Est-ce par son travail que l'homme prend conscience qu'il a une histoire ?
Publié le 19/03/2004
Extrait du document
- Le sujet invite à dépasser l'idée banale que le travail permet de s'apercevoir ( = prendre conscience que) de l'existence de l'histoire, pour nous suggérer que le travail engendre et l'histoire et la conscience, en un mouvement dialectique, cad réciproque.
- Le travail est souvent présenté comme une servitude et l'expression d'une inégalité. Les salaires ne sont pas proportionnels au travail et la division du travail, de plus en plus complexe dans un système industriel de type capitaliste, engendre de nouvelles inégalités et opère de nouveaux partages. Pourtant le travail n'est pas seulement un moyen de survivance, coextensif à la culture, tout comme la technique qui le suppose ; le travail est une activité par laquelle l'homme se distingue totalement de l'animal. Mais est-ce bien par le travail que l'homme prend conscience de son histoire ? N'est-ce que par le travail ? Le travail, épuisant les forces de l'homme, n'est-il pas pour l'homme un obstacle à la prise de conscience de soi ? N'est-ce pas un paradoxe de vouloir penser le travail comme le moyen de prendre conscience de son histoire ?
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IV.
Le travail est la condition nécessaire, mais non suffisante pour permettre la prise de conscience del'histoire
1.
C'est le développement des sciences expérimentales qui est condition de la prise de conscience de l'histoire.a) La technique précède la science, elle est coextensive à la culture, mais l'homme technicien (homo faber)ne se pense pas nécessairement comme être historique.b) La science naît dans une culture précise (en Occident) ; on peut situer sa naissance aux xvie et XVIIe siècles(révolution copernicienne).c) La physique mécanique - mathématique - apparaît à l'homme comme le moyen de se rendre « maître etpossesseur de la nature ».
La science le situe dans la dimension de la découverte et l'homme se pense comme l'êtredu progrès.
2.
À partir du moment où la civilisation européenne peut rencontrer d'autres cultures, grâce au développementdes moyens de communication (fin xvie siècle), l'idée se fait jour que la nature humaine n'est pas une essenceimmuable, mais le produit de la coutume et de l'histoire.
3.
Si l'homme libre de la Grèce antique n'a pas conscience de l'histoire, ce n'est pas parce qu'il ne travaille pas.Le loisir dont il jouit n'entraîne pas forcément, comme le dit Hegel, l'oisiveté.
L'éthique du gouvernement de soi quiest la sienne suppose l'effort, l'ascèse.
C'est un véritable travail sur soi qui requiert, comme toute éducation, dutemps.
4.
A partir de l'exemple de la création artistique(dimension sociale de l'artiste, travail de l'artiste),on peut avancer que toute création, réalisée volontairement et en jouissant de la puissance qu'onéprouve en créant, peut permettre la prise deconscience de l'historicité.L'homme découvre son historicité au moment où il prend conscience que la culture, les rapports sociaux,consomment la rupture avec le milieu naturel.
L'avènement de l'histoire, c'est indissociablement la dénaturation del'homme.
Conclusion
Le travail sous la forme du travail aliéné ne permet pas à l'homme de prendre conscience de son histoire, puisque saconscience se trouve occultée par les fatigues et les peines des conditions réelles du travail.
Cependant letravailleur se trouve pris dans des contradictions telles qu'il est amené, avec tous les autres travailleurs, à défendreses droits.
Une telle lutte donne lieu à une prise de conscience de l'histoire ; on ne peut entreprendre cette luttesans croire à la possibilité d'une transformation ; par ailleurs on ne peut la mener à bien sans une certaineconnaissance de la façon dont les hommes ont lutté contre les oppressions.
Cependant la prise de conscience del'histoire par le travail n'est effective que dans certaines conditions.
Les hommes ne se rendraient pas vraimentcompte de leur historicité sans le développement des sciences et des techniques, grâce auxquels ils sereconnaissent comme des êtres de progrès.
C'est seulement dans certaines conditions sociales que l'homme peutpenser, avec Hegel, que le travail est le moyen de prendre conscience de son histoire..
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