Est-ce que toutes les sciences peuvent-elles etre constituées sur le modèle de la géométrie ?
Publié le 03/09/2005
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Le sujet est difficile à bien comprendre dans la mesure où nous aurions tendance à le reformuler ainsi : peut-on construire toutes les sciences sur le modèle de la géométrie ? Or il n'est pas question de modèle ici mais de domaine. Il s'agit donc de s'interroger sur la nature des objets de la science géométrique et de savoir si ce sont les mêmes objets sur lesquels portent toutes les sciences. La notion de domaine doit donc être clairement définie pour bien comprendre de quoi il est question ici. Le domaine fait référence à la délimitation d'un espace, d'un lieu. Il peut être utilisé pour parler d'une propriété. Le domaine d'un seigneur au Moyen Age comprenait toutes les terres qui lui appartenaient. Ainsi le terme « domaine « a une fonction de spécificité, il a pour but de préciser la parcelle appartenant à un individu et de même dans les sciences, l'objet ou les objets propres à une science en particulier. Pour la géométrie son domaine comprendra les figures comme le triangle, le parallélépipède et toutes les figures abstraites, c'est-à-dire que nous ne pouvons pas rencontrer dans le réel mais qui peuvent pourtant correspondre à la forme des objets, la forme sphérique du soleil par exemple. Le territoire géométrique, son lieu d'investigation, se compose d'objets abstraits, de formes ou de figures abstraites mais ne pouvons-nous pas étendre ce territoire à l'espace ? Nous parlons de géométrie dans l'espace dans le sens où nous dessinons des figures en deux ou trois dimensions. Or vouloir représenter les objets de la géométrie dans un espace à trois dimensions c'est vouloir lier notre représentation de l'espace réel à celui de l'espace géométrique. Il y aurait plusieurs manières de répondre au problème du lien de la géométrie, conçue comme science exacte et abstraite, avec les autres sciences. Soit s'interroger sur le fondement de l'abstraction géométrique et voir qu'elle a un fondement dans le réel, il s'agirait alors de montrer que toutes les sciences, non pas portent du réel mais partent du réel. Soit accentuer la différence entre les sciences dites exactes ou formelles, que sont les mathématiques, qui comprennent la géométrie, et la logique, et les sciences empiriques, qui comprennent sciences de la nature (physique, chimie, biologie) et les sciences humaines et sociales (économie, sociologie, droit, histoire, philosophie...). Cette différence prenant sa source dans la nature du domaine de chaque science, les domaines scientifiques seraient hétérogènes, d'autant plus si les deux sciences que l'on compare n'appartiennent pas au même type de science (deux types : sciences exactes et sciences empiriques). Soit enfin trouver un pont entre la géométrie et les autres sciences qui permettrait de ne pas faire sombrer la science dans une multiplicité mais de trouver une unité par la méthode utilisée.
«
La possibilité pour toutes les sciences (non pas seulement sciences exactes mais sciences empiriques) d'accéder à l'exactitude et à la précision, qui sont deux piliers de l'objectivité requise par la science, supposequ'elles aient le même rapport que celui de la géométrie à son domaine.
Transition : Le risque de l'attitude de la science géométrique vis-à-vis du réel consiste finalement à s'enfermer dans un monde qui n'existe pas comme tel et qui pour autant prétend nous donner des informations sur leréel.
Le risque d'une telle conception réside dans l'éloignement scientifique du réel.
Risque d'autant plus grand queles sciences empiriques ne peuvent se passer de ce lien avec le réel, la biologie portant sur le vivant se nourrit desobservations des différents êtres vivants (minéraux, végétaux, animaux) et ne peut donc sans se fourvoyer trops'éloigner du réel.
Deuxième partie : La science suppose le réel.
2.1 Les sciences se fourvoient quand elles s'éloignent du réel.
« Et quels fins instruments d'observation sont pour nous nos sens ! Le nez, par exemple, dont aucun philosophe n'a jamais parlé avec vénération et reconnaissance, le nez est même provisoirement l'instrument le plusdélicat que nous ayons à notre service : cet instrument est capable d'enregistrer des différences minima dans lemouvement, différences que même le spectroscope n'enregistre pas.
Aujourd'hui nous ne possédons de sciencequ'en tant que nous nous sommes décidés à accepter le témoignage des sens, - qu'en tant que nous armons et aiguisons nos sens, leur apprenant à penser jusqu'au bout.
Le reste n'est qu'avorton et non encore de la science :je veux dire que c'est métaphysique, théologie, psychologie, ou théorie de la connaissance.
Ou bien encore , science de la forme, théorie des signes : comme la logique, ou bien cette logique appliquée, la mathématique.
Ici la réaliténe paraît pas du tout, pas même comme problème ; tout aussi peu que la question de savoir quelle valeur a engénéral une convention de signes, telle que la logique.
» NIETZSCHE, Le crépuscule des idoles, La « Raison » dans la philosophie, 3.
Les sciences devraient donc partir de l'expérience et porter sur l'expérience et non se servir de l'expérience comme un tremplin permettant l'abstraction qui risque d'éloigner les sciences du réel.
2.2 Le monde de la vie fonde les sciences formelles.
« La logique prétendument entièrement indépendante que les logisticiens modernes – et même sous le tire de philosophie véritablementscientifique – se figurent pouvoir élaborer, j'entends l'élaborer comme lascience fondamentale a apriorique universelle pour toutes les sciencesobjectives cette science-là n'est rien d'autre qu'une naïveté.
Son évidencemanque de la fondation scientifique à partir de l' a priori universel du monde de la vie, que pourtant elle persiste à présupposer constamment sous la formed'évidence qui n'ont jamais été portées à la généralité qui est par essencecelle d'une science.
C'est seulement une fois que cette science fondamentaleradicale sera là, qu'une telle logique elle-même pourra devenir une science.»HUSSERL , La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, §36.
Transition : La difficulté consistant à construire les sciences à partir du domaine de la géométrie réside dans l'éloignement du réel.
Or les sciencesportent sur la réalité.
Donc il faut maintenir le lien entre les sciences et leréel.
Pour ce faire il faudrait déjouer l'écueil que constitue l'abstraction entant qu'elle pourrait impliquer la formation d'objets sans réalité.
Troisième partie : L'astronomie comme solution au problème.
3.1 Penser la généralité n'est pas contradictoire avec le fait pour la science de porter sur le réel.
Passage de l'idée abstraite de triangle àl'idée générale de triangle.
« Mais ici on demandera comment nous pouvons savoir qu'une proposition vraie de tous les triangles particuliers, à moins de l'avoir vu d'abord démontrée de l'idée abstraite de triangle qui convienne également à tous ?[...] ce que j'ai démontré d'un triangle rectangle isocèle particulier est vrai de tout triangle obliquangle ou scalène ;et ce n'est nullement parce que j'ai démontré la proposition de l'idée abstraite de triangle.
Et ici il faut reconnaîtrequ'un homme peut considérer une figure simplement comme triangulaire, sans se préoccuper des qualitésparticulières de ses angles, ou des relations de ses côtés.
Jusque-là, il peut abstraire, mais cela ne prouvera jamaisqu'il puisse forger une idée incohérente, générale abstraite de triangle.
De même, nous pouvons considérer Pierre en tant qu'homme ou en tant qu'animal, sans forger la susdite idée abstraite d'homme ou d'animal, dans la mesure oùon ne prend pas en considération tout ce qui est perçu.
» BERKELEY, Principes de la connaissance humaine,.
»
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