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Est-ce etre libre que de se soumettre au jugement d'autrui ?

Publié le 02/09/2005

Extrait du document

. Cela signifie que, derrière cette porte, un spectacle se propose comme « à voir », une conversation comme « à entendre ». La porte, la serrure sont à la fois des instruments et des obstacles : ils se présentent comme « à manier avec précaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de près et un peu de côté », etc. Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vue transcendante ne vient conférer à mes actions un caractère de donné sur quoi puisse s'exercer un jugement : ma conscience colle à mes actes, elle est mes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre et par les instruments à employer. Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elle est pure mise en rapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin à atteindre (spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de me faire boire par les choses comme l'encre par un buvard [...].             Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde. Qu'est-ce que cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans mon être et que des modifications essentielles apparaissent dans mes structures [...].

Au premier abord, se soumettre au jugement d'autrui semble contrarier sa liberté. En effet, se soumettre n'est-ce, de fait, abdiquer sa liberté ? Toutefois, cette première approche ne distingue pas une soumission passive d'une autre active et rationnelle. Cette distinction peut vous aider à problématiser le sujet dans la mesure où la soumission au jugement d'autrui est un acte de liberté seulement s'il est motivé par une décision rationnelle et libre. Si l'autre a raison et que c'est moi qui me trompe, admettre son erreur et se soumettre au jugement valide est un acte libre. Mais il s'agit de penser avec l'autre et non se laisser penser par lui. Dans ce cas, c'est moins à l'autre que je me soumets, qu'à la vérité. Le dialogue semble donc ici l'horizon commun de la vérité.

« « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreille contre une porte, àregarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul [...] Cela signifie d'abord qu'il n'y a pas de moipour habiter ma conscience.

Rien donc, à quoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier.Ils ne sont nullement connus, mais je les suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leurtotale justification.

Je suis pure conscience des choses [...].

Cela signifie que, derrière cetteporte, un spectacle se propose comme « à voir », une conversation comme « à entendre ».

Laporte, la serrure sont à la fois des instruments et des obstacles : ils se présentent comme « àmanier avec précaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de près et un peu de côté »,etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vue transcendante ne vient conférer à mesactions un caractère de donné sur quoi puisse s'exercer un jugement : ma conscience colle àmes actes, elle est mes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre et parles instruments à employer.

Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elle est puremise en rapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin à atteindre (spectacle à voir),pure manière de me perdre dans le monde, de me faire boire par les choses comme l'encre parun buvard [...]. Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Qu'est-ce que celaveut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans mon être et que des modifications essentiellesapparaissent dans mes structures [...]. D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.

C'est mêmecette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire [...] ; pour l'autre je suis penché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.

[...] S'il y a un Autre,quel qu'il soit, où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pursurgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence de l'autre.

» Sartre , « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306. Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaire est occupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cette conscience est alors entièrement livrée à lacontemplation du spectacle jusqu'à s'y fondre; elle est tout entière ce spectacle qu'elle regarde, elle est la série des actes motivéspar la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit, regarder).

Cette conscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce quisupposerait un recul réflexif): elle est rapport au monde sur la mode de la jalousie.

La conscience n'a pas de consistance proprequi lui permette de s'appréhender comme moi; elle se confond immédiatement avec toutes ces choses sur lesquelles elle s'ouvre. Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suis jaloux.

C'est alors(dans le cadre d'une expérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prend consistance (et par là-même aussi monêtre comme jaloux); elle n'est plus seulement une manière diffuse d'agir dans ce monde: elle est cette qualification de mapersonne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Je suis quelqu'un, je ne suis plus une pure ouverture sur le monde: on medétermine comme un homme jaloux (on me donne une " nature ”, je deviens " quelque chose ” sous le regard de l'autre (autrui me chosifie). Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suis dépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suis un curieux, unjaloux ou encore un vicieux. 2° L'autre comme médiation nécessaire entre moi et moi Pourquoi désirer ce q'autrui désire ? Pourquoi sommes-nous si sensibles au jugement d'autrui porte sur nous ? En fait, si je désire posséder l'objet mêmedont il a envie, c'est pour qu'il m'admire, qu'il m'estime.

Ce n'est que pour cela que je désire cet objet, et non pour lui-même, pour ses qualités propres, pourle plaisir qu'il me procurerait.

Mon vrai désir , c'est le désir de l'amour d'autrui.

Presque tous les désirs humains ont en réalité cette fin.

C'est ce qu'affirmeclairement Hegel : le désir humain fondamental n'est pas le désir de consommation de l'objet, le désir de plaisir, de jouissance physique, qui est aussi bien celui de l'animal, mais c'est le désir de l'estime, de l'admiration, de l'amour d'autrui, ou encore, comme le nomme Hegel , le désir de reconnaissance (le désir du désir d'autrui), cad le désir d'être reconnu par autrui comme un être qui a un valeur (qui est donc lui-même désirable).

Et cela médiatise le désir d'objet,objet dont la possession n'est qu'un moyen pour ramener sur soi l'envie qu'autrui lui porte.

Si je veux avoir de multiples objets, ce n'est pas pour le plaisir qu'ilsm'apportent directement, mais c'est pour tenter de capter et de détourner au profit de mon être la valeur qu'autrui leur reconnaît.

LA CON NAISSANCE DE SOIPASSE PAR LA RECONNAISSANCE D'AUTRUI.

SANS AUTRUI, POINT DE VÉRITÉ SUR MOI OU SUR LE MONDE. Le besoin et sa représentation sociale. « Dans la mesure où dans le besoin social, comme liaison du besoin immédiat ou naturel et du besoin spirituel de la représentation, c'est ce dernier qui est universel et devient donc prépondérant, il y a dans ce moment social le côté libérateur dans lequella rigoureuse nécessité naturelle du besoin est occultée, et où l'homme se rapporte à son opinion, qui est ici opinion universelle, et à unenécessité qui n'existe que de son fait : au lieu de rapporter sa conduite à une contingence uniquement extérieure, il la rapporte à unecontingence intérieure, à l'arbitraire de son choix. Remarque : l'idée que dans un prétendu état de nature où il n'aurait que des besoins naturels prétendument simples et emploieraituniquement pour les satisfaire les moyens qu'une nature contingente lui fournirait immédiatement , l'homme vivrait en liberté pour ce quiconcerne les besoins, est –même si nous faisons momentanément abstraction du moment de libération que comporte le travail, surlequel nous reviendrons ultérieurement- le produit d'une opinion erronée, parce que ce besoin naturel, en tant que tel, et sa satisfactionimmédiate ne seraient jamais que l'état où la spiritualité est enfoncée dans la nature, un état frustre et non libre, alors que la liberté nepeut résider que dans la réflexion en soi-même de l'élément spirituel, dans sa différenciation d'avec ce qui est naturel et sa projection enretour sur cette nature.

» Hegel, « Principes de la philosophie du droit », $194. Toute conscience cher che à se faire reconnaître d'autrui.

Et ce désir de reconnaissance passe d'abor d par la négation de l'autre.

« Toute conscience , dit Hegel , poursuit la mort de l'autre ».

Il s'agit non pas de tuer réellement autrui, mais de le supprimer en tant qu'opposé à soi et agissant contre soi, autrement dit de l'asservir.

Au terme de cette lutte à mort pour la reconnaissance, la conscience qui n'a pas eu peur de la mort, qui est allée jusqu'au bout dans le risque de lamort, prend la figure du Maître, tandis que l'autre qui a préféré la vie à la liberté, entre dans le rapport de servitude.

L'Esclave a perdu toute dignité.

Il n'est plusqu'un instrument, une chose aux mains du Maître qui l'a épargné et s'est réservé la jouissance.. »

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