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Est-ce le privilège de l'humanité d'avoir une histoire ?

Publié le 23/03/2015

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histoire

PLAN

Introduction : l'ambiguïté de l'expression « avoir une histoire « I — Avoir, être et faire l'histoire

a)   L'homme a une histoire, car il la « fait «, ou en est l'auteur b) Plus encore, l'être même de l'homme est historique

Transition : penser l'unité de l'histoire de l'humanité Il — L'avènement d'une histoire de l'humanité

a) Sens et valeur de l'idée de « peuples sans histoire «

b)  L'histoire de l'humanité commence avec l'avènement d'une civilisation proprement mondiale

c)                                   L'ambiguïté de cet événement et l'idée de l'histoire de l'humanité comme tâche éthique

Transition : comment y voir un « privilège « ? III — Le défi de l'héritage

a) Le privilège comme tâche ou charge b) Avoir une histoire suppose qu'on se l'approprie

Conclusion : l'appropriation de notre être même

histoire

« Dissertations 49 I - Avoir, être, et Jaire l'histoire a) S'il est possible de parler d'une histoire naturelle, le privilège de l'homme, ce qui le distingue, c'est de faire, ou au moins de contribuer à faire son histoire.

Autrement dit, si l'homme a une histoire en propre, s'il est un « animal historique», c'est que celle-ci est partiellement au moins son œuvre (cf.

Vico, Marx, etc.), qu'elle est le champ d'expression de sa liberté.

Doit-on pour autant penser celle-ci comme le privilège qui excepte l'homme du reste de la nature, de sorte qu'il serait comme un empire dans un empire (Spinoza), ou simplement comme l'indétermination de l'existence humaine, c'est-à-dire -dans les termes de Rousseau -comme la possibilité aussi bien de son perfectionnement (la « perfectibilité ») que de sa corruption ? b) Mais comme l'homme se constitue lui-même à travers ce «faire», et que cette activité d'auto-production n'est jamais possible que sur le fond d'un donné ou d'une situation qui ne relève pas d'un choix, et dans laquelle chacun est tou­ jours déjà jeté, il est encore plus juste de dire que l'homme est un être historique.

Ce qui le distingue, c'est l'historicité de son être même (cf.

Heidegger).

L'humanité nomme ce qui constitue l'humain, mais celui-ci n'existe pas isolément, de sorte que le fait d'avoir une histoire n'est pas le privilège des grands hommes ou des individus historiques.

L'historicité est en fin de compte toujours celle d'une société ou d'une culture.

Or l'« humanité » désigne précisément aussi la collectivité ou l'ensemble des hommes : peut-on aller jusqu'à parler d'une histoire de l'humanité en ce sens là du terme ? Il -L'avènement d'une histoire de l'humanité a) Ici, le présupposé est que, malgré la diversité des cultures, « l'humanité » est une notion claire ; or, en dehors du fait qu'apparemment cette notion n'existe même pas dans toutes les cultures, que penser de l'idée selon laquelle il y aurait des sociétés ou des peuples sans histoire (cf.

Race et Histoire de Lévi-Strauss)? b) Mais si l'on reconnaissait à toute culture son historicité, l'unité de ces histoires reste problématique ; tissée par l'infinité des histoires que peuples et individus, incessamment, racontent et se font raconter (cf.

Schapp), cette histoire ne reste-t-elle pas irréductiblement plurielle et imprévisible, de sorte qu'il faudrait plutôt parler des aventures de l'humanité ? Ou faut-il reconnaître que cette unité est aujourd'hui, à l'ère de la « communication » et d'une économie devenue mondiale, un « fait » accompli, de sorte que c'est seulement aujourd'hui que commencerait véritablement l'histoire de l'humanité ? Et de quel privilège ce fait serait-il alors l'expression ? c) Cette unité relève-t-elle plus que de l'universelle aliénation d'une civilisation dont on peut se demander ce qu'elle ad'« humain» (cf.

la dialectique des Lumières telle que la pense Adorno)? Change-t-elle quelque chose à l'idée. »

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