n'y a pas qu’un seul désir,
mais plusieurs extrêmement diversifiés, changeants et insatiables et quasi monstrueux.
Le
désir renaît sans cesse de ses cendres et toute satisfaction n'est que temporaire.
Vu que le désir est par essence lié à la faculté
d'imagination, n’est-il donc pas susceptible de se porter sur des objets inaccessibles.
Et même
plus, n'est-ce pas précisément ce qui nous est inaccessible que nous désirons le plus ? Car
« l’Homme préfère la chasse à la prise » disait Pascal.
Cela nous amène à nous poser la
question de savoir si le bonheur lui-même est accessible.
Pour les philosophes eudémonistes
de l'Antiquité, le bonheur est le souverain bien de l'existence humaine et l’action conforme à
la vertu.
Mais, savons-nous bien ce que recouvre le bonheur ? Pour Kant, dans les
fondements de la métaphysique des mœurs , le bonheur est un concept dont la définition
dépend des expériences de chacun.
Pour lui, comme le bonheur n’a pas définition exacte
alors l’Homme n’a pas à cherché à être heureux, il risque de perdre son temps surtout si la
morale est en jeu.
La
solution ne viendrait-elle pas de la philosophie des stoïques, ceux qui sont imperturbables et
qui font abstraction de la douleur comme Epictète? En effet, si le désir tend par nature
toujours vers un idéal inaccessible, ne pourrait-on pas tenter d'éradiquer nos désirs ? Pour
les stoïciens, le désir est une maladie de l'âme qu'il faudrait guérir dans la mesure où il nous
porte sans cesse à ne pas nous satisfaire de ce qui est.
Comme le stoïcisme il faudrait se
priver pour se détacher du désir : il faut faire de l’ascèse.
Il faut accepter les choses telles
qu’elles sont, car elles sont ce qu’elles doivent être.
Il s'agit de ne pas désirer l'impossible.
Dans ces conditions, l'essentiel de la morale stoïcienne consiste à « vivre selon la nature, en
évitant de se troubler pour des choses qui ne dépendent pas notre volonté » en trouvant son
bonheur dans se citadelle intèrieure.
Or, c'est là que l'on trouve le vrai bonheur, identifié à
l'ataraxie (l'absence de troubles de l'âme causés par les désirs vains).
La sagesse stoïcienne est à la fois fascinante et problématique.
On peut s'interroger sur la
nature de cette volonté d'éliminer le désir.
En effet, n'est-ce pas la forme que prend le désir de
celui qui se sent impuissant à changer l'ordre des choses ? Auquel cas, la volonté ne serait
qu'un certain « désir de sagesse » parmi tous les désirs qu'elle entend dominer.
3 LIGNES.
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