Est-ce une bonne chose de se dire: le travail est bon pour la santé ?
Publié le 15/04/2005
Extrait du document
Deuxième
partie
- Loin d'être libérateur, cet embourgeoisement est
aussi bien une prolétarisation : le travail est une forme d'exploitation et
d'aliénation qui réduit l'homme à l'état de bête (Marx, Manuscrits de 1844,
2e partie « Le monde aliéné »). Marx oppose pourtant à ce modèle
aliénant un idéal libérateur du travail, dans lequel l'homo laborans
exprimerait sa véritable personnalité : il travaillerait non simplement pour
manger, mais pour lui-même et afin d'établir des rapports sociaux avec d'autres
hommes, et non en tant que simple travailleur (pièce d'une machine).
- Dire que « le travail est bon pour la santé » relève donc d'une
mystification qui ne conduit qu'à la résignation individuelle devant la
nécessité de « gagner sa vie » (au prix de la perdre, à petit feu ou
brutalement) et, finalement, au maintien de l'ordre social existant. « Le
travail est la meilleure des polices » (Nietzsche). En outre, si Marx comme les
libéraux considèrent que le travail est l'outil du progrès, de la transformation
de la nature en culture (Hegel), assimilant donc le travail à une production
nécessaire et utile, celui-ci peut même se révéler, dans nos sociétés de
consommation, stérile : l'activité de production ne sert plus qu'à satisfaire
des besoins artificiels créés de toutes pièces par la publicité, etc.
Troisième partie
- Pourtant, l'oisif est un homme malheureux
(Pascal, Pensées, §139 : l'homme ne sait pas rester seul dans sa chambre,
il doit s'agiter, « jouer »). De plus, le travail apporte une reconnaissance
sociale : le chômeur est « exclu », l'oisif méprisé (fable des frelons et des
abeilles de Mandeville). Ainsi, si l'on peut critiquer le caractère aliénant et
stérile du travail dans la société de consommation, dont la médecine du travail
établit les symptômes, et dénoncer le caractère idéologique de la valeur-travail,
il faut reconnaître que le travail, devenue de fait une valeur consensuelle, est
la forme principale de participation à la vie sociale.
- De ce fait, au-delà du travail nécessaire, en
tant qu'activité productrice et transformation de la nature, il faut reconnaître
une dimension psychique et sociale au travail en tant qu'activité reconnue par
la collectivité. Si le travail comporte aussi une dimension pathologique
(stress, « workaholic », etc.
Au-delà du caractère aliénant ou libérateur du travail, il faut distinguer la question objective « le travail est-il bon pour la santé ? « de la proposition qui la précède et qui renvoie au sujet éthique qui travaille. « Bon « s’entend ici dans deux sens, d’abord moral (« une bonne chose «), ensuite biologique ou psycho-somatique (rapport du travail à la santé). C’est donc le rapport entre la pénibilité du travail et le travail comme valeur sociale qu’il convient d’interroger. On l’interrogera à la fois dans le cadre subjectif de la motivation personnelle, et dans celui, objectif, du « bon en soi «.
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- La plus grande jouissance sensible, qui ne se mêle d'aucun dégoût, consiste, quand on est en pleine santé, à se reposer après le travail. Ce penchant à prendre du repos sans avoir travaillé, quand on est en bonne santé, s'appelle paresse. Kant, Emmanuel. Commentez cette citation.
- La plus grande jouissance sensible, qui ne se mêle d'aucun dégoût, consiste, quand on est en pleine santé, à se reposer après le travail. Ce penchant à prendre du repos sans avoir travaillé, quand on est en bonne santé, s'appelle paresse. [ ] Kant, Emmanuel. Commentez cette citation.
- La plus grande jouissance sensible, qui ne se mêle d'aucun dégoût, consiste, quand on est en pleine santé, à se reposer après le travail. Ce penchant à prendre du repos sans avoir travaillé, quand on est en bonne santé, s'appelle paresse. Kant, Emmanuel. Commentez cette citation.
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