Est-ce la nécessité qui pousse l'homme à travailler ?
Publié le 10/01/2004
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En effet, s'il est clair que la satisfaction des besoins détermine l'homme au travail, et le détermine ici naturellement, il reste évident que le travail est aussi ce par quoi et -dans quoi- l'homme trouve l'occasion de la réalisation de son humanité.
A - LE TRAVAIL COMME MOYEN DE SATISFACTION DES BESOINS NATURELS
Il est clair que l'homme travaille d'abord pour vivre ou plutôt survivre. Être vivant, l'homme doit satisfaire des besoins vitaux, en particulier celui de se nourrir.Pour cela, s'impose à lui la nécessité de produire, par le travail, les conditions de sa subsistance. Ainsi va-t-il s'ingénier à transformer la nature dans un but parfaitement utilitaire, à gagner son salaire, c'est-à-dire le moyen même d'assurer sa subsistance.
B - LE TRAVAIL COMME LIBÉRATION.
Pourtant, si la nécessité contraint l'homme au travail, celui-ci peut néanmoins être conçu comme le moyen, pour celui-là, de s'en affranchir.En effet, en transformant, grâce à la technique et au travail, son environnement, l'homme peut parvenir à maîtriser les forces de la nature.
La question posée est celle des mobiles du travail : pour quelles raisons au juste l'homme travaille-t-il, étant entendu qu'il ne le fait pas nécessairement pour survivre ? De fait, c'est toute la question de l'homme qu'engage notre sujet, la question de savoir ce qu'il doit à la nature et ce qu'il doit à lui-même, soit encore à la culture. En effet, s'il est clair que la satisfaction des besoins détermine l'homme au travail, et le détermine ici naturellement, il reste évident que le travail est aussi ce par quoi et -dans quoi- l'homme trouve l'occasion de la réalisation de son humanité.
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même d'assurer sa subsistance.
B - LE TRAVAIL COMME LIBÉRATION.
Pourtant, si la nécessité contraint l'homme au travail, celui-ci peut néanmoins être conçu comme le moyen, pourcelui-là, de s'en affranchir.
En effet, en transformant, grâce à la technique et au travail, son environnement, l'homme peut parvenir à maîtriserles forces de la nature.
Construisant des digues, des ponts, l'homme au travail se libère des contraintes naturelles que lui impose son milieu.
La nécessité de se libérer de la nécessité propre aux lois de la nature, la liberté donc, est ici ce qui incite l'hommeau travail.
C'est dire, par conséquent, que la liberté est bien ce que l'homme peut gagner au travail pourvu que celui-ci ne soitpas aliénant.
En lui donnant l'occasion de mettre en oeuvre ses facultés intellectuelles, ses compétences physiques, sesperformances individuelles, le travail permet à l'homme de prendre conscience de lui-même, de se réaliser.
Le travail constitue, en effet, le moyen privilégié de l'objectivation de la conscience.
Face au produit de son travail,l'homme, en s'y reconnaissant, accède à la conscience objective de lui-même.
Prétendre ainsi que le travail libère, c'est se placer dans une perspective proprement humaine, qui consiste à mettre l'accent sur ce que le travailleur retire de son travail plutôt que sur le produit lui-même de son travail.Cette prise de position ne va pas de soi, parce qu'après tout le mot « travail » renvoie apparemment de façon indistincte à l'activité et au résultat de cette activité.
Le mot « travail » en français confond donc l'activité et le résultat, que les deux substantifs anglais « labour » et « work » distinguent.
Toute la question ici est bien de savoir jusqu'à quel point on peut appeler « travail » une activité qui n'a pas de résultat visible, comme par exemple l'entraînement d'un athlète ou d'un gymnaste : pour pouvoir dire que le gymnaste travaille, il faut que lanotion ne soit pas réductible au résultat, même si la perspective du résultat n'est jamais radicalement absente.Donc, tant que l'on prend le mot travail au sens de l'activité distincte du résultat, il est possible de maintenir laposition selon laquelle le travail est humain et libérateur.
Cette perspective est-elle pourtant longtempstenable ?
Tout l'effort de la pensée de Marx , se focalise sur cette question.
Au début du « Capital », et dans la lignée de l'optique hégélienne, Marx définit le travail en marquant la spécificité humaine de la notion, et endéfendant cet aspect.
La spécificité du travail, c'est de renvoyer àl'homme, parce que les activités animales en sont fondamentalementdifférentes : « ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avantde la construire dans sa ruche », explique Marx .
Il s'agit donc d'une activité consciente et réfléchie, qui présuppose une capacité à sereprésenter des fins.
Par le travail, l'homme extériorise ces fins, qui sontaussi les siennes : reprenant l'analyse de Hegel , Marx conclut que l'homme se produit lui-même, qu'il est le résultat de son travail, au sensoù, pris dans la sphère des besoins naturels, l'homme conquiert sonautonomie par son travail, en rusant la nature par l'intermédiaire de l'outil.Le travail est donc aussi fondamentalement technique : c'est l'évolutionde l'outil qui est le signe de l ‘évolution du travail.
Tant que ce sens de lanotion prévaut, le travail reste ce par quoi l'homme se libère des besoins.Mais qu'à l'outil vienne se substituer la machine, et cette humanité dutravail peut être remise en cause si on comprend le travail comme engluédans une certaine réalité, celle de son organisation.
Tel est le problème deMarx : il faut montrer comment le travail, proprement humain en lui- même, peut perdre cette humanité dans l'organisation capitaliste du travail.
Le « travail social » est le travail considéré par Marx dans le cadre de cette organisation.
Ce à quoi renvoie l'expression, c'est la division du travail, à savoir la répartition des tâches telle que l'organise une économieavancée.
Ce contexte social explique que le travail, de concret, devienne abstrait, et, de libérateur, deviennealiénant.
L'aliénation, c'est la dépossession du caractère humain du travail.
En quoi alors le travailleur est-ilaliéné ?
Dans la division du travail, le travailleur n'est plus qu'un salarié, il n'est plus qu'une marchandise qu'on achète ; son travail ajoute à ce qu'il travaille une valeur ajoutée, que le capitaliste divise entre son profit et le.
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