Est-ce par son travail que l'homme prend conscience qu'il a une histoire?
Publié le 01/10/2012
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II.
Conscience et histoire
Comment l'être humain peut-il prendre conscience de son histoire (c'est-à-dire du fait qu'il vit dans le temps: de son historicité)? • en comparant sa situation individuelle présente à sa situation antérieure: ce qui a changé est bien dû à son travail; • même constatation sur le plan collectif -et ce dès les débuts de l'humanité.
Le travail humain produit progressivement des traces de plus en plus massives: • modifications de l'environnement naturel, monuments, architectures,
documents matériels qui renvoient toujours à un état antérieur de l'humanité.
L'historicité ainsi inscrite dans la conscience n'est pas simplement assimilable
à l'histoire
comme mode de récit.
La conscience de l'historicité se formule, dans les sociétés traditionnelles, par les récits et mythes des origines; or, parmi ces
derniers, nombreux sont ceux qui racontent comment les premières techniques ont été introduites ou découvertes par l'humanité (cf mythe de Prométhée).
La relation entre l'activité laborieuse et la conscience du déroulement de l'histoire
(que celle-ci soit froide ou chaude) paraît bien universelle.
III.
Le travail suffit-il à la conscience de l'histoire?
-La notion de travail est souvent dotée d'une connotation négative (contrainte, aliénation ...
): • c'est d'ailleurs pourquoi on l'a longuement négligée en philosophie (sans
même admettre l'existence d'un travail intellectuel, dont fait pourtant
partie la philosophie), pendant que, parallèlement, on omettait de
souligner le rôle de l'histoire dans la définition de l'homme, préférant
admettre l'existence, à son propos, d'une essence obligatoire ct transhisto riquc.
Aussi peut-on être tenté de chercher d'autres voies d'accès à la conscience de l'histoire, plus'' nobles, en apparence, que le travail: • au choix: l'art, les phénomènes culturels, la science.
- On constate pourtant que ces autres secteurs de l'existence humaine impli quent tous l'intervention première du travail au double sens qu'il possède: en tant que transformation de l'homme simultanée à celle du milieu.
Conclusion
On doit admettre que, si l'homme a conscience de sa dimension historique, c'est
bien parce qu'il travaille d'abord.
On peut donc penser complémentairement que,
aussi longtemps que la philosophie a négligé la réflexion sur le travail ou en a mal
compris la portée humanisante, elle s'est par là même condamnée à ne pas saisir
l'importance de l'historicité de l'existence humaine: dans cette optique, essentia
lisme et méconnaissance
du travail vont de pair..
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