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Est-ce parce que les hommes ne sont pas égaux qu'ils ont inventé l'idée d'égalité ?

Publié le 26/02/2004

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Calliclès a aussi des idées sur l'origine de telles conventions : à ses yeux, elles répondent au désir des plus faibles de ne pas être dominés, malgré l'absence de force qui les prédispose à l'être. Ce qui permet aux plus faibles de traduire leurs conceptions sous forme de lois réelles, c'est qu'ils trouvent une force de compensation dans leur nombre, qui les porte au pouvoir en dépit de leur absence de valeur personnelle : « le malheur est que ce sont, je crois, les faibles et le grand nombre auxquels est due l'institution des lois. Aussi instituent-ils ces lois par rapport à eux-mêmes et à leur avantage ». En produisant une explication de ce type, Calliclès entend rendre compte tout particulièrement du régime démocratique, dans lequel s'impose la loi du nombre, mais on peut penser que plus généralement, les plus démunis sont davantage demandeurs de législation, car là où rien n'est interdit, la force peut se donner libre cours, et les puissants règnent sans entraves : la demande même de loi serait nécessairement le fait des faibles, que le processus d'établissement des lois soit ou non démocratique. Une explication de même nature se retrouve au XIX ième chez Nietzsche, non pas exactement à propos de l'établissement des législations, mais plus largement à propos de l'émergence des valeurs juridiques et morales. Reprenant dans la « Généalogie de la morale », l'opposition entre forts et faibles. Nietzsche estime que l'évaluation appartient tout d'abord aux forts (la « superbe brute blonde »), satisfaits de leur force et de la vie, mais que l'histoire humaine connaît une « révolte des esclaves », dont les grands représentants sont le Christ, Socrate, et les socialistes. Incapable d'une véritable action, le « troupeau » des faibles compense son incapacité à dominer par une condamnation, et, poussé par le « ressentiment », s'arrange pour trouver mauvais le fait naturel de la domination par les forts, renversant ainsi imaginairement la relation hiérarchique. De l'égalité dépend la justice Ainsi que l'écrit Benjamin Constant: «L'inégalité est ce qui seul constitue l'injustice. Si nous analysons toutes les injustices générales ou particulières, nous trouverons que toutes ont pour base l'inégalité» (Écrits politiques).


« de la justice.On dit que, suivant la nature, commettre l'injustice est un bien, la subir un mal, mais qu'il y a plus de mal à lasubir que de bien à la commettre.

Aussi quand les hommes se font et subissent mutuellement des injustices etqu'ils en ressentent le plaisir ou le dommage, ceux qui ne peuvent éviter l'un et obtenir l'autre, jugent qu'il estutile de s'entendre les uns les autres pour ne plus commettre ni subir l'injustice.

De là prirent naissance les loiset les conventions des hommes entre eux, et les prescriptions de la loi furent appelées légalité et justice.Telle est l'origine et l'essence de la justice.

Elle tient le milieu entre le plus grand bien, c'est-à-dire l'impunitédans l'injustice, et le plus grand mal, c'est-à-dire l'impuissance à se venger de l'injustice.

Placée entre cesdeux extrêmes, la justice n'est pas aimée comme un bien, mais honorée à cause de l'impuissance où l'on estde commettre l'injustice.

Car celui qui peut la commettre et qui est véritablement homme se garderait bien defaire une convention aux fins de supprimer l'injustice ou commise ou subie : ce serait folie de sa part.

Voilàdonc, Socrate, quelle est la nature de la justice, et l'origine qu'on lui donne.

» Platon, La République, livre 2,358d/359b.

Traduction Chambry. Vaut-il mieux subir l'injustice que la commettre ? Pour Socrate, la justice est une valeur absolue.

Elle est pourlui le bien et la vertu par excellence.

Glaucon propose ici de définir la justice non comme une fin, mais commeun moyen.

Elle n'a donc qu'une valeur relative.

Il oppose la nature et la loi.

Par nature, l'injustice estpréférable.

Par la loi, la justice est préférable.

Ce changement s'explique par le fait que les hommes ont fait uncalcul.

Avant l'établissement de toute loi, le risque de subir l'injustice étant supérieur à l'occasion de pouvoirla commettre dans la majorité des cas, les hommes s'entendent entre eux et établissent une convention parlaquelle ils se protègent de l'injustice subie et renoncent à l'injustice commise.La justice n'est donc pas naturelle.

Elle résulte d'une institution, d'un contrat.

C'est sur la loi qu'il fauts'appuyer pour la faire exister, et non sur la nature. Toute société vise un bien communEn disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote veutmontrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritablenature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre » Les hommes aspirentdonc tout naturellement à vivre en société.

Et la finalité de ce vivre-ensemble est la recherche du biencommun.

Or, ce bien n'a de consistance que s'il se fonde sur la notion d'égalité, laquelle garantit à chaquepersonne les mêmes droits, au-delà des inégalités naturelles.

[Il y a une égalité naturelle.

Ce n'est donc pas l'inégalité naturelle qui a poussé les hommes a inventé l'idée d'égalité mais une préoccupation d'ordre morale.] Liberté et égalité naturelles chez RousseauRousseau rejette la conception de Hobbes selon laquelle, dans l'état de nature, les hommes seraient livrés àune guerre perpétuelle.

L'état de nature est l'état dans lequel trouve les hommes lorsqu'ils ne sont soumis aaucune autorité politique, c'est donc un état pré-social, pré-légal.

Dans cet état, les hommes sont pleinementlibres, nul n'est par nature soumis à l'autorité.

Les hommes sont égaux et ce principe d'une égalité naturelledes hommes est commun à tous les penseurs de l'école du droit naturel. Les inégalités naturelles n'expliquent pas l'invention de l'idée d'égalité - L'égalité est un conceptmoral, fondé en raison.L'homme est un être perfectible et le passage de l'état de nature à l'état civil en est la garantie.. »

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