Est-ce que c'est à la victime de se faire justice?
Publié le 16/02/2005
Extrait du document


«
La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est uneréparation obtenue par un acte de la partie lésée, tandis quel'autre est l'oeuvre d'un juge.
C'est pourquoi il faut que laréparation soit effectuée à titre de punition, car, dans lavengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsitroublé.
De plus, la vengeance n'a pas la forme du droit, mais cellede l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ouselon un mobile subjectif.
Aussi bien le droit qui prend la forme dela vengeance constitue à son tour une nouvelle offense, n'estsenti que comme conduite individuelle et provoque,inexpiablement, à l'infini, de nouvelles vengeances.
HEGEL
1) Quelle est la thèse de Hegel et comment le texte est-il construit ?
2) Expliquez:
a) "un acte de la partie lésée"b) "le droit se trouve ainsi troublé"c) "un mobile subjectif"
1.
Énoncé de la thèse de Hegel: En tant qu'acte de droit, la punition s'oppose rigoureusement à la logiquepurement passionnelle de la vengeance.
Étude de la construction du texte: Tout le texte constitue une exposition et une justification argumentée del'opposition de la vengeance et de la punition.
• La première phrase explicite l'opposition des deux termes en distinguant leurs sources respectives : la victimeet le juge, considérés comme auteurs des actes envisagés.• Les deuxième et troisième phrases mettent en place la punition comme acte de droit, et désolidarisent laréparation de toute implication passionnelle, donc de la vengeance, rattachée à l'arbitraire.• La dernière phrase récuse toute confusion entre le droit et la vengeance, et en indique les conséquencesintenables (logique de la violence).
2.
a) « un acte de la partie lésée » : une réaction de la victime qui, ayant subi un préjudice, veut obtenirréparation elle-même ;
b) « le droit se trouve ainsi troublé » : le droit, défini comme ensemble de règles qui rend possible la cohésionet la concorde d'un groupe, ne peut s'affirmer que dans le silence des passions : en tant que déterminationrationnelle des normes de la vie commune, il requiert l'avènement, en chaque individu, de la raison, faculté desaisir les exigences ultimes de l'organisation commune, et de les mettre en oeuvre ; l'assujettissement auximpulsions, à la passion d'un intérêt particulier exacerbé, ne peut que perturber cette mise en oeuvre ;
c) « un mobile subjectif » : le mobile, c'est ce qui pousse à agir, à mettre en mouvement ; le mobile peutrelever de l'affectivité, de la subjectivité personnelle, ou d'un examen réfléchi et rationnel ; est subjectif unmobile qui relève de la subjectivité, c'est-à-dire de l'affectivité propre à chaque homme, considéré dans laparticularité de son existence et de ses réactions.
[Contre la vengeance, l'idée de punition]
« Nul n'a le droit de se faire justice soi-même.
» Comprendre un tel précepte, c'est se délivrer des représentations non réfléchies qui peuvent résulter des impressions et des impulsions premières.
Il peut semblerparadoxal en effet d'interdire à la victime de l'agression toute riposte qui ne relève pas de la légitime défense.Pourtant, la fondation d'un état de droit est incompatible avec l'acceptation de la possibilité d'une telle riposte,qui conduirait à transformer l'ensemble de la société en un champ clos de luttes incessantes, en un règne de lavendetta.
Pour que la punition soit normée par la seule loi, il faut qu'elle soit affranchie de toute passion.
La punition peut-elle ne rien devoir à la vengeance ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Sujet Faire régner la justice, est-ce seulement appliquer le droit?
- Faire régner la justice, est-ce seulement appliquer le droit ?
- Pour éviter de heurter, je dois faire ici remarquer que, lorsque je nie que la justice soit une vertu naturelle, je fais usage du mot naturel uniquement en tant qu'opposé à artificiel.
- Qui doit faire régner la justice ?
- Le droit peut-il faire abstraction de la notion de justice ?